Le destin d'Amina

Chapitre 6

A Grand Dakar, les choses ne s'étaient guère améliorées pour Amina. Depuis qu'elle avait été renvoyée par sa patronne. La vie devenait de plus en plus dur, la jeune femme n'avait trouvé aucun emploi. Tous les matins, après s'être occupée des tâches domestiques ,après avoir. conduit les enfants à l'école, elle se risquait dans la ville, le coeur gros mais déterminée. Elle faisait le tour des quartier.                          résidentiels ,frappait aux portes des villas .Mais personne n'avait de poste de bonne à lui offrir. Quand on  ne le renvoyait pas ,on lui demandait alors de laisser ses contacts au cas où ..

Amina soupirait, remerciait et rentrait bredouille. Mais le lendemain, elle reprenait à nouveau le chemin, toujours avec la foi. Un jour pourtant elle éclata brusquement en sanglots devant un énième échec.
Son interlocutrice, une dame apparemment compréhensive lui fit savoir qu'elle avait raté de près une place de bonne puisque le matin même elle venait d'en engager une . La dame lui remit quelques billets de banque, lui promettant de lui faire appel s'il se trouvait dans ses connaissances ,un foyer qui désirait engager une domestique. Mais Amina refusa poliment l'argent et prit congé .

Il sonnait seize heures quand elle arriva devant la porte de leur appartement,elle fouilla son sac à main à la recherche de sa clé. Mais elle n'eut pas le temps de s'en servir. De la pièce ,lui parvinrent les cris et les éclats de voix de ses enfants. Ousseynou et Assane ? Comment était-ce possible ? Pourquoi seraient ils à la maison ,à cette heure ci?
Aussitôt elle ouvrit la porte. Effectivement, c'étaient les deux jumeaux. En voyant leur mère, ils interrompirent leur jeu et coururent vers elle.

_Mais, que faîtes vous à la maison , mes petits chéris ? Leur lança t' elle.
Ousseynou leva ses grands yeux noirs vers sa mère. Il pensait qu'ils avaient fait quelque chose de grave. Car ,le ton d'Amina malgré elle ,était teinté de menace et de colère. L'enfant finit par lâcher.
_On nous a renvoyés

_Renvoyés ?

_Oui ,le maître à dit qu'on n'a pas payé.

_Tu veux parler de votre mensualité ?

_Oui maman.

Ses entrailles se mirent à bouillir. Elle dut s'appuyer sur une chaise pour ne pas tomber .

_Ils sont devenus fous dans votre école ou quoi?
S'écria t' elle. Nous avons payé votre mensualité depuis plus trois semaines. Et c'est votre père qui était allé payer.
Amina se dirigea vers la chambre à coucher. Les enfants, complètement perdus ,la regardèrent, partagés entre la tristesse et la colère ,l'envi de pleurer et le besoin d'être consolés. Même petits, ils savaient que le foyer était secoué par de graves ennuis et que leurs parents passaient tout le temps à s'entredéchirer.

Au même moment ,Malick arriva à la maison. Ivre jusqu'à la racine des cheveux, il cogna des pieds le battant de la porte, puis s'introduisit dans l'appartement. Amina était là, toute pensive ,assise dans un fauteuil. Elle avait le menton dans la paume des mains.
Malick fut amusé par cette présence inattendue. De la voir là,presque dans la même position que lui lorsqu'elle revenait du travail ,l'amusa aussitôt. Il tituba une danse d'ivrogne, fit mine de tomber et se reprit ,les dents en l'air.

_Ah ,tu... tu es là ? Hurla t'il. J'ai oublié que 'nous sommes tous deux dans la même situation, qu'il y'a maintenant deux chômeurs dans la maison.

Amina n'éleva pas le ton. Elle laissa passer quelques secondes et lui fit :

_ Tu vas accompagner les enfants à l'école demain?
_Pourquoi ?tressaillit aussitôt l'autre.
_Parce qu'on les a renvoyés aujourd'hui bien qu'on ait payé l'école.  
_Pourquoi c'est toujours moi qui doit aller dans leur école ?
Malick la regarda droit dans les yeux. Un sourire amer courut sur ses lèvres.
_Eh ben ,je ne voit pas pourquoi on se la tête, observa t-il. Si les enfants ne vont pas à l'école ce trimestre ci ,ils iront au prochain.

Amina se leva. Elle voulut crier ,hurler ,exploser ,mais la présence des enfants l'en dissuada. Elle se retourna les yeux vers eux ,le souffle presque anémié :
_Ousseynou et Assane allez dans votre chambre ! Ordonna -telle.
Les gamins ,sans attendre, disparurent en courant. Amina attendit un bon moment ,alla fermer elle-même la porte et revint au salon .
_Ils iront seulement à l'école le trimestre prochain, dis -tu?
Fulmina-t-elle à l'endroit de son mari. Comment peut_tu sortir une telle énormité ? C'est ça, l'éducation que t'ont donnée tes parents? Maintenant, s'il te plait , donne moi les reçus qui montrent que t'a payé ?

_Quoi ?
_J'ai dit de me montrer les reçus ...
Malick baissa la tête et prit la direction de sa chambre. Il n'avait plus l'air aussi enivré qu'il paraissait au début. On avait l'impression qu'Amina venait de le toucher à l'endroit où il fallait, là où il pouvait faire mal.
La jeune femme le suivit. Mais au moment de le rattraper l'homme se tourna vivement, avec une expression de menace.

_Tu commences à me les casser, femme! Oui, vraiment Amina tu me casse les pieds!
Sa voix avait tonné comme une explosion. Amina recula ,prise de peur. Elle recula comme si c'était un coup de poing qu'elle avait reçu en pleine poitrine.
_S'il te plaît reprit t_elle au bout d'un moment, donne moi les reçus ... Ne me dis pas que t'as dépensé l'argent pour autre chose... Pardon ,ne me dis pas ça.
Malick respira un bon coup et  détourna son visage. Amina comprit qu'elle n'avait plus rien à dire, qu'elle n'avait plus rien à ajouter. Tout paraissait maintenant clair dans sa tête. La jeune femme se mit à hurler.

_Qu'est-ce qui ne va pas Malick hein? Depuis que t'as perdu ton job ,tu es devenu un autre. Est ce que le fait de perdre son emploi signifie la fin du monde? Moi, aussi j'ai perdu le mien ,mais ça m'a pas rendu odieuse. Je ne peux pas croire que tu es sans coeur. Qu'es tu devenu, mon cher mari ? Dis moi.
Malick eut envie de répondre. Mais à quoi cela rimerait-il?
Il était déjà confus. Il se contenta de baisser la tête et de sortir de l'appartement, laissant sa jeune femme qui n'avait que ses larmes.

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C'est la fin de ce chapitre les amours n'hésitez pas à commenter .