Le destin d'Amina

Chapitre15

Deux semaines, cela faisait deux semaines qu'Amina avait accouché ,elle n'était pas sortie de l'hôpital car ayant eu un accouchement très compliqué le gynécologue traitant avait obligé de la retenir.

Pendant ce temps , Bibah avait récupéré les jumeaux pour les installer chez lui.
Les bonnes relations qu'il avait tissé avec eux l'avait convaincu de les avoir avec lui.
Tous les jours, il passait s'enquérir des nouvelles du bébé et échanger avec Amina.
S'acquittait des ordonnances s'il y'en avait , avant de repartir à ses occupations.

Amina ne comprenait pas qu'un inconnu puisse s'appliquer ainsi à s'occuper d'elle et de ses enfants.
Un inconnu que le sort avait voulu leur faire croiser et qui se dévouait à leur service, encore mieux que s'ils avaient été parents.
Parfois, elle se demandait si elle ne vivait pas dans un conte de fées.
  

*Ndéké niit gnou bakh gnagui âme ba taye.*

Les bonnes personnes on en voit pas tous les jours enhh.

Hier s'était la misère, la dépression, la persécution permanente ; aujourd'hui , la paix, la sérénité et surtout des gens qui la respectaient et l'aimaient.

Parfois quand elle repensait à sa vie aux côtés de Malick, elle se demandait si s'était elle-même qui avait subi ces différentes humiliations ou si c'était le fait d'un envoûtement.
Mais Amina ne voulait pas remuer ces mauvais souvenirs.
Elle' était dans de telles dispositions que, convoquer ce passé dans quotidien de manière récurrente , risquait de lui assombrir le moral.

_Je ne te remercierai jamais assez d'avoir hébergé les enfants pendant que je suis ici, lui confia-t-elle.

Bibah était assis sur une chaise, tout à côté d'elle. Il lui prit la main qu'il massa doucement:

_pas de problème, Amina. J'apprécie la compagnie des enfants.
Tout à l'heure, je suis passé dans le bureau du docteur, elle m'a dit qu'elle te libèrerait demain.

Amina attendit un moment et hocha timidement la tête.

_Où Iras-tu maintenant ? Reprit Bibah.

_Pourquoi cette question ?

_je vois que les enfants ont déjà dit beaucoup de choses.

_je vais me débrouiller je trouverai un emploi.

_Avec un bébé sur les bras et deux gamins entrain de courir les rues? Non , Amina , ça va être difficile pour toi.

_Je n'ai pas le choix.

_si Amina , t'as le choix

Un long moment de silence s'interposa entre eux. Bibah baissa la tête comme s'il craignait la réaction de son interlocutrice à la proposition qu'il voulait lui faire.

_Tu peux venir rester chez moi...
avec tes enfants

_Tu pense, mon cher ami, que ta femme accepterait que nous restons chez toi?

_Il n'y a pas de femme à la maison.

_Si elle n'est pas à la maison, elle se prépare sans doute à venir s'installer.

_Je n'ai plus personne dans ma vie depuis que celle sur qui je comptait  m'a quitté.

Amina marqua aussitôt sa surprise.
Comme si elle venait de découvrir un secret.

_je suis vraiment désolée, excuse moi.

_C'est rien, Amina. Alors , qu'est-ce que t'en dis ?

La maison est assez grande pour accueillir tout un village.

Il eut un moment de silence.
Amina leva son regard sur son bienfaiteur et lui répondit par un sourire.

                         ******

La Jeep de Bibah venait de s'arrêter dans l'entrée principale de sa villa.
Le gardien se précipita pour ouvrir la portière arrière du véhicule.
Ousseynou et Assane sortirent les premiers, heureux de montrer  à leur maman la maison dans laquelle ils vivaient.

Délicatement, Amina descendit à son tour en portant son bébé. Elle fut aidée par Bibah qui  lui portait le sac dans le quel elle avait rangée ses habits et ceux du bébé.
En pénétrant dans le salon, Amina fut traversée par une intense émotion.
Cette maison marquée par tant de goût et de luxe allait devenir son espace de vie permanent.
Elle avait du mal a y croire, tant de mauvaises nouvelles s'étaient accumulées dans sa vie au cours de ces dernières années.
Elle tenta de ne pas y penser, essaya de les rejeter loin dans les oubliettes de sa mémoire, mais les images de Malick, les cris et les humiliations dont elle avait été l'objet, resurgirent brusquement dans son esprit.
Elle n'entendait même pas les paroles de bienvenue que lui disait Bibah.
Celui-ci, lentement, lui tapota les épaules, pour la ramener à la réalité.

_C'est désormais ici ta maison Amina. Tu y vivras autant que tu voudras.
Elle le regarda , le souffle coupé. Un sourire fleurit sur ses lèvres.
Et Amina s'installa. Avec ses enfants et son bébé à qui elle donna le nom de Alpha en souvenir de son père.
Non pas parce qu'elle en avait gardé une image impérissable  mais parce qu'il lui paraissait commode d'établir un lien avec lui, puisque, après tout, c'est son sang.
De son côté Bibah se félicita d'avoir convaincu Amina et ses enfants d'avoir regagné sa maison.
Content surtout d'aider cette famille à  trouver un point d'ancrage.

Certes il ne se présentait pas comme leur sauveur, mais juste quelqu'un qui avait voulu leur donner un coup de pouce.

Mais ce à quoi il s'attendait pas, c'est qu'il se rendait de plus en plus compte que ce petit monde était devenu pratiquement sa famille.
Une famille à travers laquelle il découvrit ses talents de chef.

Le matin à son réveil, il allait dans la chambre de ses deux petits diables pour s'enquérir de leurs nouvelles , passait saluer Amina et le bébé., puis après, s'être apprêté pour le boulot, insistait,pour prendre le petit déjeuner avec tout le monde.
Le soir, c'était la même chose, le dîner réunissait tout le monde.
Et c'était devenu un rituel auquel tous aimaient participer. Puisque ses moments se révélaient très vite comme des occasions de discussion et de bon humeur.

L'autre  situation qui avait énormément évolué était celle des enfants.
Bibah avait décidé de les inscrire à l'école.
C'était une décision salutaire.
Les jumeaux ne devaient pas demeurer à la maison. Il fallait qu'ils rattrapent le retard qu'ils avaient accumulé. Car Pendant une année, pour raison de manque d'argent, ils avaient quittés les bancs.
Bibah, s'était lui même engagé à les conduire à l'école pendant un moment avant que les chauffeurs prennent le relais.

Mais lui même veillait à ce qu'ils fassent leur devoirs les soirs ou au cours du week-end. Les deux jumeaux suivaient les conseils de Bibah.
Mais Bibah ne s'arrêta pas là, de temps en temps , il suppléait Amina dans ses tâches de nourrice.
Comme donner à manger à Alpha junior, préparer le biberon et parfois, lui essuyer les gouttes de lait sur les lèvres. Amina le regardait avec étonnement et plaisir.