Chapitre 11

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Deux jours s'étaient écoulés. Au troisième, Amina s'était décidée. Elle passera à l'acte ,en ce jeudi 26 Décembre. Une date dont elle se souviendra.

Alpha ,lentement , tira les grands rideaux qui ombrageaient la fenêtre de la chambre de l'hôtel où il se trouvait, puis jeta un regard à l'extérieur. Il se rendit compte que le soleil qui d'habitude était éclatante' et éblouissante, manifestait à peine sa présence dans le ciel. Peut-être que l'astre du jour était-il déjà au fait de ce qui aller se passer dans les prochaines minutes.

Alpha s'approcha du lit qui occupait les 3/4 de la pièce et se glissa sous le drap. Amina , étendue de dos , la tête posée sur l'oreiller, le suivait. Depuis que tous deux étaient entrés dans la chambre, elle ne l'avait pas quitté du regard, comme si elle voulait s'assurer que tous ses gestes , ses mouvements n'étaient dirigés que vers l'acte pour lequel ils étaient là.

Non, ce n'était pas ça, L'AMOUR.
C'était comme une mécanique sexuelle. Une étreinte froide, sans engagement sentimental. Juste négociée pour être échangée contre l'argent. Ce n'était ni plus où moins que de la prostitution. Puisque c'était son corps, son pauvre corps de femme mariée qu'elle troquait contre des billets de banque ,contre 30millions de francs.
Alpha avait déposé l'argent sur la petite table qui se trouvait contre le mur d'en face. Les billets avaient été emballés dans un sac. Le jeune homme les lui avait montrés, tout en précisant que c'était le le gain promis.

Amina, condom, à la main ,se tourna vers lui et l'invita à l'enfiler. Alpha le saisit , l'examina pendant quelques instants comme s'il voulait l'extraire de l'emballage puis , brutalement , jeta tout dans le panier à ordures calé à l'angle du lit. Amina trouva curieuse cette attitude. Mais elle ne protesta pas.
Expirant bruyamment, le corps légèrement incliné vers la gauche., elle regarda son partenaire, l'esprit ailleurs. Elle se demandait comment et pourquoi elle avait pu accepter cette terrible épreuve.
Pourquoi et comment il fallait que c'est elle qui la subisse. La pauvreté ? La cupidité de son mari? Sa faiblesse à elle ou son amour de mère dont l'enfant était très malade?
Dans la vie il y'a des situations qui échappent à toute explication. Alpha s'approcha d'elle. Malgré l'odeur épicée de son parfum, malgré les mots rassurants qu'il murmurait, elle était tendue , tout son corps était devenu raide. Mais il fallait pourtant passer à l'acte. C'était pour ça qu'elle était là. Brusquement , les bras de Alpha l'encerclèrent. Elle crut ,un instant que le ciel lui était tombé sur la tête.
De l'autre côté dans le hall de la réception de l'hôtel, Malick attendait. Contrairement à son épouse ,il n'avait pas l'air préoccupé et anxieux. Il paraissait plutôt détendu le geste  sûr et posé comme un client qui attendait son banquier. D'ailleurs, il était calé dans un fauteuil, les jambes croisés, le nez plongé dans une revue.  De temps  en temps il levait le regard vers la porte de l'ascenseur pour voir surgir Amina.
Justement, la jeune femme apparut. Elle lui paraissait encore plus décomposée. La démarche lourde ,les yeux rougis par l'émotion, elle s'approcha de son mari et s'arrêta devant lui.

_Alors? Lui demanda-t-il.
Amina ne répondit pas. Peut-être pensait-il qu'elle sortait de chez un médecin ou de chez l'esthéticienne.
Malick mesura sa maladresse et voulut l'amadouer par un sourire de circonstance.
Mais Amina avait le visage fermé. De son aisselle gauche, elle sortit le petit contenant 30millions et le lui jeta. Il le happa aussitôt. Mais avant même qu'il ne l'ouvre , la jeune femme avait déjà franchi le seuil' de l'hôtel.
Les gens qui sortaient et entraient dans le hall, les remarquèrent à peine.
C'était un grand hôtel apparemment très sollicité avec un volume d'activité impôt, ce qui faisait qu'aucun client, ne s'occupait de son voisin.
Malick soupira comme s'il venait d'apprendre le décès d'un de ses proches, ouvrit le sac , y jeta un œil avant de sortir de l'hôtel.
Il devrait sauter de joie. Les 30 millions dont il avait rêver depuis une semaine, il venait de les avoir. Les 30 millions dont il disait qu'ils aller leur permettre de repartir de nouveau étaient dans ses mains. Mais il n'en ressentit pas une grande fierté. Au contraire. Il était partagé entre le doute, la tristesse ,la colère.
La colère de savoir qu'il avait été obligé de pousser sa femme au sacrifice incroyable. Mais il se rassurait en son for intérieur que dans peu de temps , cette histoire se confondrait au passé, s'effacerait sans laisser de TRACES dans leurs mémoires.

Le destin d'AminaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant