Chapitre 8

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Chez les Tall,les jours semblaient s'écouler avec le même train train sans que les habitudes changent. Le chômeur était toujours aussi insouciant, toujours aussi paresseux qu'un margouillat se prélassant au soleil. Souvent assis dans son fauteuil à lire et à relire les journaux, il accompagnait cette activité par la consommation de la bière. C'était à se demander s'ils s'intéressait vraiment aux offres d'emploi, ou si c'était un prétexte pour jouer au loto ou au PMU.

Soudain ,Amina rentra précipitamment dans le salon .Assane était dans ses bras et l'enfant paraissait plus pâlot que d'habitude.
La jeune femme se planta en face de son mari .
_ Malick ,le petit est vraiment malade ,alerta t'elle .
Sans lever le nez de son journal ,l'homme lui répondit.
_Donne lui des médicaments ou emmène le à l'hôpital.
_Mais ça coûte  de l'argent, les soins à l'hôpital.
Malick dirigea un regard impassible vers son interlocutrice .
_Et alors, qu'est-ce que tu veux que je fasse ?
_ Je ne sais pas moi... Tu peux acheter des médicaments à crédit dans une pharmacie du coin.
Ces propos déclenchèrent la colère de l'homme. Il se leva d'un bond ,sa respiration s'accélèra ,il tonna.
_Tu veux l'humilier ou quoi ? Que je me mette à me déshonorer à travers la ville sous prétexte que mon enfant est malade? C'est ça que tu veux pour ton mari?
Il  se rassit et reprit la même position, les pieds à nouveau posés sur la table ,le journal dans les mains. Amina ne pouvait plus parler. Dépitée par ce qu'elle venait d'entendre, elle sortit de l'appartement avec l'enfant.
Malick laissa passer quelques secondes ,se leva et alla se poster à la fenêtre du salon ,celle qui donnait dans la cour. De là ,il pouvait la voir et la suivre dans la rue, car le mur de la clôture  de la maison était bas et de la fenêtre, la vue se prolongeait assez facilement sur le goudron. Malick suivit sa femme pendant quelques instants. L'enfant à califourchon sur le dos,elle se perdit bientôt dans le lointain.
Il était maintenant seul dans la maison. C'était ce qu'il attendait. Assane ,le second jumeau était à l'école. Amina avait pris une nouvelle fois une partie de ses économies pour régler la scolarité des enfants.
Malick se dépêcha de fermer la porte à clé , se précipita dans la chambre  de sa femme et ouvrit son dressing. Il y 'avait, sur une des étagères, un tas de pagnes neufs avec des vêtements cousus. Certains étaient emballés dans du plastique transparent, d'autres sentaient l'odeur de l'usine.
Le mari d'Amina  avait déjà apprêté un sac. Il soutira plusieurs pagnes et quelques vêtements puis rangea le tout dans le sac. Maintenant il pouvait sortir avec. Les gens l'attendaient quelques part. Il n'avait pas de temps à perdre. Le sac sous le bras ,Malick avait pris une moto ,en route vers colobane. Arrivé au marché, il était descendu. Un débit de boissons avait excités ces pas.
Ici l'ambiance c'était l'ambiance habituelle. Des vendeurs par-ci par là.
A quelques mètres du marché, Malick entra dans une buvette. Des mains se levèrent pour le saluer. Il  se dirigea vers Jeanne (malienne) ,la propriétaire de la buvette. Une femme aussi grosse qu'une pamplemousse ,la poitrine opulente ,le cou charnu. Elle était entrain de couper de la viande.
_Bonjour ma soeur fit Malick.
_salut Malick répondit la dame mais retient le une fois pour de bon ,je ne suis ni ton amie ni ta soeur. Alors dit moi ce que tu veux.
A côtés ,des gens s'esclaffèrent. Malick fit mine d'être embarrassé et se rapprocha davantage, comme s'il voulait faire à la dame une confidence.
_Pourquoi tu te moque comme ça de moi ,lui murmura t-il. Tu ne sais même pas ce qui m'amène ici.          
_Alors pourquoi t'es venu? pour me rembourser?(Malick venait chaque fois manger les bons plats de Jeanne après il lui disait des "j'attends que mes locataires me paye le loyer et je te donnerai ton argent " grand menteur ce Malick""!!

_Non mais pour te vendre de jolis pagnes.
Jeanne fronça les sourcils et le regarda d'un œil suspect.
_Je ne suis pas une receleuse Malick releva t-elle. Je ne veux pas de pagnes volés.

_je ne vole pas et je ne t'ai jamais vendu de pagnes volés. Regarde!

Malick souleva le sac et le posa sur le comptoir. L'inclinant légèrement sur la droite il ouvrit la glissière de la fermeture de façon à ce que l'intérieur du sac soit découvert.

_Tu vois ma chère, jura t-il ,je ne te mens pas.

_Je ne vois pas très  bien' ,lui objecta Jeanne.

_ T'inquiète pas ,je vais les sortir.

Il plongea aussitôt la main dans le sac et en sortit les pagnes. C'était du wax (tissu) tel que les aiment les femmes africaines ,made in Hollande. Jeanne en tira un et en examina la texture.

_Tu sais ,appuya Malick en remarquant les yeux teintés d'admiration de son interlocutrice, ce sont des pagnes de qualité. Je les ai eus d'un de mes amis, homme d'affaires comme moi. Alors qu'est-ce que tu en dis ?

La grosse femme attendit un moment comme si elle réfléchissait à quelque-chose, puis se tourna vers Malick .

_Six mille!
_Comment?
_J'ai dit six mille !
_Toi aussi Jeanne! Comment peut tu vouloir acheter tous ces pagnes à ce prix?
C'est vraiment criminel de ta part .
Un sourire jaune se dessina sur les lèvres de la femme.
_Ah bon ? Je suis maintenant criminelle parce que je veux t'aider ?
_Non enfin....Ce n'est pas ce que je veux dire. C'est que...
Bon...enfin. Donne l'argent.

Au lieu de se réjouir des la proposition, Jeanne devint plutôt terne. La bouche nerveuse, elle lui lançant :
_Je ne te paierai plus que cinq mille .
_ Quoi?
_Cinq mille et l'affaire est close.
Malick marqua un temps de respiration ,puis, les épaules basses ,émit un long soupir:
_D'accord ,se résigna t'il ,donne le fric ...
Les pagnes étaient sur le comptoir. De ses bras , Jeanne les ramassa et vaqua à ses occupation.
_ L'argent ,ma soeur , tu ne m'as pas donné l'argent dit Malick.
La chaleur était reine dans la buvette. Malgré les brasseurs qui tournaient au plafond, Jeanne était en sueurs avec des tâches d'humidité qui s'élargissait sur sa camisole. Elle s'épongea  à l'aide d'une serviette qui pendait à son cou se nettoya les mains avec un torchon ,puis retira d'un tiroir un vieux cahier à couverture cartonnée. Les pages en étaient couvertes d'écrits ,des mots et des chiffres. Elle parcourut le cahier et s'arrêta en son milieu ,y inscrit quelque chose avant de se retourner à nouveau vers son interlocuteur.
_Maintenant ,décréta t'elle sur le même air farouche ,tu me dois désormais que quatre mille francs !
_Quoi ?
__ Oui  mon ami ,renchérit_elle ,maintenant que t'es allé un peu de tes dettes ,tu peux en contracter de nouvelles. Qu'est ce que tu veux qu'on te serve?
Malick inspira profondément. Il était presque sans voix, roula des yeux. Les clients continuaient d'arriver. Les bouteilles vides, telles des cadavre s'alignaient sur les tables. Les piquets de brochettes étaient déjà orphelins de viande qui les avaient garnis.
Malick aurait aimé se joindre à tous ces gens dont il était des venu familier à force de fréquenter le débit de boissons, mais il n'en avait plus l'énergie.
Tant les conclusions de son affaire avec cette femme étaient aux antipodes de ce qu'il attendait. Aucun franc à se mettre dans la poche. C'était à en mourir de rage.
__Bon , fit il  à la propriétaire de la buvette ,donne moi une bouteille de Flag!

Le destin d'AminaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant