Chapitre 9

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Alpha s'arrêta devant la maison des Gnonkondé. D'un pas vif ,il descendit de sa jeep et s'approcha du portail. La sonnerie, un petit tampon incrusté dans le mur, clignotant sous son nez. Il appuya dessus et attendit
Des bruits de pas, quelques minutes après , martelèrent le sol. Monsieur Gnonkondé écarta le battant du portail et apparut. Alpha salua l'homme avec un large sourire.
_C'est juste pour demander votre femme de ménage Amina , ajouta t_il tout en s'inclinant.
Monsieur Gnonkondé revenait du service. Il ne s'était pas encore entièrement déshabillé. Il avait ouvert le col de sa chemise ,en avait aussi retroussé les manches ,malgré la cravate bleue qui pensait jusqu'au niveau du nombril. La présence de ce visiteur impromptu lui parut suspecte.
_Vous êtes...? Lui demanda t_il.
_Alpha, monsieur ,lui répondit t_il. Et je suis l'un de ses amis.
_ Désolé, elle n'est plus ici.
Le visage du jeune homme devint aussitôt sombre.
_ Vous pourriez me donner sa nouvelle adresse?
_Son adresse? Voilà qui est bien curieux , tu es son ami et tu ne sais pas où elle habite ?
Alpha sourit et se vit obligé de lui expliquer la situation.
_Il y a quelques jours, commença t_il , je l'avais rencontrée et l'avais ramenée à la maison. Elle m'avais dit qu'elle travaillait ici et je ne pensais pas qu'elle quitterait si vite son emploi. Aidez moi ,s'il vous plaît ,à la retrouver.
Monsieur Gnonkondé vit une ombre s'afficher dans son regard.
_ Je voudrais bien t'aider , jeune homme ,mais nous ne savons pas où elle habite , nous l'avons par un ami qui est actuellement en France.
_ Ça veut dire que vous ne pouvez rien pour moi.
_ Désolé  , jeune homme , je suis vraiment Désolé.
Un long soupir souleva la poitrine de Alpha. Tristement, il secoua la tête et recula d'un pas .
_Merci tout de même , monsieur.
_ Je vous en prie ,jeune homme. Et bonne chance.
Le jeune homme marchait maintenant comme un somnambule. Dans sa tête ,il lui semblait que cette femme , quoiqu'il fasse , se dérobait à ses intentions. Il ne savait pas pourquoi ,mais il avait l'impression que des obstacles s'acharnaient à l'éloigner d'elle ,comme si ,en l'approchant ,elle lui communiquerait des vibrations négatives. Mais lui , savait en son for intérieur , qu'il n'en était rien et il fallait , pour son amour_ propre, relever ce défi . Oui, comme en affaire , il avait décrété qu'il lui fallait absolument cette femme. Qu'il fallait la posséder. Dût_il fouiller tout Dakar , et même chaque centimètre carré du pays pour y arriver!!!

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Dans son appartement , Amina était loin de se douter de la ferveur qu'elle avait suscitée chez Alpha. Depuis qu'elle l'avait rencontré , elle ne pensait même plus à lui. Tout le souvenir qu'elle   avait de Alpha se résumait à leur clash inattendu au supermarché.
D'ailleurs, elle n'avait pas tardé a essuyer les conséquences de leur rencontre incidente. Des conséquences qui continuaient de déteindre sur elle même et sur sa famille. Même si , depuis lors , elle essayait de s'en sortir , de trouver un emploi.
Ce jour là ,Amina était encore dans tous ses états. Et pour cause:elle n'arrivait pas à retrouver les nouveaux pagnes qu'elle venait d'acquérir et qu'elle avait rangés soigneusement dans sa garde robe .
Malick était, comme d'habitude ,en train de lire son éternel journal , affalé dans le sofa , quand elle entra dans la pièce.
_As-tu vu mes pagnes que ma soeur m'a ramené de Hollande lui jeta t-elle. Je ne les retrouve plus.
L'homme , comme à son' habitude , ne détacha pas le regard de son journal et se contenta de murmurer entre les dents.
_Cherche-les  dans la maison, ils doivent bien se trouver quelques part.
_Je les ai déjà cherchés partout. Je me rappelle les avoir rangés dans ma garde robe. Mais ils ont disparu.
Malick toujours  flegmatique, se cala dans son fauteuil et s'étira. Amina , devant lui ,se fit suppliante.
_Je te demande pardon , Malick . Dis moi où se trouvent ces pagnes et comment se fait -il qu'ils ont disparu.
C'était la phrase qu'il ne fallait pas prononcé.
_Tu peux répéter ? feignit-il brusquement de s'énerver tu veux insinuer que c'est moi qui ai volé tes pagnes? Comment peux-tu penser ça de ton mari. D'ailleurs...
Il se leva, jeta sue le sofa le journal qu'il lisait et se dirigea vers la sortie. Amina le vit ouvrir la porte et s'en aller. Elle ne tenta pas de le rappeler , ni même de le rattraper. Toute son énergie sembla envolée. Elle resta debout , le regard perdu dans le vide presque à bout de souffle. Les enfants eux , étaient en train de suivre leur programme télé.
C'était un de ces dessins animés ,que l'on diffuse longueur d'antenne. Amina se laissa tomber dans un des fauteuils du salon, la tête entre les mains, elle se mit à réfléchir à son infortune. Pas moyen de sortir de cette spirale de mauvaises surprises. Pas moyen se faire entendre raison à son mari. Pour elle ,il n'y avait pas de doute: c'était lui Malick l'auteur des vols qu'elle constatait régulièrement dans la maison. Son argent, ses bijoux et même les pagnes neufs que sa soeur lui avait envoyés. Mais que faisait-il de cet argent et de tous ces articles? Boire?Aller se divertir avec les femmes de petit vertu qui traînaient dans les bars?
Soudain , un courant d'air entra par la fenêtre et fit voler le journal que Malick avait laissé sur le sofa. Le journal voltigea une de ses feuilles se détacha et vint lui effleurer le visage. Elle la capta au passage , la prit et le rangea à nouveau dans le journal. Ce faisant , ses yeux se posèrent sur une annonce.
C'était un offre d'emploi. Lentement, elle prit un marqueur sous une pile de journaux entassés sur l'étagère et encadra la colonne. Un long soupir se dégagea de sa poitrine, puis elle se leva. C'était décidé. Elle allait tenter sa chance. Elle irait à cette adresse.

Le destin d'AminaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant