Your Voice - TERMINÉE

Mais je ne peux pas. ( Eren )

- Eren... Tutoies- moi.
- "Non, ce n'est pas bien... tout cela n'est pas bien, tout cela n'est vraiment pas bien. Je suis en même temps très heureux de plaire enfin à quelqu'un et en même temps rationnel. Vous êtes mon prof. Mon prof okay ? J'ai dix ans de moins que vous. C'est énorme !"

Cet homme était rentré dans ma vie comme un ouragan. Il avait balayé mes secrets et forcé les portes que j'avais verrouillées afin de ne plus être brisé. Cet homme... Je le détestais autant que je pouvais l'aimé. J'avais autant de peur que de confiance en lui. Je le trouvais aussi froid que très gentil. En bref, tous les sentiments que je pouvais avoir envers n'étaient que paradoxalement opposés.

- C'est... Je sais, c'est bizarre, je n'ai jamais éprouvé ça pour personne d'autre, alors je suis un excité à l'idée de connaitre ce nouveau sentiment... Osa-t'il me répondre.
- "Vous vous rendez compte de ce que vous dîtes ? Écoutez... Je ne pense pas devoir vous donner de leçons, mais, dans la vie, c'est interdit les relations entre prof et élèves ! Vous me sortez que vous avez des sentiments forts pour moi, dois-je vous rappeler que cela ne fait que quelques jours que vous et moi nous connaissons ? Vous n'allez quand même pas me la faire à la "C'est ce qu'on appelle le coup de foudre", non parce que là je me roule par terre ! Ça n'existe pas ! Il essaya de parler, je le stoppa d'un signe de main. Non, laissez moi finir. Il faut arrêter ce petit jeu maintenant, ou alors, les ennuis arriveront très vite. Tout le monde se connait dans ce lycée, ce n'est pas comme dans les grandes villes où il y a neuf classes de quarante élèves par niveau. Les rumeurs se propagent plus vite que du lierre, et noie une personne plus vite que l'eau. Je vous jure, c'est flippant. Alors pour votre job et pour ma scolarité, je vous en supplie, ne m'approchez plus jusqu'à la fin des vacances. Je n'irais plus en cours pour les deux jours qu'il reste, et je n'irais pas non plus aux cours d'Hanji. Ne venez plus ici non plus. Je vous en pris."

Le silence s'installa entre les quelques décimètres qui nous séparaient. Il n'avait pas l'air offusqué par le tissu de mensonges que je venais de lui congédier. Oui j'ai mentis. Parce que je ne veux pas être séparé de lui. Mais, ce qui est vrai, c'est que je ne crois pas au coup de foudre. Je pense juste que, comme c'est la première fois que je rencontre une personne du même bord que moi, je "m'excite" un peu trop vite, pour reprendre ses termes. Mais il faut être cohérent et mesuré l'ampleur des conséquences.

Je ne suis même pas sûr de vraiment éprouvé de "l'amour" pour lui, puisque je n'ai jamais ressentis pareil sentiment. J'ai passé la nuit à essayer de comprendre, analyser, prévoir, chercher une solution... Et c'est la seule chose qui m'a parut logique : la distance et l'abstinence sont deux briseurs de couples, alors autant prévenir que guérir et les utiliser maintenant. Ça devrait nous passer plus vite qu'on ne le croit. Levi rompit le silence.

- Gamin... T'as raison. Je n'en dirais pas plus. Néanmoins, ce n'est pas à toi de te priver, alors que c'est moi le fautif. Alors cet après midi, tu as interêt à aller à l'école. Tu n'auras pas à te soucier de moi, je te promets que je me déclare malade pour les deux jours à venir. Enfait, c'est déjà fait. Et je ne retournerais pas au cours d'Hanji avant la reprise de l'école. Par contre, j'irais à la patinoire dans les heures publiques. Voilà, c'est tout ce que j'avais à dire. Je n'imaginais pas qu'un jour, un gamin de 14ans me remettrais à ma place. Et tu as raison sur toute la ligne. Sur ce Eren, passe de bonnes vacances et repose toi bien. Va aussi voir ta mère, et ta soeur, elles s'inquiètent beaucoup. À la prochaine.

Il me signa un "au revoir" et partit de ma chambre. Je ressentis un pincement au coeur. Qu'est ce que je venais de faire ?? Je m'écroula sur le lit, la tête dans les mains, et je sentis un liquide chaud dégouliner le long de mes doigts, qui s'écrasa dans la seconde sur le parquet de ma chambre. Au bout de 5min, mes mains étaient trempées, et mon esprit en vrac. Le noir complet. Plus aucune pensée. Je ne voulais plus penser...

*

L'après midi, je me rendis donc au lycée, personne ne me demanda rien, je passais encore inaperçu. Sans Levi, je n'ai plus aucune envie de rester là. Je n'ai plus ce petit sentiment de "Est ce que je vais le voir ?" . Et pourtant, j'espère encore. Comme si il pouvait surgir d'un couloir, d'une classe... Raaaah ! J'ai envie de lui. Mais je ne peux pas. C'est horrible de se dire ça ! On a beau dire que la mentalité change de plus en plus au niveau des relations homosexuels, ça n'en créé pas de nouveaux. Surtout de mon âge. Peu s'affirme. Même moi j'ai du mal à le dire, parce que un muet gay, y'a de quoi avoir pitié.

La journée se termina sans apparition de Levi, c'était à prévoir. J'attendis Mikasa devant mon lycée, elle se faisait une joie de me revoir en forme. Enfin, c'est ce que je lui avais assuré pas sms. Quelqu'un s'approcha de moi, je levais les yeux, m'attendant à voir Mikasa. Mais, je tomba nez à nez avec ...

- Hey Eren ! Ça va ?
- "Farlan ? C'est vous ?"
- Comme tu le vois ! Il me sourit de toutes ses dents.
- "Je ne m'attendais pas à vous voir ... ici ?"
- Oh, ça, c'est rien... je dois juste régler... Deux trois petites choses dans ce lycée ! Tu attends quelqu'un ?
- "Ma soeur"
- Elle est dans ce lycée ?
- "Non, dans le collège un peu plus loin..."
- D'accord ! Je vais te laisser alors !

Mikasa arriva comme une ombre derrière lui, puis lui lança un regard noir que seul moi pouvait voir. Farlan n'avait pas encore détecté sa présence.

- Bonjour. Fit-elle sur un ton très grave. Farlan sursauta et se retourna.
- Oh ? Tu m'as fait peur ! Tu dois être sa soeur... Il devint nerveux.
- Oui, nous devons y aller Eren. J'hochais la tête, ce n'était clairement pas une question.
- Alors... bonne soirée ! Au plaisir de te revoir Eren !

Je lui rendis son sourire et lui signa "au revoir", mais je fus vite happé par la force de Mikasa qui m'entraina loin de lui. À la première rue, quand je fus sûr que Farlan ne nous voyais plus, je forçais sur mon bras pour m'échapper de la prise de ma soeur.

- "Hey !! Mikasa !! Mais enfin, qu'est ce que tu as ??"
- C'était qui ?
- "C'est... Je l'ai rencontré dans le bus. Il parle la langue des signes couramment. Il est gentil ! Tu n'avais pas à lui parler ainsi !"
- Et qu'est ce que tu en sais qu'il est gentil ?
- "Je le sais, c'est tout."
- Et bien moi je vais te dire, il ne m'inspire pas confiance. Celui de ce matin avait l'air beaucoup plus vrai que lui.
- "Ne parle plus de Levi."
- Oh, je vois, tu fuis encore.
- "Tais- toi ! Tu ne peux pas comprendre !"
- Biensûr que si je peux. Je sais très bien que les femmes ne t'intéressent pas. Et je connais aussi tes goûts ! Tu te renfermes, tu ne laisses personne accédé à tes sentiments ! Ce n'est pas comme ça que tu iras vers l'avenir ! Tout ce que tu fais, c'est ressasser le passé, tu es prisonnier de lui ! Prends en conscience !
- "Tu dis n'importe quoi !"
- Je ne dis que la vérité ! La preuve irréfutable est ta mutité !

Elle en avait trop dit. Je ne l'avais jamais vu aussi énervé, et je ne m'étais jamais autant fâché contre elle. Mais elle savait. Elle savait qu'elle avait touché un point sensible. Et elle ne s'en voulait pas, elle restait droite, me fixait, et ne bronchait pas. Je craquais. Je lui tourna le dos et partit en courant jusqu'à la maison, les yeux humides. Je l'entendis me crier une dernière fois :

- Ereeeen ! Ouvre les yeux !! Le passé est passé ! Ils ne reviendront pas ! Cesse de fuir Eren ! Cesse de poursuivre ton passé !

Je n'entendis pas la suite, qui fut étouffée par le vent qui se levait. Un vent glacial qui sécha mes larmes. Un vent glacial qui cacha la tristesse des mots de Mikasa. Un vent glacial qui s'abattait sur toute la douleur du monde. Un vent glacial qui pétrifiait mes membres et mes organes... Puis enfin, une pensée d'une chaleur extrême vint s'opposer à ce vent. Une chaleur procurée par un son, une odeur, un sentiment, une image, une main, des lèvres, un visage... Le visage d'un homme. Le visage de cet homme. Le visage de Levi.