Chapitre 1 : Retty et Fy

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Un doux filet de sable chaud roulait sur le parquet sec, emportée par une délicate brise. Une mer d'un bleu infini s'étendait à l'horizon depuis les falaises robustes du biome mesa, où une petite maisonnette en bois d'acacia s'y tenait. Fy dégustait sa part de tarte à la citrouille, admirant les ombres ondulantes des arbrisseaux morts devant le lever de soleil. Retty somnolait encore. Fy décida donc de partir faire une petite visite à ses parents, habitant dans la savane voisine. Elle grimpa sur son cheval à la robe obsidienne, emporta plusieurs parts de tarte et partit au galop descendre la falaise. Il devait être midi lorsqu'elle arriva à destination. Une maison en bois était suspendue à une montagne difforme où des acacias tordus poussaient de manière aléatoire. L'endroit semblait magique. On remarque bien qu'un sorcier vit ici. Elle escalada la montagne voisine puis emprunta un pont suspendu pour enfin arriver devant la porte de la maison étrange. Elle pénétra sans toquer et découvrit sa mère, Fersa, adosser sur une chaise, les pieds sur une enclume, réparant une canne pêche paisiblement. Elle ne leva pas la tête à l'arrivée de Fy et continua à enrouler de la toile d'araignée sur son morceau de bois tout en souriant avec ses lèvres froissées par l'âge. La jeune fille se contenta alors de faire un rapide signe de tête et posa silencieusement le présent odorant sur une table. Fersa leva enfin la tête pour la fixer de ses yeux ridés :

« Tu viens nous voir beaucoup trop souvent Fy. Tu devrais amener Retty de temps en temps avec toi quand même. »

Retty n'était pas une personne qui avait l'esprit de famille. Elle se couchait aux aurores pour se réveiller l'après-midi et passait son temps dans des bibliothèques de villageois ou à visiter des vestiges du passé, cherchant désespérément des preuves sur la vraie identité de son père, Digar, soupçonné depuis bien longtemps d'être le Héros, ayant vaincu le frère de Notch et ayant délivré le monde des mains de Herobrine.

« Elle s'endort très tard le soir, je ne veux pas la réveiller pour partir » répondit soigneusement Fy, sans évoquer le côté aventurier de sa sœur ainée.

Elle bavarda quelques temps avec sa mère, parlant du beau temps, et de tout ce qui se passait en ce moment, puis emprunta une échelle usée qui menait sur le toit. De là, elle accéda aux épaisses cordes qui maintenaient la maison sur la montagne déformée pour enfin arriver au sommet du monticule rocheux. Comme elle l'avait deviné, son père Digar était assis en tailleur sur un petit tapis gris à l'ombre d'un immense acacia sans feuille. « Je me demande combien de sorts magiques a dû endurer cet arbre pour finir comme ça » songea Fy. Sans déranger son père, elle déposa à ses côtés une part de tarte orange avant de s'éloigner un peu pour le scruter tranquillement. Il était habillé d'une espèce de toge en peau et un foulard en laine coloré faisait le tour de sa taille. Des pattes de lapin pendaient à son cou et une petite barbe venait perturber la forme harmonieuse de son visage. « Et c'est l'allure du Héros que je vois devant moi ! » s'enthousiasma silencieusement Fy.

Elle regagna rapidement son cheval noir en glissant le long de la montagne, évitant avec grâce les rochers pointus et repartit chez elle vers le biome mesa. Elle arriva en fin d'après-midi à son écurie et y plaça son cheval, remarquant que celui de Retty n'était plus là. Elle marcha alors vers le bord de la falaise face à la mer. Un escalier camouflé dans le calcaire conduisait vers une mine abandonnée que Retty avait pris soin de dissimuler derrière de la végétation sèche. Fy passa sous une branche morte et entra à l'intérieur. Elle marcha un instant dans la pénombre, évitant les nombreuses poutres en bois et de vieilles toiles d'araignées, dévia sur un tunnel de minage optimisé où il restait encore quelques filons d'or. Peu à peu, la roche orange du biome mesa et les planches du mineshaft se changèrent en roche et en briques de pierre. Elle pénétra dans le stronghold soigneusement éclairé et s'orienta les yeux fermés dans le dédalle de pierre. Elle passa devant le portail du Néant encore allumé et enfin, elle pénétra dans une immense bibliothèque, sécurisée par des pièges à zombies et des portes en fer.

Sans surprise, elle y découvrit sa sœur jumelle, debout à côté de Wind, son cheval, devenu vert. Fy resta incrédule un instant sur le palier.

« Pourquoi ton cheval est devenu vert ?! » Beugla-t-elle.

Elle s'approcha de l'étalon et remarqua que la robe du cheval n'était pas verte, mais plutôt sa peau. Ses poils avaient disparu, sa crinière était grasse et ses côtes saillantes. Il s'agissait pourtant du même cheval, Fy reconnaissait nettement la tête de Wind. Aucun doute, le cheval de Retty s'était métamorphosé en un zombie docile. De plus en plus perplexe, elle scruta la pièce, découvrant des livres de magie ouverts. En regardant de plus près, elle remarqua que presque toute la totalité des livres de la bibliothèque parlaient de magie.

La naissance de jumeaux dans une famille de sorciers ne fut jamais un bon signe, car le pouvoir transmis par hérédité se retrouvait divisé par deux. Mais ici, seul Digar possédait la capacité à manipuler le mana. Seule une seule fille pourrait donc invoquer des sorts, mais sa puissance serait bien plus grande, rendant l'individu dangereux pour l'humanité. Toute l'enfance des jumelles de Digar fut une énorme période de doute pour la famille, mais là, aucun doute, Retty était la jumelle qui avait hérité des pouvoirs du père, ce qui explique que Wind se soit changé en zombie, et que Retty se cache de ses parents.

« Euh, je... euh... ah tu rentres bien tôt ! Balbutia la magicienne qui reculait doucement.

- Pas du tout, tu ne sais juste pas lire l'heure sans montre. »

Retty heurta le mur derrière elle puis resta figée sur place, les yeux écarquillés, les poignets tremblant.

« Tu ne vas rien dire hein ? marmonna Retty paniquée.

- Bien sûr que non ! tu me prends pour une vieille marâtre ou quoi ? »

Les jumelles échangèrent un regard complice avant d'éclater de rire. Retty passa le reste de l'après-midi à raconter toutes ses péripéties à Fy qui écoutait attentivement, caressant le dos putréfié de Wind qui retrouva ses poils immaculés une fois le soleil couché. 

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