Chapitre 10 : L'autre camp

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Une troupe composée d'une cinquantaine de soldats prit la route vers l'Ouest au petit matin, Digar et ses filles en tête. Ils quittèrent lentement la sécurité de la forêt de bouleaux pour s'aventurer au beau milieu de la plaine exposée où ils marchèrent jusqu'à arriver sur l'emplacement de l'ancien camp vers midi. Il n'en restait plus qu'un tas de cendres où des poutres en bois rebelles s'élevaient encore vers le ciel. Chaque soldat eut une larme de nostalgie mais rien de plus. La tête haute, ils passèrent devant dans un silence complet, faisant claquer les sabots de leurs destriers. Digar s'arrêta alors au beau milieu de l'ancien champ de bataille pour y repérer les traces. Il distingua clairement dans la terre retournée un amas de traces de sabots qui se dirigeait droit vers l'Est, continuant sur la prairie. Il remonta sur son cheval et reprit le trajet.

La lune brillait dans le ciel tel une fine griffure blanche sur la toison argentée. Le convoi avançait dans la pénombre au milieu de la clairière entourée de sapins. Ils virent alors à la limite des deux biomes un immense camp militaire où des tourelles s'élevaient de part et d'autre des remparts. Une autre tour beaucoup plus grande s'élevait au milieu, tel un château en bois. Dès qu'ils furent assez près, les gardes entourant la porte centrale hurlèrent leur présence avant qu'une petite patrouille de guerriers vinrent à leur rencontre. Un imposant minecraftien, moitié mexicain, occupait l'avant. Il s'approcha prudemment aux côtés de ses compagnons pour se planter devant Digar qui bonda fièrement le torse.

« Que faites-vous ici ? vociféra le métis. On vous a assez vue, partez !

- Nous venons en paix car je souhaiterais m'entretenir avec votre chef, riposta Digar.

- Un meneur qui vient avec autant de soldats ne présage rien de bon...

- J'insiste. »

Le moitié-Kévin hésita un instant avant de se retourner vers ses camarades à la recherche d'une issue. Voyant que personne ne réagissait, il déclara enfin :

« Nous allons prévenir votre visite à notre chef, restez ici pour attendre sa réponse. »

Puis il fit demi-tour pour s'éloigner vers son camp, laissant un soldat frêle sur place pour surveiller. Quelques minutes plus tard, la troupe revint pour confirmer leur demande puis les escorta jusqu'en face de la grande tour.

L'intérieur du camp était vivement éclairé par d'énormes torches. Retty et Fy furent surprises de ne voir aucun civile habiter derrière les épais murs. Il s'agissait ici d'un camp purement militaire. De grands hangars en bois de sapins servaient de dortoirs pour les guerriers, d'autres d'écuries ou encore de réfectoires.

Ils arrivèrent enfin en face de l'épaisse tour. Digar laissa ses guerriers à l'extérieur puis pénétra dans l'enceinte accompagné de ses deux filles. Un petit escalier longeait les murs en spirale pour atteindre l'étage du dessus. Ils les gravirent alors lentement avant d'arriver devant une gigantesque porte. Deux maigres serviteurs portant la chaîne au cou étaient postés sur les côtés de l'entrée. A la vue des visiteurs, ils les saluèrent poliment avant d'ouvrir les épaisses portes. Un tapis pourpre s'étendait sur le sol et montait sur un autel où se trouvait un beau trône tapissé d'or. Une vieille femme aux cheveux long gris y était assise, fixant les étrangers, cachée sous sa cape qui recouvrait ses yeux.

Digar tomba à genou à la vue de la minecraftienne :

« Fersa ! hurla-t-il. C'est moi Digar ! »

La femme indignée se leva de son trône pour toiser le meneur :

« Un peu de respect ! Je ne vous connais pas voyons ! »

Digar resta à genou les yeux écarquillés. Il semblait désormais implorer le ciel, les paumes levées vers le plafond.

« Mais chérie... c'est moi !

- Ce n'est pas elle, rentrons... » murmura Fy à l'oreille de son paternel en le tirant par le bras.

Mais lorsqu'elle se retourna vers la sortie, elle vit Retty figée devant la porte, ses auras de magie activée devant ses pupilles.

« Retty, que se passe-t-il ? » demanda Fy.

La sœur ne répondit pas. Elle s'avança lentement vers la femme puis vivement, elle invoqua une boule d'air inoffensive qu'elle lança sur elle. Celle-ci activa alors ses auras de magie instinctivement avant de dévier la trajectoire de la boule.

« Nom de Notch toi aussi tu utilises de la magie ?! » Cria Digar qui était au bord de la panique.

Retty sortit alors lentement son épée en fer avant de la pointer sur la meneuse.

« Herobrine montres-toi ! » s'époumona-t-elle en tremblant de peur.

La femme baissa alors sa cape, laissant apparaître des yeux si luisants qu'ils éclairaient toute la pièce. Ils virent alors le corps du légendaire Herobrine sortir lentement du corps de la vraie Fersa comme un esprit terrifiant. Celui-ci flotta dans les airs avant de venir se planter devant Retty.

« C'est donc toi la progéniture du Héros... » susurra-t-il de sa voix inhumaine.

Retty lança un regard inquiet à Digar qui hochait lentement la tête comme pour dire « A ton tour de le vaincre ».

D'une voix forte, elle cria de toute ses forces :

« A nous deux ! »

Elle fit alors demi-tour pour descendre les escaliers à une vitesse phénoménale, suivit de très près par Herobrine. Poussée par l'adrénaline, elle utilisa un sort puissant pour s'envoler dans le ciel. Elle attira alors le démon vers un endroit dégagé au milieu de la taïga. 

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