Son de cloche et horizon

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Ce matin, je ne me sentais pas d'humeur à reprendre le patin. Je saisis mon téléphone, auquel j'avais ajouté un PhoneCharm. C'était un petit chat, offert par les YuriAngels. Elles voulaient que je leur fournisse des informations sur leur idole, alors que moi Même je n'étais pas sûr de bien le Connaitre. Quand je l'avais invité sur le toit ce jour là, je me rappelle lui avoir proposé mon amitié, et je me rappelle sa surprise, son visage si expressif. Il était tellement plus petit que moi, tellement plus mignon et tellement, mais tellement plus doué. C'est un peu près tout ce que je savais de lui.

Oh mais... Je devais l'appeler ! On devait se voir aujourd'hui pour décompresser suite à la compétition. Je posai alors un pied par terre, puis l'autre, de la manière la plus lente et engourdie qui soit. Mais il était déjà dix heures et notre rendez-vous était fixé pour midi. Connaissant mon petit Yuri, il aura privilégié un foodtruck sympa a un restaurant chic, contrairement à Victor et son suiveur.
J'enlevai alors mon pyjama, et allumai l'eau pour prendre une douche. J'ai toujours aimé l'eau chaude, pour une raison que j'ignore, car en parallèle j'adore plus que tout la glace. Je m'habillai comme la première fois, le jour où j'ai adressé la parole à Yuratchka. C'était le nom que lui donnait son grand père, mais j'aimais tout particulièrement l'appeler de la sorte, juste pour le plaisir de le voir rougir. J'espérais juste qu'il reconnaîtrai ce fameux blouson, mais je le connaissais un peu trop pour espérer fortement.
Le clocher de l'église annonça onze heure. Je saisis le téléphone avant de voir que Yuri m'avait devancé de... 5 appels ?! Bon d'accord, j'avais peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. Je m'empressai de composer son numéro. Je le connaissais tellement bien qu'il était plus simple pour moi de taper les dix chiffres que de chercher son contact, même si ce dernier était le seul de mes contact A Etre En favoris.
"-A...allô Yuri ? Tu n'as rien ?  
-Tsss, pourquoi j'aurai quelque chose ? Tu me connais je suis bien trop fort pour Etre En danger.
-Tu m'as quand même appelé cinq fois En fait...
-ah cinq. Hem, bon je t'attend tu fais quoi ?
-J'arrive."
Il paraissait gêné d'avoir autant de fois prit son téléphone. D'après son Instagram, il était A notre point de rendez-vous depuis une heure. Je n'avais même pas cherché à Lui dire qu'il était en avance, parce qu'au fond j'éprouvais une immense joie en vue de son empressement. On était pareil lui et moi. Si je m'étais écouté, je serai déjà en bas de cette église depuis deux bonnes heures.
"J'arrive, Yuratchka"
C'est au pas de course que je rejoignis mon ami. Sa blondeur au soleil était encore plus frappante que le vert resplendissant de ses yeux. Il aurait eu une musculature prononcée et quelques centimètres de plus (et peut être un meilleur caractère), il ne serait pas célibataire en ce moment.
Assit sur un banc, bras écarté et l'air penseur, il rayonnait. Je détournai quelque peu le regard, sentant le fard piquer mes joues.
"Ressaisis-toi".
Je m'assis à côté de lui comme si de rien n'était, sans dire mot.
"-Pourquoi t'étais si long, Je commençais à m'inquiéter.
-Tu... T'inquiétais pour moi ?
-Euh, enfin, ce n'est pas le sujet, j'ai promis de Te faire découvrir un petit restau sympa.
-Oui c'est vrai, je Te suis. Tu veux qu'on prenne ma moto ? Elle est garée pas loin.
-Après."
Je n'étais pas totalement ignorant en sciences humaines, malgré ma liste d'amis pour le moins chaotique, et Je savais que ce dernier mot signifiait qu'il voulait m'emmener quelque part.
Sur le chemin qui menait au restaurant, nous marchèrent côte à côte, sans ne prononcer un seul mot, avant que Yuri ouvre la bouche.
"-T'as faim ?
-Oui"
Je savais que Yuri se fichait de Connaitre l'état de mon appétit, il voulait juste dire quelque chose. Je pense qu'il essaye parfois de nouer avec moi une amitié plus normale qu'elle n'était. Nous étions devenu amis grâce à notre ressemblance, et parfois, il enviait ces personnes capables de parler à leur ami de tout et de rien. Pour ma part, un échange de regard ainsi que deux ou trois mots échangés avec le cœur valent mieux qu'une longue discussion ennuyeuse sur la pluie et le beau temps. Néanmoins, cette tentative de discussion ne me laissa pas indifférent, je ne sais pourquoi. D'ailleurs, il n'avait pas remarqué que ce blouson était celui que je portais le jour où nous avons nouer une amitié.
Comme prévu, son "restaurant" était en réalité un foodtruck. Nous commandâmes tout deux un burger américain, avant de se diriger vers la bécane.
"-Où veux-tu aller, Yuri ?
-J'sais pas."
Ce qui voulait dire "choisis". J'avais appris par cœur le langage de Yuri, je connaissais ses habitudes, ses goûts, son style... Mais pourtant j'avais cette impression, la même que celle de parler à un inconnu. Mais pas un inconnu quelconque, une personne que vous croisez tous les jours sans lui parler. Avec lui j'avais l'impression de toujours parler pour la première fois. Une fois son repas avalé, il monta sur le siège arrière de ma moto, s'accrochant au rebord sous ses cuisses. Ma première impression fût la déception, comme si tout mon être voulait qu'il s'accroche à moi, puis vint ce sentiment de rapprochement, car son expression s'était radoucie depuis quelques heures.
Je roulais. Le compteur affichait 100 km/H, voir plus. Le regard fixé sur l'horizon je savais parfaitement où j'emmenais mon compagnon de voyage. Un endroit, qui ne ressemble Ni à une patinoire, ni A Katsuki. Il voulait se changer les idées, ne plus penser au patin pendant quelques jours, et ainsi oublier l'autre Yuri. Je le soupçonnais parfois de le jalouser, par rapport à Victor. Plus j'imaginais Yuratchka aimer Victor, plus mes mains sur le guidon se resserraient. 150,160,170 km/H. Il y eu un choc, se qui poussa mon passager à enrouler ses bras autour de moi. Il avait eu peur.
Enfin arrivés, j'arrêtai le moteur pour poser le pied par terre. Yuri leva les yeux vers moi, puis piqua sa crise habituelle :
"-QU'EST CE QUI T'AS PRIS ?
-Je...voulais arriver plus vite, tu avais l'air de t'ennuyer. Calme toi.
-Mouais, t'as ptetre raison, c'est où ton endroit ?
-Juste là, lève la tête"
J'avais osé prendre sa tête dans ma main pour la lever En direction de la falaise. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale, le rouge couvrait mon visage. Yuri, se retournant, me dit naïvement :
"Ota, ça va ? Je Crois que t'as attrapé un coup de soleil."
Une chanson me revint en tête suite à cette phrase, une chanson Française.
Nous commencèrent à monter en direction de la falaise. Yuri avait mal au pied; il n'eut pas le temps de finir sa plainte que, instinctivement, j'accouru pour le prendre sur mes épaules. Il rit. Ce jeune Garçon avait un rire doux, enfantin. Je me demandais même s'il avait oublié de muer, si sa voix était rester A l'identique que pendant son enfance. L'enfance de Yuri se composait surtout de son grand-père, si bon cuisinier d'après ses dires.
Essoufflé mais heureux d'avoir monter cette colline, je m'assis pour observer le ciel. Lui préférait rester derrière, à regarder un oiseau. Deux heures passèrent. Nous avions déjà passé une heure sur la route, trois dans la ville. L'automne était déjà bien entamé, et le soleil ne tarda pas à se coucher. Les nuances oranges troublées de rose me plongèrent dans de profondes réflexions artistiques, si bien que je n'entendais pas Yuri bailler. Faisant mine de rien, il vint s'assoir entre mes jambes, son dos poser contre mon torse. Sans réfléchir, je passai alors mes bras autour de lui, et nous restâmes ainsi pendant un long moment. Puis il me dit calmement :
"Je me rappelle de ce blouson, Ota"
Je Crois que je n'étais jamais devenu aussi écarlate. Malheureusement, le temps filait. Pourquoi chaque bon moment avait-il une fin ? Cette fin inéluctable arriva avec l'endormissement soudain de mon ami qui, gêné par un chant d'oiseau nocturne, se réveilla aussitôt.
Rougissant, il dit :
"-O...Ota, On peut rentrer ?
-Oui, il se fait tard."
Katsuki m'avait déjà parlé de cet air que pouvait adopter Yuri. Un air naïf, vulnérable. Je n'avais vu ce visage qu'une seule fois, le jour où nous sommes devenus amis. Ce soir encore, il avait su me charmer à ses dépens, c'était d'ailleurs bien là tout son charme : il ne savait pas qu'il était craquant. Je n'étais pas sensé penser cela, moi qui voyait Yuri comme un ami. Mais aujourd'hui il était plus détendu, plus serein et confiant.
Je le ramenais chez lui. Mais il s'était endormi sur la route, et je me voyais obligé de le porter jusqu'à son Etage. Je le pris dans mes bras, m'obligeant à ne pas regarder son visage d'ange plus de quelques secondes. Il était seul dans son grand appartement: il logeait encore dans l'immeuble des finalistes prêté aux participants du championnat. Je cherchai ses clefs dans sa poche avant de tourner la serrure. En le portant jusqu'à sa chambre, je me rendis compte de son poids; il était vraiment léger. Je le posai délicatement sur son grand lit avant de repartir. Mais au moment où je lui tournais le dos, une main me saisit le poignet.
"-Merci, Ota".
Même plongé dans l'obscurité, mon visage devait paraître pivoine.
Je ne savais pas ce qui me forçait à rester dans cette chambre. Je ne voulais pas passer pour un voyeur qui observait son ami dormir, mais son visage paisible m'envoutait. J'étais comme partagé, partagé entre l'irrépressible envie de le prendre dans mes bras pour l'embrasser, et le besoin de garder cet ami, mon seul et unique ami. Si je l'embrassait, m'éviterait-il ?
Alors je coupai la poire en deux. Je lui pris la main quelque temps, lui caressant doucement le bout des doigts pour ne pas le réveiller. Confus, je le libérais de mon étreinte avant de franchir le seuil de sa porte.
Arrivé en bas de chez lui, un sentiment nouveau frappait mon cœur. En premier lieu, le regret me dévorait. Rongé de l'intérieur, je me demandai si une telle occasion allait Un jour se représenter. Puis je réalisai : j'aimais Yuri. Pas comme un simple ami, je l'aimais comme Katsuki aimais Victor, je l'aimais même encore plus que Georgi aimait son ex petite amie. Je n'avais jamais penser au mot "aimer" autant de fois dans la même minute. Et s'il le découvrait ? Le connaissant il ne voudrait plus me voir, il me dirait que je le dégoûte, que je ne sais pas ce que je veux. D'abord je lui propose mon amitié, puis oublie ce sentiment balayé par un autre plus profond. Ô émotions nouvelles, pourquoi faut-il que vous soyez si contradictoires ?
Je ne résidais plus dans l'hôtel des finalistes. Une fois arrivé chez moi, je poussais un long soupire en enfonçant la clef dans la serrure. A peine un quart d'heure plus tôt, je faisais la même chose mais avec Yuri dans les bras.
Le sommeil fût difficile à trouver. Comme A mon habitude, je rêvais de patinage artistique. Cette fois ci, mon ami faisait partie intégrante d'un rêve irréel.
Mais ce songe sacré dû s'arrêter. Mon téléphone, réglé en mode vibreur, sonnait. Me frottant les yeux, je saisis l'appareil avant de lire : "Yuratchka, appel entrant". 

LE REPOS APRÈS LA FINALE ! (OTAYURI) [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant