Un réveil mouvementé

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Je ne me rappelais plus vraiment pourquoi j'étais là, allongé dans ce lit d'hôpital sans parvenir à ouvrir les yeux. Mais j'entendis la porte se fermer, et une personne ramasser quelque chose par terre.

Ce parfum, c'était Yuri. Il grommelait. Mais avant même de pouvoir ouvrir l'œil droit, grimaçant pour y parvenir, je sentis sa main prendre la mienne. Si délicat, si doux. Je me sentais comme un jouet cassé duquel il faut prendre grand soin, comme cet automate désarticulé qu'on laisse dans un coin sans jeter, par nostalgie. Mais Yuri ne pensait pas cela de moi, je l'espérais du plus profond de mon cœur.
Il se rapprochait. Il était si près... je sentais son souffle se mêler au mien, ses lèvres se rapprocher dangereusement des miennes.
Par réflexe j'ouvris les yeux, mais j'avais si peur de gâcher le moment que je ne dis rien.
Il s'arrêta net, et avant même qu'il ne s'excuse, j'agrippai sa chevelure d'or et posai ma bouche sur la sienne.

Nous entrouvrîmes nos lèvres, il mordait la mienne avant de la relâcher, de recommencer. J'avais l'impression de déguster un dessert sucré, doux et chaud à la fois. Je me redressais au fur et à mesure que notre baiser devenait plus intense. Lorsque je sentis sa langue sur la mienne, je laissai faire mes instincts, rendant l'ambiance presqu'animale, sauvage. C'était un véritable tigre que je sentais au dessus de moi. À mesure que nos langues tournoyaient, l'air devenait moite et nos souffles saccadés se complétaient dans une danse sensuelle et enivrante.

J'aurai voulu que ce moment ne s'arrête jamais, mais les pas affolés d'une infirmière raisonnèrent, mettant fin à la magie d'un premier baiser.
Il partit, me laissant seul avec le goût de ce moment encore gravé en moi.
Il partit, presque honteux. Je ne comprenais pas.

Le lendemain, je me rendis sur le lieu du rendez-vous donné par Viktor. Je savais bien quel était son plan, mais je choisis d'y aller tout de même, dans l'espoir d'y voir Yurio.

En fait, je ne le vis pas, il me rentra dedans. Ressentir son petit corps contre mon torse faisait remonter les souvenirs de la nuit dernière, me donnait envie de l'embrasser jusqu'au lendemain. Mais il se contenta de faire demi-tour. Rouge de colère, contre lui mais surtout contre moi-même, je détournai le regard. C'était injuste de sa part, mais c'était stupide de la mienne d'avoir pu penser que je l'intéressais : c'était simplement le moment, la fatigue.
Bien sûr, sur la glace, je n'étais pas concentré. Il était si beau lorsqu'il patinait, si gracieux, exalté. Son carré blond volait dans l'air au rythme de ses pirouettes effrénées, son odeur se répandait autour de moi.
Je fermai les yeux une seconde, une toute petite seconde dans le bref espoir d'oublier la nuit d'hier.
Quand je les rouvris, Yuri et moi étions dans la même situation que lors de ce moment qu'il avait l'air d'avoir tant détesté.

J'allais me relever, le repousser comme il l'avait fait à sa manière hier soir et ce matin. J'étais en colère et perdu. Pourtant, il se contenta de rester au dessus de moi, sans rien dire ni bouger. Une larme pointa au coin de son iris émeraude, une larme qui tomba sur ma joue. Il paraissait essoufflé et oppressé, comme sur le point d'exploser. C'était trop et trop tôt pour lui. Je ne voulais pas le brusquer.

Alors bien qu'il m'en coûta, je pris son visage entre mes paumes gelées et l'amena sur mon torse, serrant son corps fébrile contre le miens. Il resserra son étreinte, et bien que je ne sentais plus mes membres à cause froid, une vague de chaleur m'envahie.

Mais encore une fois, nous dûmes nous relever, interrompus par Viktor qui, après une crise de fangirl, nous dit d'une voix solennelle:

"J'ai quelque chose à vous annoncer..."

LE REPOS APRÈS LA FINALE ! (OTAYURI) [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant