Quand Yuratchka m'apprit qu'il s'agissait d'un simple selfie, je me liquéfiai. Comment avait-il pu agir avec tant d'immaturité ? Mais mon corps ne m'écoutait plus, et, les larmes aux yeux, je serrai le jeune adolescent dans mes bras. Je respirais son parfum comme si je ne le sentirai plus jamais, comme lorsqu'on serre quelqu'un qu'on voit pour la dernière fois. L'ultime soupir, dont j'espérais secrètement qu'il n'aurait jamais à pousser, m'effrayait. Ce petit blond craquant avait le don de m'inquiéter.
Puis vint les emplettes. Lorsque je dû lui choisir un vêtement, je ne pu résister à la tentation d'entrer avec lui dans la cabine. Essayant de rester stoïque, je passais ma main le long de son poitrail de sorte à lui enlever ce qu'il portait et lui enfiler son nouveau haut. Heureusement qu'il avait les yeux fermés, car je pense que mes sentiments seraient vite exposés au grand jour. Mais le T shirt lui plut et nous purent sortir du magasin. Je réalisai alors que je devais lui dire.
« -Yuratchka, j'ai quelque chose à te dire.
-O...oui ?
-Je... je pars demain pour la Russie. »
Il y eut un blanc, ce fameux moment de latence qui ne fait que monter l'angoisse, pousser le stress à son paroxysme. Qu'allait-il en penser ? Le regard dans le vide il me demanda juste « pourquoi ».
Alors je dû lui expliquer que j'avais été embauché dans une grande patinoire pour apprendre à des enfants les bases. Je ne savais pas comment lui expliquer que j'avais choisi la Russie alors que j'étais Kazakh. Mais par respect pour lui je dû lui en parler.
« -Je me suis trouvé un appartement au dessus de la patinoire, et je suivrai des cours dans une des plus prestigieuses écoles de patinage artistique. Tous mes frais seraient payés et...
-Je viens avec toi. »
De nouveau, un blanc. J'étais mitigé et beaucoup trop sonné pour répondre. Bien que de toutes façons il serait rentré en Russie tôt ou tard, je voyais bien qu'il souhaitait profiter d'être ici. A chaque sortie que nous faisions, je percevais un peu plus ses sentiments, ses émotions. Sur la glace il savait se montrer concentré, passionné mais ici il semblait heureux. Avant même que je puisse m'opposer, pour son bien, à sa proposition si spontanée, il reprit la parole :
« -Je veux voyager avec toi ».
Le vif aux joues, les larmes aux yeux, je détournai le visage. J'avais tant changé depuis notre rencontre, et c'était grâce à lui. Je le serrai malgré tout dans mes bras. Je sentis son souffle chaud contre mon torse, ses bras fébriles enroulant ma taille, et je vis une larme couler le long de son visage fin. Alors je me résignai. Si Yuri avait décidé qu'il m'accompagnerait, soit :il viendrait avec moi.
Le vol était prévu dans six jours : vendredi à 7h. Les journées passèrent et nous devînmes plus soudés que jamais. Jeudi soir, je reçus un SMS de la part de Victor :
« Yurio ne répond pas au téléphone. Dis lui que finalement on ne revient pas tout de suite, on part pour la Russie. »
Je paniquai. Si je disais à Yuri que Victor y serait aussi, il voudrait absolument le voir pour lui montrer ses progrès, lui rappeler qu'il avait battu son fiancé, son protégé d'une place. Je répondis poliment à Victor mais préférai ne rien dire à Yuri. Je m'endormis tant bien que mal et l'heure du décollage arriva. Nous étions assis côte à côte dans l'avion et je ne pouvais m'empêcher d'adopter une attitude coupable. Je restai de marbre extérieurement mais à l'intérieur, tous mes doutes me rongeaient. Je m'apprêtais à tout dire à Yuri quand il s'endormit sur mon épaule. Je fis un selfie avec lui, pour me venger de la fois où il m'avait fait venir juste pour ça. Je repensais à cette journée, son torse, son sourire, ses éclats de rire et puis cette expression éteinte dans la ruelle, quand je lui avais annoncé mon départ en Russie. Je lui remis une de ses mèches blondes derrière les oreilles. En relevant ma tête, je vis une adolescente d'environ 15 ans en train de nous observer. Contrairement à toutes les autres Angels (car oui ce ne pouvait qu'en être une : elle était habillée exactement comme Yuri le jour où il avait posté la photo de la statue), elle ne semblait pas attendrie de nous voir tous les deux comme ça. Son visage était grave et elle nous fusillait du regard, enfin non : elle ME fusillait du regard. Lorsque qu'il se posa sur Yuri elle fit une moue amoureuse, se mordant la lèvre inférieure. Heureusement, elle prit son téléphone, ce qui mit fin à cet intense duel de regard. Sur sa coque il était marqué : « Lucie x Yuri ». C'était certain : cette Lucie allait me poser de gros problèmes.
L'avion se posa enfin. Yuri, à peine réveillé, me proposa d'aller prendre un café à l'aéroport. Je lui dis de s'asseoir le temps que j'aille commander. Mais lorsque je revins, assise à ma place, se trouvait Lucie. Au début, je ne m'inquiétais pas : c'est vrai, Yuri restait neutre, voir en colère comme à son habitude. Mais elle lui dit quelque chose à l'oreille, et il sourit. Pris de panique je me précipitai vers la tablée et réclamai ma place. Elle se leva, fit un clin d'œil à mon ami puis partit, la mine légère. Je lui demandais ce qu'elle voulait. Mais au lieu de me répondre la vérité, il baissa ses yeux verts sur son chocolat chaud et dit simplement « elle était perdue ». Alors que je pensais que la situation ne pouvait pas se dégrader, je vis Victor, avec à son bras Katsuki. Yuri leva la tête de son chocolat pour venir le poser sur son entraîneur. Celui-ci, le sourire large, arriva à toute allure :
« -Yurio ! Alors, tu veux qu'on aille quelque part ?
-Qu'est ce que vous faites là ?
-Bah Otabek ne t'a pas dis ? Je viens ici avec Yuri pour lui faire profiter de nos patinoires. Ah mince !!! On se fera quelque chose bientôt, je dois y aller. »
Une fois éloignés, Yuri se tourna vers moi, le regard plein d'incompréhension.
Il se leva, avança vers la sortie. Je le suivais de mes yeux bruns et vis, l'attendant à la sortie, la jeune Lucie. Alors que je me levais pour les rejoindre, courant à travers l'aéroport, Yuri me fit un signe de la main, prenant dans l'autre celle de l'Angel.
Je restai là, planté au milieu de cette grande surface blanche : je perdais la notion du temps, de l'espace. Les gens autour de moi disparaissaient mais je restais là, immobile.
Il fallait que je les retrouve, il en allait de mon amitié avec Yuri.
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LE REPOS APRÈS LA FINALE ! (OTAYURI) [TERMINÉ]
FanficYuri Plitseski et Otabek Altin sont deux amis qui se ressemblent fortement. Malgré leur envie de lutter contre, ils se rapprochent. Que choisiront-ils ? Ne pas briser un lien d'amitié aussi fort, ou entamer une relation malgré leur rivalité sur la...