Aparte Partie 1

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Je quittai l'aéroport avec ce goût amer d'un acte inachevé, d'un pressentiment néfaste, d'une appréhension. Je tenais dans ma main celle de mon jeune fiancé. J'avais promis de l'amener en Russie pour qu'il puisse s'améliorer. Et nous avions croisé Otabek et Yurio.
Otabek paraissait décontenancé, et Yurio anxieux. Mon petit Yuri paniquait à l'idée qu'il puisse leur arriver quoique ce soit, aussi j'avais décidé de l'emmener au café où l'on servait, selon moi, les meilleurs "sbitegne"* de tout le pays.
Mais alors que nos lèvres étaient prêtes à se toucher, nous vîmes Yurio en larme. Il avait les poings liés et du sang aux commissures de ses lèvres roses. Je sortis en vitesse pour l'intercepter. Ce si petit être qui me tombait dans les bras me fit de la peine. Et j'avais peur pour lui, mais aussi pour son ami. Où était-il ?
Alors il s'assit à notre table deux minutes, nous comptant son histoire. Puis il se leva, nous sommant de venir chercher Otabek avec lui. Je regardai Yuri, qui avait déjà remis son manteau. Je pensais alors à quel point je l'aimais.
"-On reporte le sbitegne" lui dis-je.
Un regard, un hochement de tête, nous étions prêts.
Arrivés sur le lieu de l'accident, rien n'avait changé, à l'exception de la petite flaque d'hémoglobine qui décorait l'asphalte. Yurio recherchait déjà l'hôpital le plus proche.
J'embrassai alors mon Yuri, lui demandant d'accompagner son rival le temps qu'il retrouve Otabek. Je ne pouvais pas venir, je devais préparer l'appartement et prévenir Yakov que nous allions nous entraîner. De plus, Yurio et Yuri ne savent pas que j'ai tout fait pour qu'ils s'entraînent ensemble, car j'avais déjà vu dans le passer les bienfaits de leur collaboration. Néanmoins, si Yurio venait à l'apprendre il refuserait de venir, aussi la surprise devait être complète.
" до свидания**, Yuri et Yurio ! Je vous rejoins à l'hôpital !"
J'espérais au plus profond de moi-même qu'Otabek allait bien. J'étais anxieux, malgré les apparences.
Ce kazakh était la motivation de Yurio, depuis quelques temps. Il patinait pour lui, avec lui : bref, il se comportait comme mon Yuri avec moi. Si jamais il venait à perdre sa nouvelle motivation, son patinage serait affecté, et ses performances moins passionnées.

Cela faisait déjà deux heures qu'ils étaient partis, et je n'avais aucune nouvelle. Yakov était prévenu, et le rangement de mon appartement touchait à sa fin. Mais un coup de fil vint déranger mes pensées. Je m'attendais à voir s'afficher le numéro de Yuri, mais la seule chose que je vis fût une suite de nombres que je ne connaissais pas. Lorsque je décrochai, une petite voie fatiguée me répondit :

"-Nikirov. Katskuki, Yuratchka et le kazakh ne vont pas tarder à être ensemble. Je veux que tu les rejoignes. Une fois là bas tu me livreras Yuri.
-Qui êtes-vous?
-Je suis...
-Lucie. La folle de Yurio. Pourquoi ? En réalité, n'en dites pas plus. J'appelle la police.
-Je ne ferai pas ça si..."
Je raccrochai aussitôt. J'avais son numéro, et la police était désormais prévenue. Je doute qu'elle retourne auprès de Yurio après quelques temps derrière les barreaux.
Mais c'était rapide. Tout s'était passé trop rapidement. J'avais toujours cette peur au fond de moi qu'elle ne s'en prenne à Yuri, mon Yuri, pour se venger. Dans tous les cas, ma voiture était prête, et l'hôpital m'attendait.

Une fois sur place, je vis Yurio, les bras croisés, dormant assis sur une chaise et la tête au pied du lit d'Otabek. C'était adorable.
Je parcourais la pièce des yeux : aucune trace de Yuri. Où était-il ? J'entendais encore la voix de Lucie, sa menace que j'avais interrompue. Et si elle avait eu le temps de fuir avec Yuri ?
Je fis le tour de l'hôpital: rien. Toutes les infirmières et infirmiers m'avaient répondu la même chose : il avait suivi une jeune fille dehors.
Des larmes perlaient sur mes joues, et le froid environnant les glaçait sur mon visage, mais je m'en fichais. Yuri, Yuri où es-tu ?
Alors que le désespoir me rongeait, que ma main tenait mon téléphone, prête à appuyer sur le numéro de Lucie, j'aperçu le manteau bleu et noir que je connaissais tant, dans une ruelle isolée.
"-YURI ! YURI TOUT VA BIEN ?"
Il parut surpris de me voir, avant de faire un grand sourire. J'étais soulagé.
"-Victor ! Je suis tellement désolé de t'avoir inquiété, j'ai croisé Minako en chemin, et je voulais savoir ce qu'elle faisait en Russie. Elle ne m'a toujours pas dit la raison, et encore moins pourquoi elle ne voulait pas m'en parler près du monde.
-J'ai... j'ai suivi Victor..."dit-elle à voix basse.
Je restais abasourdi. Rassuré, mais abasourdi.
"-Les internes m'ont dit que tu avais suivi une jeune femme, je n'aurai pas pu envisager cette poss...
-PARDON ?! TU PENSES QUE JE SUIS VIEILLE C'EST ÇA ? LE GRAND VICT..."
Nous passâmes près d'un quart d'heure à la calmer, Yuri et moi. Une vraie furie.
Mais voir mon petit protégé rire autant me mettait du baume au cœur, et Lucie semblait hors-sujet désormais. Bien que la présence de Minako faisait beaucoup trop groupie à mon goût, elle n'était pas dangereuse et pourrait même aider Yuri d'avantage qu'elle avait pu le faire auparavant. Un timing parfait. Je pouffais de rire en pensant que, pendant que Yuri s'entraînera avec Minako, Yurio, lui, devra affronter Lilia.
Une voiture de police lancée à toute allure passa, et j'eu le temps d'apercevoir les mèches blondes de Lucie.
Demain, sereinement, nous pourrons enfin tous patiner. 





*Boisson chaude russe à base de miel, d'épices et de jus.
** Au revoir

LE REPOS APRÈS LA FINALE ! (OTAYURI) [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant