Le Grand Moment

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J'avais repris mes esprits grâce à Ota.
Et lorsque le concours approcha, nous étions fin prêts.
Après avoir longuement discuté de chorégraphie, Otabek m'avait remis mes patins. Deux jours sans monter sur la glace et j'étais déjà comme un lion en cage.
Yuri et Viktor s'étaient entraînés d'arrache-pied... littéralement. Lorsque que je vis Yuri dans les vestiaires, ses chevilles étaient rouges et il avait des bleus sur la jambe. À côté, Ota et moi y étions allés en dilettante. Mais je devais gagner.
Bien que j'avais dit à mon ami que j'aimerai aussi les voir heureux, nous avions discuté et conclu que le respect voulait que l'on se batte avec ferveur, sans aucune forme de clémence.
Viktor monta en premier sur la glace. Elle était fine et reflétait la lumière, mais assez dure pour supporter le poids de plusieurs hommes et le frottement endiablé de leurs patins. Mon ancien coach fit deux tours de piste, volant presque au dessus de la piste, avant d'être rejoint par Yuri. Ce binoclard se transformait totalement au contact de la glace. Ses cheveux lissé en arrière dévoilaient un regard sensuel, caché habituellement par de grosses lunettes. Ses gestes étaient plus sûre, sa posture plus assurée. Il rejoint son coach au centre du terrain gelé en lui prenant les mains. Ils étaient parfaitement coordonnés. Leurs mouvements étaient se faisaient fluides, comme un ruisseau descendant paisiblement le flan d'une montagne. Puis le rythme s'accéléra. Le ruisseau devint torrent. Un porté, deux portés... Yuri tomba au troisième. Viktor, imperturbable, se baissa avec une grâce dont il avait le secret et attrapa la main du japonais, qui se leva aussi vite qu'il était tombé, comme si de rien était.
Au total, ils avaient fait 3 erreurs et une chute. Ça avait beau être un concours local, les jurés n'en restaient pas moins intransigeants. Bien entendu, malgré un grand nombre d'erreurs, ils avaient battu les autres participants. Et notre tour arriva. J'avais envie de vomir, mais je ne devais pas décevoir Otabek.
Ota, Ota... je ne pensais qu'à lui, si bien que j'en oubliais certains de mes pas. Merde Yuri reprends-toi.
Tout me revenait en mémoire.
Ce coucher de soleil où j'ai rencontré Ota.
Sa performance en finale.
Cet échange dans la cabine d'essayage.
Ce trajet en moto, puis jusqu'à chez moi.
Et le...
Je revoyais le baiser à l'hôpital, j'avais encore son goût dans la bouche. J'en oubliais le concours, et, lorsque je repris mes esprits, je n'avais plus assez d'espace pour prendre de l'élan. Otabek le vit. Nous n'avions plus que deux options :  je tentais de sauter ici, et risquais la chute, ou Otabek reculais et une erreur de plus nous coûterait la victoire. Alors que je m'apprêtais à sauter et probablement à m'écraser, Ota s'élança vers moi, me prenant dans ses bras pour me lever vers le ciel. Ce n'était pas du tout la chorégraphie, mais au moins j'étais sûr de ne pas tomber. Il me reposa, et sans réfléchir je l'embrassai de toutes mes forces, de tout mon cœur et avec tout mon amour. Car je le savais aujourd'hui et son mouvement m'avait ouvert les yeux. Je l'aimais. J'aimais Otabek.
Bien entendu, Yuri et Viktor avaient gagné ce concours ainsi qu'un mariage, mais j'y avais gagné la délivrance d'enfin voir clair sur ma relation avec Otabek : je voulais plus.
Mais je vis, parmi les spectateurs, mon grand-père qui fronçaient les sourcils. Et puis, Otabek allait-il m'accepter ?

LE REPOS APRÈS LA FINALE ! (OTAYURI) [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant