Domini temporis [ sous contrat d'édition ]

Chapitre 3 - À la recherche d'indices

• • •

     Suite à cela, il y eut un grand silence de plomb. Tout le monde réfléchissait à une thèse plausible pour expliquer ce qu'il m'était arrivé dans ma chambre, avec mon miroir si étrange. Peut-être était-il magique ? Mais la magie n'existait pas pourtant... Soudain, Auguste commença à agiter son doigt, montrant qu'il avait une idée à laquelle on pouvait croire.

   –   Je crois que j'ai une piste...! dit-il sur un ton crescendo.

   –   Vas y Monsieur le scientifique, ramène nous ta science ! se moqua Flavie en levant les bras au ciel.

   Il marmonna, grognon. Eh oui, personne n'échappait à la moquerie dans cette petite demeure. Très silencieuse d'un coup d'ailleurs...

   –   Bien. Fanny, sais-tu quelque chose sur les anciens propriétaires ? me questionna alors Auguste en me fixant d'un air insistant.

   –   Justement. Je ne sais rien du tout d'eux. La maison était à l'abandon lorsque mes parents l'ont acheté. Tombant en ruine, le mobilier encore sur place... Comme si le temps avait été figé sur cette seule maison de l'avenue !

   –   Abandonnée tu dis ? répéta Flavie avec intérêt. Et tu n'as évidemment pas cherché à savoir QUI y avait vécu ? Et même ce qu'était cette maison avant ?

   –   Et bien, je n'en voyais pas l'intérêt, tout simplement, me défendis-je en levant mes yeux au ciel.

   –   Eh bien à partir d'aujourd'hui jusqu'à ce que tu trouves l'historique de ce bâtiment, on cherchera dans tous ce qui nous passera sur la main pour découvrir son passé !

   –   Internet, livres, vieux journaux, photos... Partout ! renchéri Auguste en se bondissant de sa chaise ses yeux pétillants d'un air enthousiaste.

   Ok... Super les amis : ils me rajoutaient du travail ! Comme si je n'en avais pas assez comme cela... Mais je voulais les suivre : quelque chose au fond de moi m'y invitait. Et ce depuis longtemps, pour apprendre ce qu'il s'était passé dans cette maison. J'ai toujours repoussé cette activité, mais je vais devoir dès maintenant l'attaquer de plein fouet. Mes amis repartirent alors les minutes suivantes et me promirent que, durant le weekend, ils commenceraient leurs recherches.
   Quand je pensais que ce devait être un simple anniversaire...

* * *

    La nuit fut ponctuée de rêves tous plus intriguant les uns que les autres. Je ne voyais que de brèves images, du genre une vieille rue aux beaux immeubles anciens du XIXème siècle au moins. Je voyais aussi des choses plus irréalistes, comme un paysage divisé en plusieurs couleurs, en quatre parties : rouge passé, jaune citron, bleu azur et vert pomme. Et je voyais cette... Boule de couleurs de haut, et des créatures bouger.    Aussi, j'avais vu quelque chose de beaucoup plus vraisemblable. Je m'étais brièvement retrouvée au milieu d'un village complètement dévasté, encore fumant. Au loin, j'avais ouï un grondement sonore, que j'avais traduis comme un orage, mais j'en doutais. J'en avais fait d'autres, de rêves, bien sûr, mais je ne m'en souvenais plus à mon réveil. Seulement ces trois éléments m'étaient restés, comme s'ils avaient cette place particulière dans mon esprit depuis toujours. Je ne comprenais rien.
   J'étais assise sur mon lit. Dos courbé sur mes jambes, repliées vers ma poitrine. Je sentais les vibrations de ma cage thoracique dans mes jambes. Mes yeux émeraudes fixaient le vide, comme à la recherche d'une explication rassionelle.
   Après plusieurs minutes de largage émotionnel, je me décidai à me lever. Je m'étirai tranquillement mes membres tout en avançant en trainant du pied. Dur ce réveil...    Puis, je constatai que j'étais juste devant le miroir. Je vis alors ma sale mine toute décoiffée du matin : je faisais peur à voir. Mais je ne revis pas la silhouette de la dame au cheveux gris, cette fois-ci. Peut être le miroir a-t-il peur de moi...
   Pour me changer les idées, et surtout pour pouvoir mettre mon nez dans mes recherches, je pris une douche avant de m'habiller d'un simple pull sombre, bien chaud. Mes cheveux roux-brun furent coiffés d'une demi queue et je pus enfin commencer.