Chapitre 5 - L'horlogerie

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     Cet album photo en disait plus que ce qu'il en avait l'air. Nous avions ensuite feuilleté le reste des pages jaunies, mais aucunes autres informations n'étaient complémentaires. Mais maintenant, ce qui nous préoccupaient, c'était de découvrir comment ouvrir ce satané carnet noir encre. Tout d'abord, je le tendis à Auguste, en lui demandant d'une voix ferme, mes yeux plantés dans les siens :

   –   Peux-tu traduire la phrase en latin sur le carnet ? Peut être pourrait-elle nous aider...

   Il grommela, mais prit le livret entre ses deux mains. Il l'approcha de ses yeux bruns, pour mieux décripter ces mots d'une autre langue. Il grimaçait. Je croyais qu'il ne cessait de les relire, alors qu'il avait bel et bien compris leur sens.

   –   C'est impossible... souffla-t-il d'un soupir confus.

   –   Qu'est-ce que tu as compris ? l'interrogeai-je, dubitative, un sourcil arqué. Rien est impossible, tout est possible quand on y croit.

   –   Bien dit ! renchéri Flavie d'un air joyeux. Fanny, plus tard tu seras philosophe !

   Je soupirai. C'est vrai que j'aimais beaucoup créer ce genre de phrase au tournure mystérieuse et poétique, mais je n'en ferais jamais mon métier. Je reportai alors mon attention sur Auguste, qui venait de poser le livre brusquement. Il semblait se tirer les cheveux, comme s'il cherchait une explication.

   –   Bon vas y, dit nous ce que tu as lu à la fin ! la rouspéta mon amie.

   –   Ante vitae, magia veut dire... (il souffla de nouveau, comme médusé.) Veut dire Avant la vie, la magie...

   Je réprimai un hoquet de stupéfaction. Flavie elle, s'étouffa avec l'eau qu'elle venait d'avaler et la recracha comme une fontaine sur la table. Je m'assis. La... Magie ? Elle n'existait que dans les contes ! Elle n'a jamais existé pour de vrai ! On l'aurait su, non ?

   –   Qu'est ce que cela veut dire, Auguste ? fit Fanny, un air hébété.

   –   Cela signifie qu'ils savaient et croyaient en des choses qui nous sont complètement inconnues...

   –   Tu veux dire que... Que la magie aurait existée ? s'écria Flavie dans un souffle.

   Il hocha fébrilement la tête.
Ce n'était pas vraiment plausible, mais cela pourrait peut être expliquer l'apparition dans le miroir... Mais, une minute...

   –   Admettons que la magie existe. Ils avaient sûrement un objet ou quelque chose où ils y ont laissé des traces, non ?

   –   Comme... Une relique ? réfléchissait Auguste à haute voix.

   Mais oui... Je suis sûre qu'ils n'étaient pas idiots, ces gens, sur la photo. Ils ont forcément laissé d'autres traces, en plus de celles que nous avions déjà trouvé. Alors, j'ordonnai d'une voix strict qui trahissait ma nervosité :

   –   Il faut fouiller la maison, trouver quelque chose, une vieille babiole en rapport avec leur passé.

   De la magie dans ma maison... Je n'en revenais toujours pas.
Alors, nous nous dispersâmes à travers les différentes pièces de ma demeure. Moi, je filai dans ma chambre. Je remuai mon bureau, sac, armoire, étagère... Mais rien. Pas un seul espoir. Je m'effondrai alors sur mon siège de bureau à roulette, et entendis craquer le plancher en bois, d'un son inhabituellement sourd et creux. Je me relevai, et constatai une des planches brisée en deux. Je m'approchai de la faille, d'un geste très lent en détaillant le moindre détail de la scène de mes yeux vert pomme. Puis, je me rendis compte qu'il y avait quelque chose en dessous. Une boîte à bijoux, il me semblait bien... Je ne l'avais jamais vue.

Domini temporis [ sous contrat d'édition ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant