Chapitre 6 - Monsieur Levasseur

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     Le beau paysage de rêve : montagneux, avec de multiples créatures volantes, un ciel violet aux nuages bleuit, mais aussi un brouillard épais, à la seul différence qu'il n'est pas blanc immaculé, mais noir comme le jais. Un nuage d'encre. Il grossissait, grossissait... Et me tomba dessus.

   HAAA !

   Qu'est ce que c'était que ça ?!
   Ah... Mon réveil...
   J'ai eu peur ! Mon coeur battait comme si je venais de courir un kilomètre entier. Je transpirais des litres et des litres, alors que la pièce était tempérée. Ce cauchemars, plus jamais !
   Je me forçai à me lever. Je jetai un œil à la fissure du plancher de vieux bois, en vérifiant que la boîte n'avait pas bougée. Puis après, routine : douche, habillage, petit déjeuner et départ pour le collège De la Fontaine. Mais, en m'habillant, je remarquai que la montre, trouvée la veille, s'était mystérieusement retrouvée sur mes vêtements. Comme si elle voulait que je l'emporte. Après hésitation, je la pris. Mais cette fois ci, il y avait une chaine de collier à la place d'une simple chaîne de gousset. Je l'accrochai sans demander mon reste, le cachant sous mon pull d'hiver. Et je descendis, sans broncher.

    Durant toute la journée, Auguste, Flavie et moi-même étions tendus comme des arcs armés. Partout où nous allions, nous respirions la nervosité de tous les recoins des couloirs et des salles, transpirions à chaque regard croisé, frémissions à chaque cours en attente du dernier de la journée : histoire-géographie.
Il était bien là. Je l'avais vu plus tôt, dans la journée. Au détour d'un couloir. Je failli le percuter, d'ailleurs, s'il ne se serait pas arrêté à temps. Heureusement. Cela aurait pu endommager l'objet magique, autour de mon cou.

   Enfin, la récréation de l'après midi fut terminée. Nous attendions, sous le froid glaçant de l'hiver, notre professeur. Il commençait à neiger. Super...
   Tandis que je regardais les petits cristaux descendre lentement du ciel grisé, Flavie me donna un coup d'épaule pour m'indiquer que Monsieur Levasseur était devant nous. Il nous conduisit dans ce dédale de tunnels ; à peine éclairé par quelque faibles lumières, rendant les couloirs sombres et inquiétant. Comme dans une cave délabrée.
   Une fois dans la classe, nous nous instalâmes à nos places. Près de la porte, sur notre table de trois. La seule de la classe. À croire qu'elle n'était là rien que pour nous.
   Le cours se déroula dans la plus normale des traditions, si je pouvais dire. Je restai dans la plus profonde des réflexions toute l'heure, en fixant le mur blanc en face de moi, en attendant qu'il m'avoue qui était ce monsieur. Savait-il des choses ? disais-je silencieusement au mur blanc comme neige - c'était le cas de le dire... -. En espérant une réponse. Mais en vain. Il restait aussi silencieux que si je m'adressais à un mort.
   Soudain, la sonnerie de la fin des cours et de journée retentit enfin. Mais revers de la médaille, je fis un bond de ma chaise au son strident de celle-ci. Je ne m'y ferais jamais, à cette sonnerie... Auguste et Flavie me dévisagèrent, suite à cela. Ils devaient me prendre pour une folle, d'avoir tant sursauté. J'y prenais l'habitude, maintenant, que l'on me dévisage ainsi.

    Le cœur battant à la seule énergie de l'adrénaline, je rangeai mes affaires de gestes maladroits et mal calculés. Mon sac était tout désordonné, contrairement à son habitude. D'ailleurs, une voix accompagna mes pensées.

   –   Vous l'êtes maladroite aujourd'hui, Mademoiselle Richard.

   Qui a parlé ?
   Oula... J'avais la tête qui tournait, d'un coup...

   –   Pardon ? osais-je d'une voix perdue, en sentant mes membres me lâcher.

   –   Fanny ? fit Auguste d'une voix grave. Tu es sûre que tout va bien ?

Domini temporis [ sous contrat d'édition ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant