Sauve Moi D'eux

Chapitre 59

Point de vue Eléyana

Mes yeux fixent la porte avec horreur, je suis allongée sur mon matelas, repliée sur moi-même. Mes larmes ne coulent même plus, à croire que je suis desséchée. Je soupire. Comment ai-je pu penser un instant que tout ce cauchemar allait être fini ? C'était évident... Ils savaient qu'en tirant sur l'un des deux, j'allais accourir vers lui ou vers elle. Ils avaient tout manigancé, en fait. Ils savaient que Jess allait me dire de partir avec ma mère et ils savaient qu'en tirant sur Jess, je serais détruite, plus qu'en tirant sur ma mère. Je culpabilise comme une imbécile. Mais c'est plus fort que moi. Cela fait exactement 24 jours que je n'ai plus de nouvelle de Jess, je ne sais même pas s'il y est encore en vie ou non. Tous les soirs, je m'endors en larmes. À cause de la tristesse, de la peur et de la douleur. La douleur mentale comme physique. J'ai mal à l'intérieur, je prie sans relâche pour qu'il soit en vie... Mais j'ai également mal physiquement. En effet, ça fait également 24 jours que je me fais battre, encore et encore. Coups de poings, de pieds, d'objets. Les insultes, les injures, les reproches, les menaces. Tout cela tout les jours, presque h24. S'il ne c'est rien passé la journée, ils se rattrapent la nuit. Ils s'amusent à faire des jeux sur moi. Par exemple, mon père pose une question à Barbara. Si elle a faux, il doit me frapper ou faire ce que Barbara lui propose sur moi. Bien sur, tout est en mal. Ils me nourrissent tout de même pour me garder en vie, c'est clairement plus drôle que m'avoir morte, c'est sûr.

Je me pose tellement de questions... Ma mère, Justin et ma tante étaient là. Ils étaient là quand elle a tiré sur Jess ! Pourquoi diable ils n'ont pas réagi ?! Pourquoi ils n'ont pas appelé les secours ou la police ?! Ma mère m'a laissé retourner avec eux alors qu'elle était venue me rechercher, enfin, je suppose... Elle devrait tout faire pour me récupérer ! La première semaine, j'ai espéré voir débarquer des gendarmes ou la police pour venir me prendre, arrêter mon père et Barbara... Puis à partir de la deuxième semaines, j'ai commencé à me dire que ça devait prendre du temps... Et puis maintenant, je sais qu'ils ne viendront pas. J'ai perdu espoir.

Je ferme les yeux. Le visage de l'homme que j'aime apparaît directement, comme tous les soirs, toutes les heures, toutes les secondes... J'étrangle un sanglot. Il me manque tellement... J'aimerais me réfugier dans ses bras, sentir son parfum... L'embrasser jusqu'à avoir le souffle coupé, puis recommencer. Il ne peut pas être mort, il est fort. Il est plus que fort, c'est Jonathan Worgenstern... Il ne peut pas mourir, il a toute une vie devant lui... Peut-être que je n'en ferais pas partie... ou peut-être que si, mais il a un bel avenir avec sa sœur et son père.

« Mon amour... Qu'est-ce que tu me manques...» sangloté-je.

Je pleure, mais aucunes larmes ne coulent, aucunes. Pourtant, la douleur, la respiration, la sensation, tout est pareil... J'aimerais hurler de toutes mes forces pour sortir toute la rage, la tristesse... seulement je peux pas... Et dire qu'il y a maintenant 10 mois, à leur arrivée à la maison, je croyais que tout allait s'arranger. Que ma vie allait être meilleure... Certes, elle s'est empirée fois 3000, mais j'ai pu découvrir des nouveaux sentiments, de nouvelles sensations, des nouvelles expériences... Et tout ça, je le dois à Jonathan, à ses amis qui sont devenus mes amis pour certains, puis à Lindsay. J'ai rencontré l'amour, le vrai, je le sais. Et ce n'est rien que ça qui me fait dire que mon année a été exceptionnelle, extraordinaire... Juste un instant avec lui et j'oublie tout le reste... Juste un instant avec eux et je me sens libre, normale. Ils me font vivre, ils me rendent heureuse. IL me rend heureuse. Il est ma plus belle rencontre, ma plus belle faiblesse... Ils sont ma famille, j'étais seule après le départ de mère, j'étais refermée. Je n'avais aucuns amis, j'étais timide, je ne parlais jamais. Ils m'ont " ouverte " au monde, ils m'ont appris à me découvrir, à me sentir vivante. Ils m'ont donné l'envie de prendre goût à la vie, ils m'ont soutenue... Mes amis sont les meilleurs... Je leur en serrais toujours reconnaissante. Même si Lindsay est la seule à ne pas connaître la vérité, elle est tout autant importante pour moi. C'est grâce à elle que je me suis intégrée au lycée...