Chapitre 4

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Qui marche droit tombe rarement.

                                                                         -Leonard de Vinci

-Une femme aussi sexy qu'intrigante.

Il s'était fait avoir par sa base neurophysiologique et m'avait déballé sa pensée. Je vis qu'il s'en voulut car il ferma les yeux et serra l'accoudoir de sa main, mais il se reprit et essaya de rester le maître de la situation.

-Mais vous et moi savons très bien que ça cache quelque chose.
-Tout comme un grand homme d'affaires qui ne s'égare que rarement.

Panier, je mène.

-Chacun ses faiblesses.
-Chacun ses secrets.

Il haussa un sourcil alors que ses yeux libérèrent une lueur espiègle. J'ai réveillé la bête.

-Que dois-je en conclure ?
-Ne vous approchez pas de moi et je ferrai de même.
-Vous me mettez l'eau à la bouche, mademoiselle.

Son rictus séduisant ne prévoyait rien de bon.

-De quoi avez-vous peur ?
-Je vous retourne la question, monsieur.

Il haussa un sourcil, trouvant sûrement la situation drôle. Moi, j'essayais de me protéger, lui, il avait l'air de ne rien avoir à perdre. Il jouait lentement sur le dernier quart temps.

-Je n'ai peur de rien.
-Alors vous avez ma réponse.

Je m'adossais au dossier du canapé en cuir crème. Je menais toujours, l'avenir était tout vu. La fin de la première période sonna, les Lakers menaient vingt cinq à quinze, et moi dix zéro. À voir ce que nous réserve la deuxième période.

            Ellipse

Au bout d'une heure de vol nous étions arrivés à destination, et vu le climat d'une chaleur pesante même de nuit, nous étions à Miami. Nous étions en limousine depuis dix minutes, nous dirigeant vers je ne sais où. Bieber et moi ne nous étions pas adressés ni un mot, ni un regard. Je crois bien l'intriguer, et il risquerait de fouiller mon passer. La chance que j'ai est, qu'à part mon CV et les papiers officiaux, rien n'est dit. Personne ne sait rien de ma vie personnelle sauf ma mère, mais il n'irait pas jusque là.

Le véhicule s'arrêta et le grand-chef ouvrit la porte, en me lançant un regard, puis sortit. Je fis de même et me retrouvais au cœur de Miami. Je préférais vivre ici qu'à New York, c'était plus... accueillant. Il attendit que je passe pour emboîter le pas et entrer dans un restaurant, le Prime On Twelve, restaurant cinq étoiles, des diamants dans chaque recoin. Le genre d'endroit où toutes les pop-stars et personnes célèbres de Miami se retrouvent.

Nous entrâmes dans le bâtiment à la façade dorée puis nous présentâmes à l'accueil. Une blonde aux gros seins et beaucoup trop maquillée nous accueillit, un sourire aux lèvres, fixant mon patron. Il avait vu qu'elle n'était pas indifférente à son charme, et ça lui plaisait.

-Nous avons rendez-vous.
-Suivez moi, répondit-elle en souriant.

Nous la suivîmes jusqu'à une table reculée des autres. Et durant le court chemin, Bieber n'avait fait que regarder le postérieur de la blonde, me faisant rouler des yeux. Trois personnes étaient sur cette table, et je n'en connaissais qu'une: Desmond Harrington. Que foutait-il ici ?

Quand il me vit arriver aux côtés de son patron, il me reluqua avant de reprendre son regard de gros dur. Il se cachait derrière une façade mensongère qui me faisait bien rire. Enfin, je ne pouvais pas, moi même le faisais. Je fus heureuse qu'une femme soit assise à cette table, au moins, je ne serai pas seule. Cette dernière prit le grand-chef dans ses bras, puis vint à moi en me souriant.

-Bonjour, moi c'est Page.

Son sourire si franc cachait quelque chose.

-Lara.
-Ravis de vous rencontrer.
-De même.

Ma voix tombait dans les tons graves. Je n'étais pas ravie d'être ici et ça s'entendait. Un grand type, brun à la carrure avancée, se planta devant moi. Il faisait une tête de plus que moi, et d'un coup, je me sentais en mauvaise position.

-Math Donovan.
-Lara Briggs.

Son bras vint entourer ma hanche pour embrasser ma joue. C'était sûrement leur façon de saluer à Miami. Je lui souris à mon tour, pas tout à fait convaincue à son sujet. Dans son regard brillait une émotion que je n'aimais pas. Nous nous assîmes autour de la table ronde où je me retrouvais entre le beau Math et Desmond l'abrutis. Je sentais le regard de Math sur mon profil, ce qui me flattait. Mais je sentais aussi son aura malsaine qui me perturbait. Mais sa façon de contracter sa mâchoire et de me regarder avec ses yeux bleus avides de sexe me faisaient trembler intérieurement. Mon regard tomba sur Harrington, qui roulait des yeux, puis sur mon patron qui haussait un sourcil et souriait d'amusement.

-Je vous présente donc ma nouvelle assistante, Lara.

Je souris simplement, regardant un peu partout.

-Et eux sont des futurs associés.
-Mais nous venons en paie, fit Page.

Page était vraiment jolie. Ses cheveux courts encadraient son visage bien dessiné alors que sa peau matte mettait en valeur ses lèvres claires. Je vis sa main posée sur la cuisse de Math, qui avait l'air de s'en foutre, et vint à la conclusion qu'ils étaient ensemble. Ils n'avaient pas d'alliance, alors juste petit amis. Mais la façon dont il me regardait et sa façon de regarder Desmond voulaient tout dire. Ils étaient ensemble sans vraiment l'être. Ils se trompaient mutuellement. Je n'ai jamais compris ce genre de couples.

-Quand signerez-vous le contrat ? Demandais-je pour faire la conversation.
-Ce soir, répondit la brune, si votre patron a, enfin, tout réglé.
-Fais attention, fit Desmond, il pourrait rajouter des problèmes inexistants juste pour vous emmerder.

Puis je lâchais. Je me fichais de toutes ces histoires de contrat. Après vingt trois heures, le boulot ne faisait plus partis de mes pensées. Je découvrais alors les lieux du regard, aimant les lustres en diamants, les bars en ors huilés, les tables en verres et les baies vitrées donnant sur Miami Beach. Je me suis perdue dans la contemplation lointaine des vagues s'écrasant sur le sable fin et des joggeurs toujours motivés.

-Lara, parlez-nous de vous, me dit Math.
-Oui, Lara, parlez-nous de vous, surenchérit Desmond.

Je ne croisais pas son regard et me contentais de regarder le buste de mon patron, en face de moi. Je pris une voix décontractée et déballais le texte que je connaissais si bien.

-Et bien, j'ai vingt-quatre ans, je vis à New York et je suis célibataire.

Je survolais le sujet, mais comme à chaque fois, on allait me poser des questions. Je détestais cette partie.

-Depuis combien de temps vivez-vous à New York ?
-Quelques semaines.
-Vous n'êtes pas bavarde, me dit Math, assez bas pour que seule moi l'entende.
-Vous non plus, lui répondis-je, et vous ? Demandais-je à Page.
-Alors, je viens du Tenese, je-

Et blablabla. Je ne retenus que l'étentiel: elle a vingt-cinq ans, elle vit ici avec Math et n'a pas d'enfants. Elle est co-créatrice de la société Energy (Math étant le créateur), un monstre dans la livraison rapide. Voilà pourquoi nous devions nous associer à eux. Les minutes passèrent, puis des heures sans que je ne m'intéresse une seule seconde à ce qu'ils disaient. Ils parlaient entre eux, je les entendais mais ne les écoutais pas. J'étais là sans l'être.

Au fil de la soirée, nous avions tous goûté au homard du chef, aux crevettes à la sauce tomate et au risotto fait maison. J'avais mangé pour trois personne et avais maintenant l'impression d'être enceinte. Bieber, lui, n'avait fait que parler. Il était à l'aise alors qu'Harrington n'avait d'yeux que pour Page. Mon téléphone vibra sur la table, faisant un bruit phénoménale. Toute l'attablé se tourna vers moi alors que j'attrapais le cellulaire en mains. "Maman" y était noté. Je souris intérieurement, m'excusais auprès des quatre paires d'yeux qui me scrutaient puis sortais.

-Maman.
-Ma puce, comment vas-tu ?

Sa voix fatiguée m'interpellait.

-Très bien, et toi ?
-Je... Oui.
-Maman, que ce passe-t-il ?
-Ne t'inquiète pas, j'ai juste... je me suis replongée dans nos photos de famille.
-Ça t'es déconseillé, tu le sais très bien...
-Tu me manques ma chérie.
-Et moi donc.

Je lâchais mes pieds du regard pour tomber sur Demond, en face de moi, qui me regardait, une cigarette entre les lèvres.

-Je dois raccrocher.
-Un problème ?
-Je te rappelle.
-Je t'aime.

Je raccrochais sur ces mots pour me tourner vers lui. Il avait l'air si fière de m'avoir perturbée que je me repris en main, souris, puis reprenais ma posture de femme à l'aise.

-Un problème ? Demanda-t-il.
-Et vous ?
-Tout va bien.
-Tant mieux.

Je passais devant lui pour retourner à l'intérieur, mais il attrapa mon attention.

-Je sais que vous avez compris, Lara, et je vous demanderai de ne rien y faire.
-Vous êtes mal, Harrington. Ce Math Donovan n'est pas stable, s'il apprend pour vous et Page, il risquerait de vous pourrir.
-Ce type s'est tapé toutes les nanas de Miami, il n'a rien à dire.
-Et vous toutes celles de New York, répondis-je du tac au tac. Écoutez, ce n'est pas mon problème. J'espère simplement pour elle que vous n'allez pas lui refiler une MST.

Je tournais les talons puis retournais à l'intérieur, toujours aussi fière de moi. Je l'entendis m'insulter, ce qui me fit sourire. À ce que j'avais compris, Desmond a une vie instable et le don pour se foutre dans de mauvaises situations. Les personnes qui n'arrivent pas à gérer leur vie m'ont toujours étonné. Je reprenais place à table, sous les regards interloqués de mon patron et des deux convives. Le dessert était arrivé, un muffin au chocolat, une boule de glace et un vers de vin blanc.

En inspectant la table, je vis le contrat, dont ils parlaient tant, au milieu. Il n'était pas encore signé, mais ils allaient le faire. Mon regard remonta dans les yeux foncés de mon patron. Étrangement, il attendait ma réaction. Je haussais simplement un sourcil, ce qui lui donna à réfléchir. Puis je penchais la tête, lui faisant comprendre qu'il fallait qu'on parle. Je ne crus pas qu'il avait compris avant qu'il ne se lève, s'excuse, et me fit signe de le suivre. Je me retrouvais alors au bar du restaurant avec mon patron aussi sexy qu'effrayant. Il humidifia ses lèvres avant de se tourner vers moi et de me demander:

-Qu'en pensez-vous ?
-Math n'est pas réglo.
-C'est un ancien drogué et gangster, c'est normal.

Haussant un sourcil, je lui dis:

-Et vous lui faites confiance ?
-C'est un ami.
-Cet "ami" ne vois pas les choses dans le même sens, monsieur. Si le contrat est signé, il n'hésitera pas à vous faire plonger ou encore vous faire tuer.

Il rit avant de regarder devant lui.

-D'après vous, je devrais résilier le contrat ?
-Oui, voir même couper les ponts avec eux.

Il sourit avant de retourner à notre table, sans un mot. Il s'assit, déboutonnant sa veste, puis se raclait la gorge après m'avoir lancé un regard. L'attablé se tourna vers lui alors que je buvais une gorgée de mon vin.

-Changement de programme, lança-t-il, l'association n'aura pas lieu.

Personne ne parla, seul le brouhaha de la salle se faisait entendre. Je me cachais derrière mon verre, observant attentivement leur réactions. Math serra des poings, Page lança un regard à Desmond, qui lui, choqué, regardait le manitou.

-Que- Qu'est-ce que tu racontes ? Demanda Harrington.
-Je fais ce qui me semble juste, continua-t-il, la BieberUnity se débrouille très bien seule et continuera sur cette lancée.

Donovan se leva d'un coup mais se contenta de le fixer avec aigreur et haine. Je crus qu'il allait partir sans rien faire, mais il serra les poings et voulut se jeter sur Bieber. Harringon l'en empêcha, barrant son chemin de son corps. Math serra la mâchoire, attrapa Page par le bras puis quitta le restaurant, le regard de tout le monde, et des vigiles, sur lui.

Je les suivis du regard et vis Page se tourner vers nous, enfin, vers Harrington. Je tournais mon regard vers ce dernier et compris son regard noir en ma faveur. Je secouais discrètement la tête, lui signalant que son soupçon était faux. Il se leva, faisant grincer sa chaise sur le carrelage. Mon patron posa des billets sur la table puis se leva et je le suivis jusqu'à la sortie. Une fois dehors, je trouvais Desmond, une cigarette entre les lèvres et la tête baissée sur ses pieds. Le grand-chef monta en limousine après avoir salué son chauffeur. J'allais faire de même mais une main me retint par le bras, lacérant ma peau.

-Je sais que c'est votre faute.
-Je l'en ai dissuadé à cause de Math, vos affaires avec sa dame, je m'en fous.

J'arrachais mon bras de son emprise puis montais en voiture. La porte se ferma derrière moi et le véhicule se mit en route.

-Qu'elles affaires ?

Je fermais les yeux. Je n'aimais pas me mêler des affaires des autres, ça ne m'attirait que des problèmes.

-Vous demanderez à votre ami.
-Je n'en ai pas.

Voilà un autre point que l'on a en commun.

-Et Harrington, qu'est-il pour vous ?
-Mon comptable.

Je laissais couler, ne voulant me mêler de rien. Qu'il se démerde et qu'on me laisse en dehors de ça.

            Ellipse (environ une semaine plus tard)

Mon téléphone, sur ma table de nuit, faisait autant de bruit qu'un marteau piqueur. Cherchant l'objet à taton, je fis tomber je ne sais quoi au le sol. Je me décidais enfin à ouvrir les yeux et trouvais mon cellulaire. Je décrochais, me fichant de savoir qui m'appelait. Dans tous les cas, j'allais sûrement le retrouver et tuer toute sa famille.

-Mademoiselle Briggs ?

D'accord, OK. Je ne tuerai pas la famille de mon patron.

-Monsieur Bieber, mais... savez-vous l'heure qu'il est ?
-Oui mais ce n'est pas mon problème, vous devez être à ma disposition n'importe quand.

J'adore mon patron, vraiment !

-Que faites-vous ?
-Je dors, comme une personne normale à quatre heure du matin.
-Nous sommes samedi, vous ne sortez pas ?
-Vous me donnez trop de boulot pour ça.

Il rit de l'autre côté de l'appareil. Je reposais ma tête sur mon oreiller, écoutant simplement ce qu'il avait à me dire.

-Comment est la lune de votre appartement ?
-Cachée, fis-je en regardant par la baie vitrée de ma chambre. J'aimerai pouvoir voir les étoiles, mais la pollution est tel que la lune en devient presque invisible.

Puis la question que je détestais poser, en n'importe qu'elle circonstance, vint:

-Et vous ?
-Je vois les étoiles, plus étincelantes que tout.
-Où êtes-vous pour les voir si bien ?
-Je suis sur l'Empire State Bulding, vous devriez-venir.
-Non merci.
-Ce n'était pas une question.

La question était, pourquoi m'avait-il appelé ? Moi ? Sa secrétaire ?

-Pourquoi moi ?
-Vous étiez la seule personne à qui je voulais parler, répondit-il, et s'il vous plaît, faites semblant d'être joyeuse, comme toujours.

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