Chapitre 17

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Le sentiment de solitude et d'abandon sont assassins.

                                                                                    -Anne Frank

Posant mon sac et ma veste dans mon bureau, je me mettais directement au travail. Justin n'était pas là, sûrement en réunion ou sur un plateau télé, alors je me contentais de faire ses comptes et de ranger tout ça dans l'ordre dans un silence de mort. Même la ville était calme. Ça ne signifiait rien de bon.

Le vent fort faisait trembler les tours d'immeubles tandis que la pluie s'écrasait durement contre les vitres. Les infos parlaient de tempête, moi de karma. Une porte claqua et je vis Justin s'adosser à l'embrasure de celle de mon bureau. Il ne souriait pas, il ne bronchait pas.

-Tu es allée parler à Harrington pour qu'il s'excuse soudainement ?
-Je penche plus pour un coup de pouce du destin, répondis-je.
-Depuis quand crois-tu au destin ?
-Sûrement depuis que je t'ai rencontré.

Il sourit et baissa la tête.

-Qui a-t-il ? Demandais-je.

Il n'avait pas l'air bien, comme s'il avait mal, qu'il voulait me dire quelque chose.

-Viens avec moi, s'il te plaît.

Je haussais un sourcil et le suivais jusque dans l'ascenseur. Nous traversâmes la ville en voiture pour en prendre un autre. Nous montâmes au sommet de l'Empire State Bulding. Je me contentais de le suivre sans dire un mot, le laissant me guider. Il se planta devant la vue, posa ses mains sur la rambarde et se perdit dans la contemplation de la ville remuée par des flots de pluie.

J'étais tellement perturbée à savoir ce qui n'allait pas que j'oubliais que j'étais en robe sous la flotte. Mes cheveux perdirent tout volume pour dégouliner d'eau, tandis que ceux de Justin collaient à son front. Il se tourna vers moi, son costume trempé et ses yeux perdus.

-Pourquoi m'as-tu emmené ici ?
-C'est l'endroit où j'ai compris que t'allais changer ma vie.

Il était ému, ça s'entendait à sa voix tremblante.

-C'est maintenant Lara, maintenant qu'on arrête.

Ma respiration s'arrêta, mon coeur se stoppa, mon monde s'écroula.

-Quoi ? Je- enfin... non.

Ma voix craquait à chaque fin de mot. Je me décomposais.

-Je ne pense qu'à ton départ, je n'arriverai jamais à m'y faire.

Ses yeux s'embuèrent tandis que j'essayais de garder mes sanglots au fond de ma gorge.

-Te voir partir me ferrait trop de mal, alors je le fais.
-Que... Qu'est-ce que ça veut dire ?
-Je te laisse ton travail, mais je ne veux plus te voir autre que pour ça.

Il me contourna pour rejoindre l'ascenseur. J'avais l'impression de tout perdre. Mon monde partait en fumée.

-Hier tu me dis que tu m'aimes et aujourd'hui tu m'abandonnes?! Criais-je.

Il s'arrêta dans sa marche mais resta dos à moi.

-Je le fais avant toi, c'est tout.

Il s'en alla sur ces mots, me laissant seule en haut de cet immeuble. La bouche ouverte, le coeur battant la chamade, je me tournais vers New York. Je savais que j'aurais du partir, que c'était une mauvaise idée. J'aurais du m'écouter dés le début. Maintenant il sait tout de moi, il me connait par coeur. Je ne pourrai le quitter, je ne pourrai fuir. Je suis coincée.

          Ellipse

J'étais retournée au bureau pour finir de travailler. Je ne l'avais pas vu depuis. Tant mieux, j'aurais sûrement fondu en larmes. J'essayais de cacher ma déception, ma tristesse et ma colère derrière une mine vitreuse qui en disait déjà beaucoup. Mais je préférais ça que de me laisser abattre par les autres.

Il était trois heure de l'après midi, le lendemain de la fin de mon monde. Je bossais sur ses dossiers pour essayer d'oublier ce trou béant qui m'attristait. Je bus une gorgée de mon café et eus soudainement envie du cigarette. Ça faisait maintenant quelques mois que je n'avais pas touché à ces saloperies, et ça ne m'avait pas manqué. Je quittais alors mon bureau pour rejoindre l'ascenseur.

Mon coeur s'arrêta quand les portes s'ouvrirent sur lui. Son visage pâle, ses cernes, ses yeux rouges, ses cheveux décoiffés... Tout me laissait croire qu'il avait passé une sale nuit. Au moins je n'étais pas la seule. Il me lança un rapide regard avant de me demander:

-Où vas-tu ?

Cette question voulait se faire professionnel, mais ça l'intéressait.

-C'est ma pause, répondis-je doucement.
-Ne traîne pas, nous avons une réunion.

Sa voix froide se voulait distante, mais ses yeux dégageaient de l'affection. Je hochais la tête et prit sa place. Les portes commencèrent à se fermer sur son dos séduisant. Il se tourna vers moi une dernière fois, capturant mon souffle. Les portes se fermèrent et je me retrouvais seule dans cette boite en métal où raisonnait les battements de mon coeur.

-Putain, soufflais-je.

Je sortis rapidement de là dedans et courus à l'extérieur pour prendre une bouffée d'air. Il m'oppressait, je ne pensais qu'à lui. Le fait de le voir continuellement avait le don de me mettre à terre. J'expirais par le nez avant de sortir une cigarette de mon paquet et de la coincer entre mes lèvres. Je pris une longue et grande taffe mais n'y trouvais aucun goût, alors je la jetais et l'écrasais de ma chaussure. Tout changeait. Tout devenait gris et insignifiant. Et tout ça à cause de lui.

Je remontais après avoir bu un verre d'eau. Je rejoignis tout le monde dans la salle de réunion. Ils se tournèrent vers moi dés que j'eus poussée la porte. J'étais en retard et ça les avait déstabilisé. Sûrement parce que je gérais tout, d'habitude. Je dus m'asseoir à côté de lui, l'épaulant. Il ne me regarda pas une seule fois, alors je ne le fis pas non plus.

-Aujourd'hui, commença le boss, le commerce afflux et est plus important que jamais. C'est pourquoi, une boite va s'ouvrir en Chine.

L'assemblée applaudit, me laissant le temps de les observer. Je ne reconnaissais que Dan et Bloom (chapitre un), les autres m'étaient inconnus. Je n'étais pas la seule femme, mais elles étaient hautaines et putain de coincées, alors je ne leur parlais pas. Elles se contentaient de me lancer des regards mesquins que j'oubliais rapidement.

-Mais pour ça, du personnel va devoir muter jusque là-bas. Mademoiselle Briggs, à vous.

Des mois qu'il ne m'avait plus appelée par mon nom ni vouvoyée. Je me levais, me tenant droite sur mes Louboutins. Son odeur masculine vint me chatouiller les narines. Je me tournais vers la liste projetée au tableau et entendis des sifflements ainsi que des chuchotements. "Woah, ce cul!" ; "Je dois me la faire" ; "Je vais la faire crier mon nom" et d'autres conneries sortaient de la bouche de mes collègues. J'essayais de garder mon calme, ne voulant pas me faire renvoyer pour "conflit physique sur lieu de travail".

-Bloom, ferme ta gueule ou tu passeras par la fenêtre.

Un froid glacial envahit la pièce après cette phrase assassine du patron. Je souris, toujours dos à eux. Je me tournais, abordant une expression hautaine. Justin était tourné vers moi, dos aux autres. Il me fixait durement, perdu. Je me raclais la gorge avant de commencer:

-J'ai sélectionné les salariés les plus aptes à partir d'entre vous. Les personnes suivantes n'ont aucunes attaches sur New York et sont donc susceptibles de s'envoler pour la Chine: Jhon Bloom, Mark Dan, Laurie Astincks, Jack Perry, Kendrick Low, Lia Marie, Rae Munoss et Emily Banks.

Je scruttais les réactions. Certains souriaient, d'autres étaient en stand by.

-Si vous acceptez, votre paye se verra obtenir deux zéro de plus et vous bénéficierez d'un traitement spécial sur place: logement et véhicule de grande qualité. Tout voyage vous sera offert ainsi que des vacances prolongées. Mais vous pouvez toujours refuser et rester ici.

Ils restèrent dubitatifs. "Si j'accepte, tu penses qu'elle me suce la queue?". Je ris à la phrase de Rae, je crois. Il se voulait discret, mais je l'avais entendu, tout comme Justin. Ce dernier prit une grande inspiration et se tourna vers eux. Un silence se fit alors que je reprenais:

-Une liste sera affichée ici, vous n'aurez qu'à signer pour nous partager votre accord. Vous avez jusqu'au quinze juillet pour cela, fis-je. J'ai fini.

Ils quittèrent tous la pièce et me laissèrent seule avec le patron. Je voulus m'éclipser mais il retint mon attention.

-Leurs grossièrs avances ne te gènes pas ? Demanda-t-il.
-Plus depuis que je suis célibataire.

Je m'en allais sur cette phrase assassine, fière de moi. Il m'a mit à terre mais je ne comptais pas y rester longtemps. Je fis mon chemin à travers les couloirs et allais entrer dans mon bureau quand je me fis interpeller:

-Lara ?

Qu'avaient-ils tous à me parler aujourd'hui ?!

-Oui ?
-Je voulais m'excuser pour ce que j'ai dit plus tôt, me dit Bloom.
-C'est bon, fis-je, c'est rien.
-On pourrait peut-être boire un verre se soir, si ça te dit ?

Je ne réfléchis pas longtemps. De plus, le regard de Justin fixé sur nous renforça ma réponse.

-Avec plaisir.

Ne me demandez pas pourquoi je jouais à ça, je n'en savais rien.

             Ellipse

La journée était rapidement passée, ainsi que les bruits de couloirs. Tout l'étage était au courant pour ma sortie avec Bloom (qui n'est autre qu'un pigeon pour moi). Il n'était pas méchant, et encore moins laid, mais je me fichais de lui. J'allais tout de même lui laisser une chance, histoire de, mais il ne se passera rien entre nous.

Évidement c'était monté aux oreilles du chef de meute. Celui ci ne l'avait pas bien prit, et pour se venger, il m'a noyé sous une montage de dossiers et de regards assassins. Il n'était pas content, et moi non plus, alors nous prenions la route de la haine sans nous en rendre compte. C'est sûrement plus simple pour nous deux.

Je retrouvais Jhon en bas, m'attendant adossé contre son pick up Land Rover. Il me sourit, ouvrit la porte, fit le tour et s'installa à mes côtés. Un dernier coup d'oeil vers l'immeuble et je vis Justin sur le point d'en sortir. Il me vit et serra la mâchoire tandis que je me contentais de hausser un sourcil insolent.

-Le Touch, tu connais ?

C'est le bar où j'avais récupéré Justin ivre mort.

-Oui, j'y suis déjà allée.
-Cool.

La musique prit le relaie, évitant un blanc gênant. Nous arrivâmes rapidement au bar/discothèque le plus branché de la ville. Je soufflais un coup, me demandant dans quoi je m'étais encore embarquée. Nous entrâmes à l'intérieur, sa main dans le bas de mon dos. Je ne faisais même pas attention à son toucher, je n'en avais plus peur. Nous allâmes au bar pour nous faire servir un wisky pour lui et une vodka tonique pour moi. Nous allâmes ensuite nous installer sur une table au fond du club. Je me fichais de sa présence et regardais les gens s'éclater sur la piste.

-Tu veux danser ? Demanda-t-il à mon oreille.
-Non, répondis-je, catégorique, c'est pas mon genre.
-Alors, quel est ton genre ?

Il était si proche de moi que je sentais son haleine chaude s'écraser contre ma joue. Si Justin était à sa place, mon ventre se retournerait, mais lui, il me fait juste froncer le nez.

-Je suis celle qui mène la danse.

Il embrassa mon cou, me faisant pencher la tête. Je le laissais faire et fermais les yeux, imaginant mon patron qui m'avait laissé comme une merde. Je ne pouvais pas lui en vouloir, il voulait simplement renverser le jeu. Il embrassa mon cou de baiser mouillés que je trouvais plus écoeurant qu'autre chose. Ce n'était pas dérangeant, ni même génant, c'était presque agréable. Il remonta jusqu'à ma joue pour se planter devant les lèvres. Il m'embrassa et je ne dis pas non. Ses lèvres charnues vinrent danser avec les miennes tandis que mes mains firent un chemin naturel vers sa nuque. Nos langues entrèrent en contact quand il se fit jeter en arrière violemment.

Justin.

Bizarrement, sa présence me fit sourire. Il se retennait d'exploser Bloom et se tourna vers moi, les poings et la mâchoire contractés. Son regard sombre me retourna l'estomac tandis qu'il m'attrapa fortement par l'avant bras et me tira à travers le club, laissant Jhon déboussolé. Il m'entrena dans les toilettes pour femme où il me lâcha brusquement. Il s'adossa contre la porte et se pinça l'arrête du nez.

-À quoi tu joues ?

Il hésitait entre rire et me tuer.

-Je te retourne la question, fis-je.

Il haussa un sourcil.

-C'est pas moi qui me faisait un collègue !
-Non, toi tu te faisais ta secrétaire, balançais-je.

Il lança son poing dans le mur à quelques centimètres de ma tête. Je ne bougeais pas, le regardant dans les yeux. Il me fusillait du regard tandis que j'avais envie de jouer. Je souris alors qu'il loucha sur mes lèvres, me provoquant des stupides papillons dans le ventre.

****

Il attrapa ma nuque pour capturer mes lèvres des siennes. C'était violent, pas comme d'habitude. Il était en colère et me le montrait en étant brusque. Il me colla contre le mur, son corps contre le mien. Sa langue entra en contact avec la sienne quand il me fit sursauter en claquant mes fesses. Il sourit et les attrapa de ses deux mains, les pressant. Mes mains enlacèrent sa nuque tandis qu'il me porta pour me déposer sur les lavabos. Ma jupe remonta assez pour que l'on voit mon sous-vêtement et qu'il se glisse à cet endroit précis. Je sentais déjà son érection contre moi, et ça avait le don de me faire bouillir.

-J'ai été naïf de croire que je pouvais vivre sans toi, souffla-t-il entre deux baisers.

Cette phrase m'émue, alors je l'enlaçais si fort qu'il eut du mal à respirer. Ses mains passèrent sous ma jupe et les miennes dans son pantalon. Il grogna dans ma bouche, me faisant vibrer. Je mordis sa lèvre, le faisant gémir plus fort. J'oubliais tout. Il n'y avait rien à part lui et nos battements de coeur démesurés. Ses mains montèrent jusqu'à ma chemise dont il fit sauter les boutons. Une chemise en moins.

Il attrapa mes seins en coupe avant de lâcher mes lèvres et descendre dans mon décolleté. Mes mains entrèrent dans son caleçon alors que j'attrapais sa virilité d'un coup. Nous étions brusques, en colères, amoureux. Ses lèvres pulpeuses vinrent rejoindre les miennes à nouveau, les suçant. Je commençais des vas et viens lents dans son caleçon, le faisant respirer durement. Sa partie en érection durcit dans mes mains, me faisant sourire. Je remontais une fois de plus, plus fort qu'avant, le faisant mordre subitement ma lèvre. Je gémis et sentis un liquide couler sur mon menton. Du sang ?

Je me léchais les lèvres et continuais. Il ouvrit enfin les yeux, m'embrassa, mordit mon menton et releva vivement ma jupe. Il avait hâte, et moi tout autant. Il fit glisser mon sous-vêtement jusqu'à mes chevilles pour qu'il termine au sol. Allais-je vraiment le faire dans les toilettes d'une boite ? Avec mon patron ? Mon patron dont je suis amoureuse ? La réponse à toutes ces questions était oui, oui et encore oui.

Il fit tomber son pantalon sur ses chevilles et enfila une rapide protection autour de sa virilité. Cette fois, il n'y alla pas doucement et s'enfonça violemment en moi. Je criais et me cambrais brusquement, amenant ma poitrine à sa bouche. Il en profita pour mordre et sucer ma peau, y laissant des marques. Il fit demi tour lentement pour entrer en moi plus durement qu'avant dans un bruit sourd. Bordel.

-T'es... parfaite, lança-t-il.

Il ne me laissa pas le temps de répondre qu'il s'enfonça à nouveau en moi. Le sang me monta au cerveau. Je crus imploser. Un sentiment de bonheur absolut me prit rapidement tandis qu'il continuait ses mouvements violents. J'avais mal, mais c'était si bon.

Je suais sous l'effort, et lui encore plus. Il gémissait en même temps que moi, faisant vibrer nos corps à l'unisson. Il alla plus vite, me faisant trembler. Mes ongles s'enfoncèrent dans son dos, le faisant crier de plaisir. Mes lèvres rejoignirent les siennes à nouveau pour ne plus les lâcher. Respirer devenait difficile, pour lui comme pour moi.

Mes jambes se mirent à trembler, mon buste se cambra, ma respiration se bloqua, mes yeux s'ouvrirent brusquement, et me voilà partie dans un orgasme de quelques secondes. Le sien arriva aussi vite, le faisant mordre ma peau. Je m'adossais contre le miroir et essayais de reprendre une respiration normale. Je tremblais dans tous les sens tandis qu'il lâchait des jurons à tord et à travers. Il laissa son visage reposer contre ma poitrine alors que j'enroulais mes bras autour de lui. J'étais dans un autre monde, je ne comprenais plus rien.

Il remit rapidement son pantalon et me regarda me rhabiller, un sourcil haussé. J'essayais tant bien que mal de tenir debout malgré mon manque de forces évident. Je remis mes cheveux en place, enlevait mon maquillage dégoulinant et remit ma jupe correctement. Pour ma chemise, je me contentais de la tenir contre moi. Je me tournais enfin vers lui, adossé contre une cabine.

-J'ai perdu ? Demanda-t-il.
-Ça fait bien longtemps, Justin.

Il sourit sadiquement, me faisant vibrer. J'adorai ce sourire.

-Alors ? On continue ?

Confident Où les histoires vivent. Découvrez maintenant