Chapitre 12

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Plus tu aimes les gens, plus tu es faible.

                                                                            -Cercei Lannister



-Oh bordel de merde, nous fîmes en même temps.

Elle me déshabilla du regard alors que j'entendis du mouvement derrière moi. Mon coeur battait à tout rompre. Je sentis Justin se pointer derrière moi, son torse frôlant mon dos.

-Hailey ? Putain, qu'est-ce que tu fous là ?! Cria-t-il.
-Mon... Commença-t-elle.

Elle nous regarda en alternance. Nous étions tous les deux suants, à bout de souffle et presque nus. De plus, je ne savais pas depuis combien de temps elle était devant cette porte. J'étais gênée, et lui en colère.

-Mon mariage est avancé à demain, dit-elle, je te l'avais déjà dit mais tu as sûrement oublié.

Elle se tourna vers moi, un sourire gêné aux lèvres et de la pitié dans le regard.

-Vous êtes invitée Lara.
-Non, je-
-Elle viendra, fit Justin, maintenant dégage d'ici!

Elle s'en alla en trottinant. La porte d'entrée claqua et je me retournais alors vers lui. D'une mâchoire serrée, il me dit:

-Elle ne fait jamais ça d'habitude... désolé.
-Je ne viendrai pas, fis-je, catégorique.
-Oh si tu viendras, tu n'as rien à dire là dessus.
-Mais bien sûr, répondis-je en roulant des yeux.

Il attrapa ma mâchoire fortement entre ses doigts, un regard espiègle dansant dans ses pupilles.

-Lara, beauté, arrête de me contre-dire, dit-il en fixant mes lèvres.
-Je ne suis pas à toi.
-T'es à moi depuis que t'as signé ce contrat.

Il sourit, embrassa mon front et s'en alla en sautillant.

-La salle de bain est à côté.

Je le regardais s'affaler dans le canapé, en caleçon, son six pack saillant. Je soufflais avant d'attraper mon téléphone et de courir dans la salle de bain. Je m'y enfermais, allumais l'eau et appelais mon dernier numéro. Elle ne mit pas longtemps avant de répondre, et sa voix joyeuse me mit les larmes aux yeux. Je changeais tellement...

-Mon bébé! Fit ma mère à travers le combiné.
-Maman, comment vas-tu ?
-Ça va, j'essaye d'oublier ton absence en lisant des livres, dit-elle, et toi, comment vas-tu ?
-Je... Je suis un peu perdue, à vraie dire.

Une larme silencieuse roula le long de ma joue sans que je ne comprenne pourquoi.

-Tout va bien ma chérie ?
-Oui, tout va bien. Tu sais, dis-je, je ne fais plus de cauchemars depuis quelques jours et... je ressens des choses, j'aime parler, j'aime être avec autrui... Je me prends même à aimer parler de moi et mon passer.

Je ris à travers mes larmes. Je n'étais pas triste, je pleurais pour me nettoyer le cerveau.

-Ma chérie, c'est super! Dit-elle. C'est normale de te sentir comme ça, et arrête de t'insulter mentalement parce que tu pleures !

Je ris. C'était exactement ce que je faisais.

-Je suis si fière de toi, ma puce. Ils le sont aussi, j'en suis sûre.

C'est tout ce que j'avais besoin d'entendre pour continuer sur ma lancée.

-Je t'aime Lara, tu es tout ce que j'aime le plus au monde.
-Je t'aime maman. Merci.

            Ellipse

Je m'étais alors faites embarquée au mariage de la soeur de mon patron avec qui j'entretenais une relation étrange. Hier après midi, après nous êtres... laisser aller, nous avions recommencé. C'était peut-être ça mon erreur, avoir recommencé? Maintenant, les erreurs, je ne les comptais plus. Encore un signe de mon changement: je ne faisais jamais d'erreur. Je ne vivais plus que par ça, mais ma conscience me disait que c'était "normale", alors je continuais.
 
J'étais habillée d'une robe blanche basique et portais des escarpins blancs. Lui était habillé d'un costard noir par dessus une chemise blanche. C'était sobre, mais tel était le mariage. Je n'arrivais toujours pas à croire que j'étais venue. J'aurais pu dire non, lui casser la gueule ou fuguer comme quand une ado... Mais j'étais venue.

Il se gara devant le lieu. Nous étions à Central Parc, car un Bieber ne se marie pas dans une chapelle comme les gens normaux... Eux, ils réservent la moitié d'un parc public pour une journée. En ce beau samedi de juillet, deux âmes allaient se lier à jamais. Et dans deux ans, elles se sépareront parce qu'il l'aura tromper. Je rigole.

Nous sortîmes alors de son Audie pour faire notre chemin vers le lieu de rendez-vous. Il y avait du monde sous ce soleil brûlant qui me mordait la peau. En quelques minutes de marche lente, nous vîmes l'arche où les futurs mariés allaient échanger leurs voeux. Je voyais déjà beaucoup de monde présent, je reconnaissais notamment Hailey et Kyle, qui lui avait l'air de s'ennuyer à mourir. Justin me susurra:

-Tout ira bien, il enroula son bras autour de ma hanche.
-Je vais te tuer, je te promets.

Je me détachais de lui sous son rire et lui fis un doigt d'honneur. Il secoua la tête en souriant et monta la butte pour se retrouver en haut du plateau où le mariage aura lieu. Le nombre de chaises et le grand buffet laissaient imaginer le nombre de personnes présentes. Justin se fit accoster par Hailey qui l'enlaça. Il me lança un regard blasé et la serra en retour.

-Je suis si heureuse que tu sois là !

Elle embrassa sa joue et se tourna vers moi. Elle m'enlaça rapidement et me chuchota:

-Les choses que vous faites avec mon frère m'importent peu, mais je voulais simplement vous dire merci pour le faire sourire un peu plus chaque jour.

Je fronçais les sourcils.

-Oh, et je voulais m'excuser pour hier et tout le reste.
-C'est oublié, répondis-je, maintenant profitez de votre mariage.

Elle rit, m'enlaça à nouveau et alla voir d'autres personnes. J'allais rejoindre Justin quand Kyle m'arrêta en posant sa ma main sur mon avant bras. Étrangement, quand quelqu'un me touchait, je n'avais plus ces frissons désagréables dans tout le corps.

-Ça a marché, fit-il.
-Sérieux ?
-Ouais! Ils me posent des tas de questions sur toi et m'invitent à toutes leurs soirées, me dit-il d'un air heureux.
-Ils ne te disent plus rien ?
-Parfois, mais je fais comme tu m'as dit et ne leur donne aucune réaction.
-Rappelle t'en toujours Kyle, ces abrutis ne veulent que ta réaction.
-Je me demandais... comment tu sais tout ça ? Me demanda-t-il.
-Les gens du lycée détestaient ma meilleure amie parce qu'elle était trop intelligente, pas assez jolie et avait des lunettes, fis-je. Elle était la faible, donc la cible facile. Quand je suis arrivée ça c'est arrangé pour elle, riais-je, mais pas totalement: ils ont continués à l'harceler sur le net et quand je n'étais pas là pour la défendre. Elle leur donnait tellement d'importance qu'elle a essayé de se suicider.

Il pinça ses lèvres en une ligne droite.

-Elle est toujours en vie ?
-Oui, et elle a plein de tunes, une grosse voiture et un mari génial.

Il rit.

-Après sa tentative de suicide, elle a compris que ce n'était que temporaire, que ça passerait. Même si sur le moment c'est dur, compliqué, qu'on ne sait pas comment s'en sortir... Il ne faut pas abandonner, parce que c'est la seule chose qu'ils attendent.
-J'y ai pensé au suicide, mais quand je t'ai rencontré, je me suis dis qu'il fallait que je continue à vivre pour essayer de tirer un coup avec toi.

Je ris tellement fort que la moitié de l'assemblée se tourna vers moi. Il me sourit tandis que ses yeux bleus puaient le bonheur.

-On verra ça quand tu seras majeur, gamin.

Il rit avant de me lancer: "j'oublis pas !" et d'aller s'asseoir. Je le regardais, ce petit bout d'homme dans un costard, s'asseoir à côté du boss. Je levais les yeux vers le soleil. Que c'était bon d'aider, de sentir, de savoir! J'allais alors m'asseoir à côté de Justin car le début de la cérémonie s'annonçait.

Le prêtre se mit en place, les mariers aussi. Tout le monde se tut, seul la voix portante (et remplie de connerie) du prêtre se faisait entendre. Je ne l'écoutais pas, me foutant totalement de ce qu'il pouvait dire. Les discours de mariage, d'enterrement, et autres cérémonies, étaient tous voués à dieu. En tant que non croyante, tout ça était juste de la merde remastérisée. Kyle partageait apparemment mon avis, jouant à un jeu sur son portable, se foutant du déblatérage du prêtre, tandis que Justin le regardait faire.

Le prètre eut fini, ce fit au tour de la demoiselle d'honneur, puis des parents du marié, des enfants des mariés et des frères et soeurs. Justin dû alors monter sur l'estrade, poussé par les autres. Il était nul pour ça, il le répétait, et pourtant, il allait médire sur l'amour et le mariage.

-Bon, OK, commença-t-il. Par où commencer ? Hailey m'a fait tourner en bourrique pendant des années incalculables. Étant gamins, elle me faisait croire un tas de trucs, comme quoi on disait "des gâtals" et non pas "des gâteaux", faute que je fais toujours maintenant, à cause d'elle. Elle me disait que les monstres viendraient me manger parce que j'étais le plus petit, et que pour grandir, il fallait que je me pende par les pieds au sèche linge du jardin. Résultat, je me suis retrouvé à l'hôpital avec une fracture des cervicales. Ou encore-
-C'est bon ! Fit la sujette.
-Vous l'aurez compris, Hailey est une horrible grande soeur, en espérant qu'elle ne soit pas une aussi horrible épouse.

L'assemblée rit alors que la concernée se cacha derrière ses mains.

-J'aime la charrier et dire des conneries sur son dos, parce qu'au fond, je l'admire. Elle a toujours tout réussi, et quand j'essayais de faire comme elle, je me plantais. Mais bon, maintenant c'est moi le milliardaire chef d'entreprise, fit-il en riant. Te voir te marier me dit que tu partiras peut-être aussi, mais ça me laisse espérer que les monstres trouvent aussi l'amour.

Il me regarda, alors tout le monde le fit. Je serrais la mâchoire. En plus de ça, il l'avait fait exprès pour m'emmerder... Connard.

-Je te souhaite tout le bonheur du monde, et à toi aussi Jhon ! T'es peut-être pas aussi beau que moi, mais au moins t'as la meilleure des femmes.

Il sourit, enlaça sa soeur, serra la main de son mari et revint à sa place, se laissant tomber mollement sur cette chaise en bois.

-Tu joues avec le feu, lui dis-je en riant.
-J'aime ce qui brûle, répondit-il, faisant des mouvements bizarres avec ses sourcils.

J'allais lui en coller une quand le prêtre reprit.

-Vous pouvez maintenant embrasser la mariée.

Mêlés entre les larmes de joies et de nervosités, ils s'embrassèrent sous nos yeux. L'assemblée se leva et applaudit. Que c'était niais... Mais pendant une fraction de secondes, je me vis sur cette estrade, plus belle que jamais dans une longue robe blanche, heureuse et souriante. La personne en face de moi avait le visage flouté, et pourtant, je la sentais tout près de moi. La Lara d'avant m'aurait collé une balle pour penser à ça.

Tout le monde se leva en applaudissant alors je fis de même, soufflant de frustration. Les mariés passèrent à nos côtés, souriant, pleurant, sous un déluge de roses rouges. C'était si cliché que j'avais l'impression d'y avoir déjà assisté. Justin se pencha vers moi et me chuchota:

-On attend le gâteau ou on se tire maintenant ?

Je ris.

-Tu as vraiment besoin d'une réponse ?
-Donne moi dix secondes.

Il alla voir Hailey et dû lui annoncer notre départ car sa mine s'affaissa. Il l'enlaça et revint à moi.

-Aie l'air affolée, j'ai dis qu'un de tes oncles était dans le coma.

Je mis du temps avant de comprendre et fis en sorte de devenir pâle. Je lui lançais un salut de la main et me fis entraîner jusqu'à la sortie du parc. Nous nous installâmes dans sa voiture et il démarra vers une destination inconnue.

-Je connais un restaurant pas mal dans le coin, ça te dit ?

Mon ventre répondit pour moi, faisant rire le boss que j'appelais maintenant par son prénom. J'appelais beaucoup de gens par leur prénom, tous sauf ceux qui m'intimident ou que je dois me mettre dans la poche, et Justin en faisait partis. Je me l'étais mit dans la poche, mais sûrement pas de la façon que j'imaginais. Il ne mit pas longtemps avant de se garer devant un restaurant en bord de mer.

Je sortis, ma robe et mes cheveux soufflés par le vent. Je fermais les yeux et pris le temps d'inhaler cet air salé. Je ne venais jamais à la plage, je n'avais pas le temps, je ne prenais pas le temps. Avant, j'y allais tous les week-end avec mes parents et mon frère, mais après leur mort, sortir n'était plus enviable. Il enroula mes hanches d'une main car l'autre dans sa poche, et m'accompagna jusqu'à l'intérieur. C'était clair, aéré, calme et paisible, tout ce dont j'avais besoin!

Le réceptionniste nous présenta une table pour deux près de la fenêtre. Je commandais une salade composée tandis qu'il prenait un steak et des frites. Puis il se tourna vers moi, ses lèvres roses, ses longs cils, ses cheveux brillants et ses yeux clairs. Le soleil rayonnait derrière lui, m'éblouissant. Il était beau.

En dehors des bureaux, il était tout ce qu'il y avait de plus calme, doux et gentil. Ce type qui me faisait avant peur me rassurait maintenant. Je me rendis compte que j'aimais sa compagnie comme je ne l'avais jamais fais. Il pencha la tête et me sourit, se demandant sûrement pourquoi je le fixais comme tel. Je souris à mon tour, appréciant ce moment paisible. Il passa une main dans ses cheveux et se lécha les lèvres, me faisant sourire à nouveau. Il faisait toujours ça, ce qui avait le don de me faire rire. Je croisais mes bras sur mon buste, le fixant.

-À quoi tu penses ?
-Je crois que je t'aime bien.

Cette simple révélation éclatait pour nous deux. C'était sortit instinctivement de ma bouche, je n'y avais même pas songé. Il hésita entre rire et pleurer, mais il se contenta de faire une grimace, de pencher la tête puis de me sourire de toutes ses dents.

-Est-ce une bonne chose ?
-Ça dépend.

Il fronça les sourcils. Je n'étais pas consciente de ce que je disais, enfin, je préférais me dire ça.

-Et toi ? Que ressens-tu pour moi ?

C'était le genre de questions que je ne pouvais poser à quelqu'un comme lui (ou moi), car y répondre serait se dévoiler, baisser les armes, sauter dans la gueule du loup.

-Je t'aime bien aussi.

Mes sourcils se haussèrent. Je tremblais et claquais ma langue contre mon palet.

-Alors non, ce n'est pas une bonne chose.

Il me regarda de ses yeux crémeux qui me donnèrent envie de pleurer.

-Je ne resterai pas ici, Justin, commençais-je, je ne reste nul part. Je pourrais m'éclipser du jour au lendemain sans donner d'explication à quiconque.
-Je sais, répondit-il, mais essayons de profiter tant que tu es là.

Sa réponse me fit grandement sourire, puis j'eus envie de l'enlacer. Je me contenais, voyant le serveur arriver du coin de l'oeil. Il nous déposa nos plats et s'en alla. Quelques minutes se passèrent dans un silence apaisant. Je regardais les gens sur la plage et m'y voyais avec ma famille. Ils me manquaient tous tellement.

Je ne pensais jamais à eux avant, je me l'étais interdis. Mais maintenant que j'avais réussi à en parler à haute voix, ça va mieux. Des années passées à enfouir ces sentiments, à faire la dure à cuir et à renier le monde humain étaient derrière moi, mais je n'ai plus envie de tout ça. Je veux profiter de la vie sans avoir peur de me faire écraser par la suite.

-La première fois que tu es venue chez moi, nous avons fait un jeu, tu t'en souviens ?

Je hochais la tête.

-Tu m'as affirmé que tu avais déjà utilisé une arme et en suite que tu avais blessé quelqu'un avec. C'était vrai ?

Je haussais un sourcil. Lui mentir ne m'avait même pas traversé l'esprit, alors je lui racontais rapidement l'histoire:

-J'ai tiré sur un type une fois.

Il n'eut aucune réaction, ce qui me perturba. Je pris une grande inspiration et continuais.

-J'ai traîné avec des gars étranges pendant quelques années. L'un d'entre eux a voulu s'en prendre à ma mère, alors je n'ai rien trouvé de mieux que de me procurer une arme et de lui tirer dessus. Je n'avais que quinze ans, alors je lui ai tiré dans l'épaule, mais il n'a jamais recommencé.

Je lançais une tomate dans ma bouche, ne me sentant pas plus concernée par l'histoire. Il pencha la tête sur le côté sous mon regard avide. Il s'avança et m'embrassa. Je souris dans le baisé, mis surprise, mis heureuse qu'il le fasse. Il se détacha et me susurra au coin des lèvres:

-Je t'admire, Briggs.

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