Chapitre 18

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C'est ainsi que nous nous débattons, à contre courant, sans cesse repoussés par le passé.

                                                                            -Gatsby le Magnifique

Bien sûr que nous avons continué ! Les jours qui suivirent, nous ne nous sommes pas lâché d'une semelle. Rien ne nous avait empêché d'avancer main dans la main. Tout était clair: nous nous aimions. C'était étrange pour des personnes comme nous d'aimer, de ressentir, de s'ouvrir. Nous ne connaissions pas ça, enfin, moi moins que lui, mais nous apprenions.

Je vivais toujours chez lui, je dormais toujours dans son lit et mangeais toujours ses toasts. Ses bras étaient maintenant mon refuge et ses lèvres mon paradis. J'allais bien et c'était grâce à lui. Je me perdais en lui, à la fin, nous savions tous les deux que c'était une mauvaise idée, mais nous ne voyons même plus la fin. Nous étions sur notre nuage où tout était calme et paisible.

J'ouvris les yeux, me réveillant après une courte nuit. Nous avions passés la nuit dehors à emmerder les gens en criant dans la rue. Nous étions comme ça, chiants mais attanchants. Ma tête bascula sur le côté, tombant sur son visage endormis. Je souris avant de m'asseoir délicattement, regardant par la fenêtre. Il pleuvait. Je déteste la pluie.

Je me glissais en dehors du lit, les jambes engourdies. Sa main se posa sur mon dos nu. Je le regardais par dessus mon épaule et le vis souriant. Je me re-allongeais à ses côtés et embrassais son torse avant de remonter vers lui. Il caressa ma joue du bout des doigts puis embrassa mon front.

-Je veux que tu rencontres ma mère, fis-je.

Son souffle s'arrêta.

-Me fait pas des plans comme ça dés le matin.

Je sautais du lit, déterminée.

-On part pour l'Australie, maintenant!

Ellipse

Je l'avais alors traîné en voiture, en jet puis en taxis jusque chez ma mère. C'était le moment que nous redoutions tous les deux. Quelques semaines s'étaient écoulées depuis la dernière fois que je suis venue la voir, et c'était pour avoir des réponses. Maintenant tout est clair et je n'ai plus aucune question. Je sonnais alors qu'il pivota pour s'en aller. J'attrapais le col de sa chemise et le tirais vers moi.

-Salope.
-Merci.

La porte s'ouvrit sur ma mère, de la farine sur les joues. Sa bouche s'ouvrit quand elle me vit tandis qu'elle se mit à taper dans ses mains pour ensuite me sauter dans les bras. Ça faisait du bien de la voir.

-Que fais-tu ici ? Demanda-t-elle, un sourire aux lèvres.
-Tu devais le renconter, répondis-je.

Elle se tourna vers Justin alors qu'il se présenta maladroitement.

-Bonjour madame, je suis Justin Bieber.

Elle sourit et évita sa poignée de main pour l'enlacer. Il me lança un petit regard alors que je lui souris grandement. Elle le lâcha, tapa dans ses mains, ne s'arrêtant jamais de rayonner.

-Je suis si heureuse de te voir, me dit-elle, et de vous rencontrer. Entrez ou vos peaux de New Yorkais brûleront au soleil.

Nous entrâmes tandis que ma mère s'accrocha à mon bras et chuchota à mon oreille: "Il descend de Dieu ou un truc comme ça?" Je ris alors que nous nous assîmes dans le canapé. La télé tournait dans le vide et une odeur de gâteau au chocolat enivrait la pièce. Justin s'assit à mes côtés tandis que ma mère alla chercher des verres et du vin puis s'assit sur le fauteuil en face.

-Vous avez une très jolie maison, Madame Briggs.
-Je vous en prie, appelez moi Hanna.

Son sourire étincellent me secouait. Je ne l'avais pas vu si heureuse depuis un bout de temps.

-Ma fille m'a beaucoup parlé de vous, dit-elle en s'asseyant, en bien comme en mal.

Je souriais maladroitement tandis qu'il riait.

-Mais vous n'avez pas l'air si effrayant qu'elle le disait.
-Toi ? Demanda-t-il. Me trouver effrayant ?
-J'étais aussi étonnée que vous, sachant qu'elle n'a peur de rien. Enfin, continua-t-elle, parlez moi de vous.
-J'ai une grande soeur et une entreprise.
-Vous vous résumez à ça ? Demanda ma mère.

Elle ne se voulait pas malsaine ou encore moins hautaine, mais elle n'a jamais su s'adresser aux autres. Tout comme moi.

-J'ai des neveux, un diplôme et une petite amie.

Ma mère rit avant de nous observer un à un, un sourire aux lèvres.

-Vous vous ressemblez tellement, dit-elle, vous me faites penser à moi et Mark.

Sa mine s'affaissa alors qu'elle baissa les yeux. Un sourire restait plaqué sur ses lèvres, comme si elle se remémorait les années en sa présence.

-Mon mari était une personne formidable, fit-elle à Justin, ça me désole que vous ne puissiez le rencontrer.
-J'aurais adoré, répondit-il.
-Sans oublier Jason ! Lui et Lara étaient inséparables. Ils se ressemblaient tellement qu'on les confondais, et ça ne s'est pas arrangé avec les années. Tiens, ma puce, dit-elle, j'ai trouvé de nouvelles photos, elles sont sous la table basse. Je vais vérifier que je n'ai pas brûlé le gâteau.

Elle nous sourit, remit ses cheveux bruns en place et quitta la pièce. Je sortis alors une boite à chaussures avec les coins abîmé et un vieux logo sur le couvercle. J'ouvris la boite et étalais son contenu sur la table. Des photos polaroids, partout. C'était pendant la période de noel, quelques mois avant leur mort. Une d'entre elle attrapa mon regard: moi et Jason étions dessus, souriant comme des attardés. J'étais sur ses genoux, il entourait mes hanches fortement et moi sa nuque. La magie de cette photo m'arracha un sourire.

-Tu avais des mèches rouges ? Demanda Justin, riant.
-J'avais commencé à me tourner vers l'émo à cette époque.

J'en trouvais d'autres: celles de mon anniversaire, du sien, quand nous avons eu notre chien, lui à un match de hockey, moi à celui de base-ball.

-T'étais super sexy pour une gamine de quinze ans, fit Justin, j'aurais tout fait pour t'avoir dans mon lit.

J'étais toujours avec Jason, sur toutes les photos, sauf celles qui suivirent cet été tragique. Les autres étaient maussades, sans joie, sans aucune expression. J'étais seule, parfois avec ma mère. Il n'y avait que quelques photos de cette époque, résumant la suite des évènement. Les larmes me montèrent rapidement. Je me levais brusquement et lançais:

-Je vais te faire visiter.

J'attrapais sa main et le guidais à travers différentes pièces. Nous passâmes par la cuisine, le jardin, la salle de bain, ainsi que le bureau de mon père. Tout était là, rien n'avait changé d'emplacement. Son ordinateur était toujours ouvert et sa tasse toujours à sa place. Puis nous montâmes à l'étage où je lui montrais la deuxième salle de bain, la chambre de mes parents, et enfin celle de Jason.

-Elle ressemble à la mienne, dit-il, scannant la pièce. Pourquoi ne pas vendre ses affaires ?

Mes yeux sortirent de leur orbite.

-T'es fou, fis-je.
-Ça serait plus facile pour vous.
-C'est plus simple pour nous de penser qu'ils vont revenir que de se dire qu'ils sont mort.

Ses lèvres se pincèrent en une ligne droite alors qu'il posa une main sur mon épaule. Je fermais la porte grinçante et pivotais, me retrouvant devant la porte de ma chambre. J'ouvrais la porte et entrais, suivis de mon petit ami. Il rit en voyant les posters de vieux groupes sur ces murs.

-T'étais plus du genre Led Zeppelin et moi Tupac.
-Je déteste Led Zeppelin mais j'adore Tupac.

Il ria en se laissant tomber sur le lit. Sa masse se dessina dans un nuage de poussière qui nous fit tousser.

-T'as pas dormis ici depuis combien de temps ? Demanda-t-il.
-Des années, fis-je, je ne dors plus dans cette chambre, elle est pleine de... souvenirs horribles.

À chaque endroit où je posais les yeux entre ces quatre murs, je voyais une bribe de mon passer. Aucune d'elle n'était glorieuse et encore moins joyeuse.

-Alors on va en faire des plus joyeux.

Il se leva, m'attrapa par les hanches et embrassa mes lèvres. Il nous fit tourner comme si nous dansions un slow. Je roulais des yeux et m'écartais, le faisant rire. Il attrapa mes fesses dans ses paumes et mordit mon cou pour finalement poser son menton sur mon épaule.

-Ta chambre dévoile beaucoup sur ton passer.

Je ne répondis pas.

-Les feuilles de tabac, les bouteilles vides, les draps sales, les vêtements poussiéreux... C'est triste.
-Je l'étais, dis-je.
-Et maintenant ?
-Je suis heureuse.

La porte s'ouvrit, le faisant lâcher mes hanches et s'écarter quelque peu.

-Vous venez manger ? Demanda ma génitrice.

Nous hochâmes la tête et descendîmes derrière elle. Nous nous assîmes, elle en face de nous. La table était remplie de nourriture, à tel point que l'on ne voyait plus la nappe.

-Maman, tu as fait beaucoup trop, lui dis-je.
-Vous êtes jeunes, vous devez manger, répondit-elle, au fait, quel âge avez vous Justin ?
-Le même âge que votre fille, fit-il.
-Vous avez l'air d'avoir réussit dans la vie, dit ma mère, on vous y a poussé?
-Mon père était absent et ma mère malheureuse, alors j'ai tout fait pour qu'elle soit fière de moi et voit la vie du bon côté. J'ai fait de courtes études pour ramener beaucoup d'argent et construire cette entreprise que j'avais en tête depuis un bon bout de temps.

Ma mère souria et me lança un regard qui me fit rire.

-Elle doit être très fière de vous de vous voir à ce stade professionnel.
-Elle l'était, répondit-il, souriant.

Sa mort l'affectait toujours, mais il arrivait maintenant à parler d'elle sans sombrer.

-Elle-

Je fis un signe de tête à ma mère, lui disant de s'arrêter là. Elle fronça les sourcils.

-Elle est décédée, fit-il, il y a quelques mois.
-Je... Excusez moi.

Il lui sourit simplement.

-Votre fille m'a beaucoup aidé durant cette période. Elle m'a empêché de faire beaucoup de faux pas.
-Ma fille a aidé quelqu'un ? Dit-elle, me riant au visage.
-J'ai pris conscience de beaucoup de choses.
-J'ai vu mon coeur, j'ai vu. Allez, fit-elle en tapant dans ses mains, mangeons!

Ellipse

-Tu sais, je t'ai entendu parler à ma mère plus tôt.

Il tourna la tête vers moi, froissant l'oreiller.

-Tu as tout entendu ? Demanda-t-il.
-Du début à la fin.

Flash back

-Excusez moi, lançais-je.

Je quittais la table pour me diriger vers les toilettes. Je fus à peine en dehors de la pièce que ma mère dit:

-Aimez-vous ma fille ?

Je restais en stand by derrière le mur, les écoutant attentivement.

-Bien sûr, répondit Justin, elle compte énormément pour moi.
-Et elle tient à vous. Vous savez, continua-t-elle, je ne l'ai jamais vu si... vivante et resplendissante.
-J'en suis heureux, Hanna. Elle m'a ouvert les yeux et changé du tout au tout et... je sais que je l'aime, bien contre moi... fit-il doucement.
-Pardon ? Demanda maman.
-Je sais qu'elle peut s'en aller du jour au lendemain et me laisser comme si je n'étais rien.
-Je ne pense pas, répondit-elle, elle vous aime, elle ne partirait pas.
-Vous n'en êtes pas sûre, ria-t-il.
-Elle est imprévisible, personne ne peut savoir ce qui lui traverse la tête.

Fin du Flash back

-Je ne compte pas partir Justin.

Il ria, me glaçant la peau.

-Pour l'instant.
-Écoutes, fis-je, m'appuyant sur un coude, je ne pense pas à le faire.
-Tu y penseras.

Je soufflais et m'assis, faisant un courant d'air sous les draps.

-Ferme ta gueule, répondis-je, plus tu y penseras plus je le ferrai et plus j'aurai envie de le faire.

Il s'assit à son tour. La lumière filtrée par les volets éclairait légèrement nos visages et ma chambre d'ado.

-Je veux juste m'y préparer bébé, tu m'as rendu faible et je n'ai pas envie de rechuter.
-Tu es fort, Justin, fis-je, attrapant sa nuque d'une main.

Il me regarda enfin dans les yeux, toujours sur ses positions.

-Dis moi, dit-il, penses-tu à partir ? Imagines-tu ta vie sans moi ? Après moi ?
-Oui, répondis-je, ça m'ait arrivé. Et toi ?
-Je n'y arrive pas.

Sa voix était perturbée, vibrante, sombre... Il était dans un état second.

-J'ai besoin de toi dans ma vie Lara.

J'embrassais sa joue, m'asseyant sur lui.

-Arrête d'y penser et aime moi aussi fort que tu le peux.

Il m'enlaça, plongeant son visage dans ma nuque, enroulant ses bras autour de ma taille. Je passais mes mains dans ses courts cheveux puis derrière ses oreilles. Je me reculais et déposais mes lèvres contre les siennes.

-Peu importe mes choix, tu resteras l'homme de ma vie à jamais.

Il n'était sûr de rien, dubitatif, perdu. Ça me gênait, je me sentais fautive. J'avais envie de rester avec lui mais la fuite m'appelait. Je pensais à partir comme à construire un futur avec lui. Je pourrais très bien partir avec lui pour le garder avec moi, mais ce n'était pas possible.

Je voulais prendre soin de lui, de moi, de nous. Et pour ça, j'avais besoin d'espace. Je ne voulais aucune attache et il le savait. Je devais partir pour comprendre tout ce que je ressentais. Enfin, je sais ce que je ressens, c'est seulement une façon de moins culpabiliser.

C'est ça le problème. Je ressens l'empathie, la jalousie, l'inquiétude, la douleur... Je ne veux pas de ça dans ma vie, je ne veux pas de ça en moi. Voilà sûrement la raison qui me pousserait à partir: la douleur de l'amour.

Et c'est en embrassant ses lèvres que je pris conscience que l'abandonner était la meilleure idée.

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