Hexagone: L'Ère des Porteurs

Hexagone 7 - Héros

Dans le paysage enneigé, une femme courait, épuisée avec un homme sur son dos. La femme, rousse, pleurait non pas de tristesse, mais de rage. Une rage colossale qui la galvanisait. À chaque fois qu'elle se croyait à bout de forces, elle se rappela de l'homme qu'elle portait et alors, une vague d'énergie la regagnait et elle courait plus vite encore. Ravalant sa colère, elle mit de côté sa soif de vengeance pour donner tout ce qu'elle avait.

Au bout de plusieurs heures, sans s'en rendre compte, elle heurta une grande porte en métal.

-Eh, c'est qui ? Elle est rousse, ce serait pas Elise ? Se questionna un homme.

Il mit en joue la femme au sol pour la regarder à travers la lunette de son fusil.

-Si ! C'est elle, ouvrez-lui !

Les épaisses portes d'acier s'ouvrirent et les gardes réceptionnèrent la femme inconsciente. Ils saisirent l'homme qu'elle portait et l'emmenèrent.

Elise ouvrit les yeux brusquement. Elle était allongée dans un vieux lit. Elle essaya de se lever mais ses jambes étaient douloureuses, ses mouvements étaient entravés. La rouquine observa aux alentours. Elle reconnut sa grande chambre du quartier général de l'Étincelle. Ce n'est que quelques secondes plus tard qu'elle vit une femme aux cheveux bruns coupés courts qui portait une armure, assise au fond de la pièce.

-Annah ? C'est toi ? Baragouina avec difficulté.

La femme en question réagit.

-Elise ? Je suis contente que tu sois réveillée. Comment tu te sens ? Demanda Annah, se levant de sa chaise.

Elise se remémora la bataille contre l'Escorteur. Les morts d'Esther et Rebecca. La rage méconnaissable d'Aïden. Son visage pâlit et son expression devint plus triste.

Annah se rapprocha d'elle dans un bruyant vacarme métallique.

-Ça va ? Demanda-t-elle.

Elise acquiesça calmement.

-Qu'est-ce que tu faisais, hier ? Les gardes t'ont trouvée écroulée devant les portes. Je ne suis arrivée que très tôt ce matin donc je n'en sais pas plus que les autres. Demanda-t-elle.

Elise réagit au quart de tour.

-Il est où ? Dis-moi où est Aïden ? Dis-le-moi vite ! Cria-t-elle, paniquée.

-Quoi ? Mais de quoi tu parles ? Aïden est mort, il y a huit ans, tu te souviens ? Toi, t'as l'air d'avoir pris un sacré coup sur la tête, dis donc.

-Non, je l'ai trouvée, il est vivant ! Je l'ai amené avec moi, il était avec moi ! Continua-t-elle.

Annah se précipita et releva Elise pour l'emmener avec elle.

-Non mais qu'est-ce qui vous a pris d'enfermer notre seul espoir ? Bandes d'incapables ! Criait Annah à ses soldats en se rendant au bâtiment-prison avec eux et Elise.

-Je suis désolé, mais pourtant il ne correspond pas au signalement que vous nous avez donné, on ne pouvait pas savoir ! S'expliqua l'un des gardes en la suivant tant bien que mal.

Quelques secondes plus tard, au travers des barreaux d'une cellule, Annah et Elise virent le jeune homme aux cheveux blancs. Annah se saisit des clés et ouvrit la porte. Elise ne se fit pas attendre et rejoignit Aïden aussi vite que son corps le lui permit.