« Comment tu te sens ?
- Minable.
- Tu veux m'en dire plus ?
- En fait, je ne suis pas sûr que parler à quelqu'un me fasse du bien. Ça fait combien de temps que je vous vois ? Ça fait combien de temps que je vous parle de tous ce qui me fait chier dans ma vie ? Des semaines et des semaines. J'n'vais pas mieux. Pas mieux du tout. J'ai le cœur qui se brise, tout doucement. J'ai des nausées, des crampes d'estomacs, des cauchemars à répétition, des hallucinations. J'n'vais pas bien, pas bien du tout.
- Il y a autre chose que tu voudrais me dire ?
- J'ai voulu me mettre torse nu aujourd'hui, comme tous les autres garçons de ma classe. Parce qu'il faisait chaud et qu'on jouait au foot. Et je suis resté en pull. Un pull en coton qui tient bien, bien chaud. Le genre de truc qu'on met seulement en hiver. Et vous savez pourquoi ? Parce que j'ai honte. J'ai honte de moi. Pourtant, je suis bien foutu, sans me vanter. Vraiment, je me trouve pas mal mais j'ai honte. Puis, j'ai l'impression que si j'me déshabille, ils vont tous voir comme j'suis mal, comme j'suis blessé, brisé, perdu. Alors j'ai arrêté de jouer pour ne plus avoir chaud.
- Et si tu me parlais de tes bleus ? Il y en a sur tout ton corps. Je le sais. J'ai une feuille de tes examens médicaux. Tu as dit au médecin qui tu étais tombé. C'est pour ça que t'as honte ? Si tu m'en parlais ?
- J'n'peux pas, docteur.
- C'est la seule chose qui manque dans le processus, Nahel.
- Alors on devrait arrêter ici. »Je pousse la couette qui recouvre mon corps en soupirant de fatigue. Il y a une brune à côté. Je la regarde pendant quelques secondes. Elle finit par ouvrir les yeux et attrape ses cheveux pour les attacher en chignon. « Salut. » Je lance alors qu'elle cherche ses habits des yeux. Je les lui ramasse et les lance sur le lit. « Merci. » Elle lâche timidement. C'est qui, elle, au juste ? Je n'étais pas bourré au point de me taper une meuf. Je secoue la tête et la regarde enfiler son pull. « On a rien fait. Je cherchais juste un endroit où dormir. » J'hausse rapidement les épaules et essaie d'enlever la grimace qui s'était installée sur mes lèvres. « Je pense que Logan et Valérie sont allés acheter des trucs à manger. » Elle voit que je ne comprends pas trop et reprend : « C'est toujours les mêmes qui restent dormir ici. Tu sais, Erwan, Stacy, Victoire, tout ça, tu les connais, non ? » J'hoche la tête et elle me lance un sourire. Je m'éclipse dans le couloir et entre dans la salle de bain, le nom étant indiqué sur la porte.
Quand je descends les escaliers, j'entends déjà des personnes parler entre elle. La maison est propre, ils ont dû ranger le bordel de hier. Ça sent le pain grillé et mon ventre cri famine. Je me frotte les yeux, toujours mal réveillé. J'ai les cheveux humides et je tire sur mon pull pour qu'il s'ajuste correctement. « Saluut. » C'est Erwan qui m'aperçoit le premier entrer dans la cuisine. Je prends place sur la chaise à côté de lui et réponds un « S'lut » discret. Il rigole et me demande si je veux du jus d'orange, je réponds positivement en me faisant des tartines à la confiture. Stacy est déjà sur son portable et la fille avec qui j'ai passé la nuit – elle s'appelle Laura et maintenant que je me rappelle, elle est dans un de mes cours- parle avec celle que je suppose être Valérie. Logan, celui qui a organisé la soirée et entre autre, le gars qui habite dans cette maison, avale son verre de lait d'une traite.
« Logan, doucement. » Valérie lance, outrée. Donc Logan est bien ce gars-là, j'ai ma confirmation.
« Je fais ce que je veux. » Il lui sourit hypocritement et alors que mon regard scrute la pièce, je les vois sur une photo, ensemble avec ce que je suppose être leur parent. Ils sont frère et sœur, ok.
« La soirée t'a plus ? C'est la première fois, que tu viens ici non ?
- Ouais, c'était cool. » Je bois mon jus d'orange et regarde l'heure. Je n'ai pas cours le samedi, ni le dimanche d'ailleurs, donc j'ai la journée pour moi.Victoire entre dans la pièce à ce moment-là, les cheveux détachés et les petits yeux du matin. Elle porte une robe blanche et lance un sourire à tout le monde. « Salut bébé ! » Erwan cri et pousse la chaine en arrière puis lui saute dessus. Tout le monde rigole et je me rends compte qu'ils doivent se connaitre depuis bien plus longtemps que je ne le pensais.
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YOUNG
Storie d'amoreNahel a passé dix ans de sa vie avec un père soul, drogué, dépressif. Nahel a marché des jours entier à la recherche d'un nouveau foyer, avec de l'électricité. A dormir dehors, fouiller les poubelles, économiser le peu d'argent qui lui restait. Epui...