7 trèfles

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Une semaine. Cela fait exactement une semaine que j'ai commencé les cours à l'université. Une semaine de bonheur mais aussi de galère. Erwan et Stacy sont plutôt cool, je les ai souvent aperçus dans les couloirs. Comme Victoire, toujours un livre à la main, ses cheveux attachés en queue de cheval pendant les cours puis détachés le reste du temps. Son petit nez et ses lèvres rosés. J'ai remarqué quelques petites trucs, genre... pas vraiment important et je ne sais même pas pourquoi je les ai remarqués. Elle porte, la plupart du temps si ce n'est quatre-vingt-dix-neuf pourcent du temps, du gloss, un léger rouge à lèvres ou du rouge Français, si je peux dire ça comme ça.  Et merde, qu'est-ce qu'elle est belle, avec ses petites taches de rousseur sur le nez et au-dessous des yeux. Puis ses lèvres, encore et toujours et ses yeux verts et puis... Il y a tout de beau chez elle et c'est un putain de gros problème.  J'aurais voulu préféré Stacy, parce que tout serait plus simple. Ne préférer personne du tout, ce serait vraiment super bien aussi. Enfin, d'un côté, je ne préfère personne mh. Je la trouve jolie, simplement. Tout simplement.

Pour passer, j'ai aussi eu de belles merdes cette semaine. Je me souviens encore du matin où la bibliothécaire m'a chopé entrain de dormir. « Tu n'as pas le droit de passer tes nuits, ici. » Elle a secoué la tête, navré. Un regard de pitié plaqué sur son visage. « Si je te revois, je vais devoir prévenir la direction. Je laisse passer pour cette fois. » J'ai haussé les épaules et je me suis barré. Sans m'excuser, j'avais envie de lui cracher à la gueule. De lui hurler ma colère, mais je n'ai rien fait. J'ai juste attrapé mon sac posé dans le coin de la pièce, et je suis parti. Une grimace scotchée sur la face. Aussi simplement que ça. Au fond, ça m'a fait un peu mal. Au fond, il y a ce truc qui s'est brisé, comme de l'espoir, ou du moins, ce qu'il en restait.

    « Un peu de toi est entré en moi pour toujours et m'a contaminé comme un poison. »

La fille de papier - Guillaume Musso

J'ai glissé cette citation, écrite sur un morceau de papier bleu pastel, dans son casier. Un papier qu'elle m'avait passé pour écrire le reste de mon cours alors que j'avais oublié mon bloc note dans le casier. Je ne sais pas si elle va le prendre comme une déclaration d'amour. Ce n'est pas ça. C'est juste une phrase que j'ai trouvé jolie et que j'aurais pu seulement lui dire, à elle. Je ne sais pas vraiment pourquoi, c'est juste l'instinct, j'imagine. Mais ce n'est pas une déclaration d'amour. Ca ne l'est pas.

    Personne n'est dans la salle de sport aussi tôt ce matin, j'en profite pour m'échauffer tranquillement. Le soleil vient à peine de se lever et mon premier cours n'est que dans deux heures. J'ai du temps devant moi. J'ai besoin de me réchauffer parce que la nuit a été courte et dure. Elle a aussi été froide, comme toutes les nuits. J'ai bien failli chialer comme un gosse de quatre ans parce que je crevais de faim, et que j'avais froid.

    « Salut. » Erwan entre dans la salle, un sac de sport sur le dos.

    « S'lut. » Je réponds, en prenant ma serviette pour m'installer sur une autre machine.

    « Mauvaise nuit ? » Il demande en rigolant. J'hausse simplement les épaules.

    « Mon lit n'est pas super confortable. » Je sais que je ne devrais pas dire ça. C'est presque de la provocation, s'il savait. D'un côté, qu'est-ce que j'en ai à faire, pas vrai ? J'en ai juste ras le bol parce que je vais clamser un jour. L'hiver est loin d'être fini et les nuits sont froides, de plus en plus froide.

C'est seulement une heure plus tard, alors que je suis sûr une nouvelle machine, que j'aperçois les cheveux blonds de Stacy passer la porte. On l'entend de loin, en fait. Erwan a ses écouteurs alors il n'entend rien jusqu'à que ma petite brune lui tapote l'épaule. Il l'enlace.

YOUNGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant