Nos débuts part -4-

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 PDV de Yassine

 -" Vous faites vraiment pitié MABROUK!" 

 Je me tourne vers elle et vois un demi sourire qui pointe le bout de son nez sur son visage ridé. Le silence des occupants de la classe s'éternise depuis ma petite déclaration et j'ai l'impression que les seules personnes qui existent à ce moment sont Sarah, Cruella et moi.

-" Vous comprendrez, quand vous serez un homme MATURE... c'est à dire dans TRÈS TRÈS longtemps, que l'amour ne vaut pas la peine de compromettre votre avenir, encore moins une amourette de petit lycéen qui vit une idylle sans lendemain. Alors je vous conseille vivement de vous concentrer dans vos études afin d'améliorer vos médiocres notes et de laisser tomber ces futilités sans importance si vous espérez un jour réussir votre vie"

Cette fois-ci ça en est trop! Jusqu'ici j'ai toujours su répondre à ses attaques sans la pousser à bout. Ce qui m'a d'ailleurs évité pas mal d'embrouilles qui auraient pu me coûter cette année que je veux réussir à tout prix. Rabaisser, humilier et attaquer tout ce qui bouge c'est sa spécialité, on l'a compris, mais y'a des limites. Et bon sang pour qui elle se prend pour juger la nature de mes sentiments envers Sarah et oser les qualifier d'"amourette de lycéens "ou encore d'"idylle sans lendemain" ...il est clair que là, elle a atteint MA LIMITE !

-" Est-ce qu'être mature c'est être comme vous ...Mme Norbert?"

Lui dis-je d'un ton sec et direct en la scrutant d'une paire d'yeux perçante et menaçante qui reflète certainement ma détermination à freiner ses ardeurs .

Sa bouche s'entre-ouvre mais ne laisse échapper aucun son. J'en profite pour me lancer et déballer tout ce que j'ai rêvé de lui dire depuis bien trop longtemps.

-" Parce que si c'est le cas, je préférerai rester immature toute ma vie..." 

(Des bourdonnements et des murmures commencent à se faire entendre derrière moi dans toute la classe lorsque je prononce cette phrase d'introduction qui en dit long sur la suite, mais, toujours fidèle à ma nature, une fois que je me lance plus rien ne m'arrête.)

-"  Vous savez..." (je me lève et appuie mes deux poings sur la table en me penchant légèrement en avant histoire de m'affirmer d'avantage) " je vous ai longtemps observée pendant le cours, votre attitude, votre façon de dénigrer les autres, de dévaloriser même les plus brillants de vos élèves comme pour vous prouver à vous-même que vous valez mieux qu'eux et qu'ils n'arriveront jamais à votre niveau d'excellence. Et maintenant que vous me dites ça, c'est drôle mais je comprends beaucoup mieux pourquoi vous êtes devenue ce que vous êtes."

Son visage se crispe, ses rides se creusent d'avantage et ses sourcils se rejoignent au milieu de son front pour exprimer une colère naissante mais loin d'être semblable à la mienne qui continue de s'exprimer sans relâche.

-" Je présume que vous avez vous-même préféré vous construire une carrière et mettre de côté toute possibilité de vous attacher à une personne ou de tomber amoureuse pour pouvoir y arriver. Vous êtes clairement le fruit de ce PRÉCIEUX "conseil" que vous venez de me donner. Et vous avez clairement réussi à vous créer une place parmi les meilleurs car je l'admets, oui, vous êtes excellente prof de maths.Mais quand je vous vois, je n'ai en aucune façon la moindre envie d'être comme vous, et là, je ne parle pas que pour moi, mais pour chacune des personnes ici présentes qui, au delà de votre carrière, ne vous respecte pas."

-"COMMENT OSEZ-VOUS ?!!!!" crie-t-elle complètement sidérée par l'audace de mes propos. 

     Mes ses cris ne sont plus que murmures pour mes oreilles vu l'étendue de ma colère qui me fait bouillir de l'intérieur malgré mon air blasé et indifférent. Je lève une main en l'air pour la faire taire et continuer mon monologue. C'est comme si les rôles étaient inversés à cet instant, que c'était moi le prof et elle l'élève à martyriser. Je suis hors de moi et j'ai besoin que ça sorte.

Ma vie sans luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant