En danger

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PDV De Sarah

-"Prenez la prochaine sur la droite s'il vous plaît"

-"Entendu"  Répond le chauffeur de taxi à la demande de Yassine avant de faire un léger coup de volant qui nous dirige vers une ruelle que je ne reconnais pas.

Je tente de regarder discrètement à travers le rétroviseur du côté passager en calmant les palpitations naissantes que je ressens au niveau du coeur et constate que le quatre-quatre noir aux vitres fumées nous suit toujours.

Quel cliché... Ils auraient pu choisir une voiture plus discrète mais je n'ai pas du tout l'impression que ceux qui nous suivent cherchent à faire profil bas.

-"On fait quoi maintenant?" Dis je à l'intention de Yassine qui a les yeux rivés sur la route et la mâchoire si serrée qu'elle dénonce l'ampleur de sa concentration et de l'inquiétude qu'il tente de dissimuler.

-"Fais-moi confiance" Répond-il sans quitter la route des yeux.

Je prends une profonde inspiration et lui dis: "Ok..." en expirant l'air de mes poumons en même temps.

-"Maintenant tournez à gauche puis prenez la deuxième sur la droite et foncez jusqu'au bout de la ruelle aussi vite que possible s'il vous plaît, il y aura un croisement, c'est là qu'on va descendre"

Le chauffeur qui n'a pas l'air de soupçonner quoi que ce soit, trop concentré sur la musique assourdissante au rythme bollywoodien qui émane de sa chaîne radio, acquiesce d'un mouvement de tête et suit exactement les consignes tandis que Yassine me chuchote à l'oreille:

-"Prépares-toi, on va devoir courir"

Arrivés au croisement, Yassine me donne un coup de coude pour me signaler de descendre rapidement et tend deux billets au chauffeur en lui lançant:

-"Merci, gardez la monnaie!" tout en quittant le véhicule à la hâte. Je jette instinctivement un regard derrière nous et voit la voiture apparaître au bout de la rue et accélérer frénétiquement pour nous atteindre en nous voyant descendre.

Troublée par la scène presque irréelle qui se produit sous mes yeux et qui confirme de plus en plus qu'on est indéniablement en danger, je me fige l'espace d'une seconde et ne sors de ma torpeur que lorsque Yassine me prend brusquement par la main en s'empressant de m'introduire à l'intérieur d'un bâtiment à l'aspect clairement négligé et en m'incitant à accélérer le pas pour suivre son rythme effréné.

Nous passons à travers un petit passage étroit qui nous mène à une rue parallèle à celle où on se trouvait. Nous nous faufilons ensuite entre les différents immeubles qui la constituent et nous courrons sans relâche jusqu'à l'arrière d'un restaurant visiblement encore fermé. 

Yassine s'arrête à son niveau tout en inspectant nos arrières, m'obligeant ainsi à m'arrêter à mon tour pour reprendre un semblant de souffle en toussotant comme une malade. Une fois assuré qu'il n'y avait personne derrière nous, il sort un trousseau de clés de sa poche, en-fourre l'une d'elles  dans la serrure de la porte arrière du restaurant et parvient hâtivement à l'ouvrir. Il me tire à l'intérieur et la referme aussitôt derrière lui avant de s'appuyer dessus tout en sueur pour reprendre à son tour une respiration régulière suite au marathon qu'on vient de courir.

    Tout en essayant de rassembler mes esprits, j'inspecte du regard l'espace qui m'entoure et distingue entre la vaisselle propre et soigneusement rangée dans un coin de la pièce et les cartons de conserves superposés à ma droite, un tablier accroché à l'arrière de la porte qui mène très certainement à la salle principale du restaurant. Mais ce qui attire le plus mon attention sur ce tablier c'est l'enseigne:" LE GOURMET" qui est tissée dessus en grandes lettres dorées.

Ma vie sans luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant