2. Fantasme

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Thème de juillet 2017 : Fantasmes
(Ce qui apparait en italique est en espagnol dans le texte)

Ses yeux riaient. Ils riaient et c'était ce qui avait fini par faire tomber les barrières de l'interdit que Claire avait dressé entre le monde et elle.

A l'origine, tout ceci n'était qu'une vaste blague. Fantasmer sur leur sexy professeur d'espagnol n'avait été qu'un jeu pendant un temps entre la bande d'amies. Et puis il y avait eu ces yeux. Ces satanés yeux entre le brun et le noir au fond desquels se cachait un rire qui n'osait pas sortir.

Ces yeux qui avait fini par la captiver et l'emprisonner.

Elles en rigolaient entre elles. Toujours et encore. Enrique était la personne qu'elles « ramèneraient bien dans leurs valises quand elles rentreraient en France ».

Cependant, pour Claire c'était plus que ça. Doucement, sournoisement, elle avait fini par ressentir plus qu'une simple attirance. Le sentiment était plus profond mais bien moins sage et innocent. Etait-ce sexuel ? Oh que oui ! De l'amour ? Non, certainement pas. Il y avait entre eux quelque chose d'électrique, de sauvage ; et quand leurs regards se croisaient, ils savaient tout deux ce qui était sous-entendu dans la tension palpable qui régnait entre leurs corps.

Alors quand Enrique entrait dans la salle de cours, les cheveux désordonnés comme s'il venait tout juste de s'éveiller, le regard souriant et un rire flottant tout près de ses lèvres, le cœur de Claire s'enflammait et commençait à danser la gigue tandis que tout le reste de son corps ne demandait qu'à toucher le trentenaire. Peau contre peau.

Il s'était développé entre les deux jeunes gens une relation spéciale, faite de non-dits et de sous-entendus, d'œillades à la dérobée et de sourires implicites.

Mais malgré le fait qu'ils soient tout deux adultes et consentants, ils ne se permettaient pas de laisser aller la fougue tapie en eux. Ils considéraient ne pas en avoir le droit et sans leur rapport élève/professeur alors peut-être que...

Roxanne poussa un soupir à la gauche de Claire.

- Ce n'est pas possible... Les espagnols ne sont pas fichus d'arriver à l'heure ou quoi ?! se plaignit-elle.

Claire rit. Effectivement, leurs professeurs espagnols, peu importe lequel, avaient la mauvaise habitude d'arriver pile à l'heure, si ce n'est quelques minutes après l'heure supposée de début de cours.

- C'est ça de s'expatrier ! Il faut vivre avec les meurs locales, lui répondit la brune, un sourire moqueur affiché sur son visage rond.

Les jeunes femmes avaient en effet décidé de continuer leurs études en Espagne. Sa voisine s'étendit sur la table comme un chat s'étend auprès du feu.

- Mais quand même... grommela-t-elle. Ce n'est pas sympa de nous faire attendre.

Claire haussa les épaules de dépit avec un sourire. Quoi qu'il en soit, elle ne pourrait rien y faire. Après quelques minutes d'attente, la porte s'ouvrit enfin sur leur professeur.

Ce matin, Claire avait bouclé ses cheveux raides. Elle avait eu quelques compliments tout au long de la journée mais elle n'attendait que de voir la réaction d'Enrique quand il verrait le changement. Quand le brun entra dans la pièce avec son faux air débraillé de toujours et qu'il salua la classe, un sourire mutin apparu sur les lèvres de Claire.

Leur regard se croisèrent. Brun contre noisette. Enrique se figea et marqua inconsciemment une pause alors que la surprise transparue un instant sur son visage. Il reprit contenance. Seule Claire avait pu remarquer la lueur qui s'était allumée dans ses yeux sombres.

Un mois, une histoire [recueil d'OS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant