11. Le chant des fleurs

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Thème d'avril 2018 : Hédonisme

Le soleil brillait haut dans le ciel, les nuages passaient paresseusement entre deux rayons et les oiseaux chantaient joyeusement entre les branches qui leurs offraient un refuge dans lequel la fraicheur de la nuit s'attardait encore. Ici, la nature avait commencé à reprendre ses droits. Quelques champs encore cultivés, une route de campagne sinueuse et les villages alentours étaient les seuls témoins de l'activité des hommes qui n'étaient jamais bien loin.

Mais ça, la Nature ne s'en préoccupait pas, et elle accueillait tout le monde à bras ouvert. En son sein, une famille de renards s'ébattait joyeusement sous les églantiers, le jeune coucou entonnait son chant maladroitement et quelque part, une jeune femme profitait d'une promenade en forêt pour croquer la vie qui s'épanouissait autour d'elle et l'immortaliser sur son carnet de dessin. La Nature se contentait de vivre.

Elle poussait, s'étendait, grignotait la moindre parcelle laissée à sa disposition. Près d'une route sur laquelle presque plus personne ne passait, une vieille maison laissée à l'abandon s'était transformée en champs sauvage. Quelques pierre, vestiges de ce qu'elle avait été, traçaient la lisière de ses murs qui n'existaient plus. Un muret envahi par le lierre délimitait un domaine qui appartenait autrefois à l'homme.

Un rire joyeux et espiègle s'éleva entre les fleurs sauvages, faisant frémir la tranquillité sereine qui régnait dans le fantôme de la bâtisse. Une touffe de cheveux noirs ébouriffés se faufila entre les plantes qui la surplombaient. Très vite, elle atteignit le petit muret de pierre et deux petites mains s'emparèrent du lierre pour que le petit garçon qui les suivait puisse s'élever au-dessus de ce monde de verdure. Une fois qu'il eut réussi, l'enfant posa ses mains sur ses hanches, et de ses yeux bruns, il toisa les plantes comme s'il était leur souverain.

- Bellis ! Reviens !

Le brun se tourna vers l'endroit d'où provenait le timbre clair. Perdue au milieu des fleurs, une petite fille le regardait, une lueur inquiète au fond de ses yeux bleus.

- On n'a pas le droit d'être là ! Viens, on rentre, demanda-t-elle avec des reproches dans la voix.

Un sourire malicieux s'afficha sur le visage du garçon qui reprit sa course folle avant de disparaitre dans le petit sous-bois sous les appels de son amie qui le suivit malgré tout. Il galopa, manqua de tomber mais continua. Il aspira l'air à plein poumon et les branches basses lui griffèrent le visage alors qu'il courrait comme s'il cherchait à s'envoler. Il était libre.

Quand Bellis s'arrêta, à bout de souffle, il était au milieu d'arbres fruitiers qui ne demandaient qu'à être délestés de leur fardeau. Plié en deux, tentant de reprendre sa respiration, il attendit son amie comme si de rien n'était. Quand elle arriva enfin, il lui lança un grand sourire, heureux qu'elle l'ait suivi. Derrière ses cheveux châtains, ses yeux océan le fusillèrent du regard. Elle était en colère. En colère parce qu'encore une fois, Bellis, comme un chat des rues, faisait ce qu'il lui plaisait.

- Bon, on rentre maintenant ? supplia-t-elle presque.

Mais le garçon n'était pas du même avis. Sans lui accorder plus d'importance, il s'avança dans le verger de son pas léger. La petite fille le regarda faire, désespérée. Elle jeta un œil vers le passage qu'elle venait d'emprunter ; elle n'avait qu'à rebrousser chemin et elle n'aurait certainement aucun ennui. Mais Bellis était devant elle, il continuait sa route comme si de rien n'était et elle n'avait pas envie de le laisser seul. Ils étaient amis après tout.

Alors elle s'élança jusqu'à pouvoir le rattraper. Ils parcoururent un moment le champ d'arbres, le brun dévorant les fruits du regard alors que sa camarade rechignait à ses côtés.

Un mois, une histoire [recueil d'OS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant