Une robe blanche pour Sadie

Chapitre 12

Sadie se regarda pour la énième fois dans le miroir. Elle fit une moue et soupira. C'était la troisième robe qu'elle essayait pour cette fête d'enterrement de vie de jeune fille. Qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter? Parce qu'elle était seule le soir et ceci depuis près d'un mois et demi? Mais ça avait été de même pendant des années et cela ne l'avait jamais vraiment dérangé. Ou c'était plutôt à cause de Soraya avec qui elle s'entendait bien et elle voulait aller à cette fête pour vivre ce qu'elle aurait dû vivre à 16 ans mais qu'elle n'avait pas vécu. Mais ce soir,elle avait cette chance.
Elle se tourna à nouveau devant le miroir et sourit. Elle prendrait celle-ci. La jolie robe rose bonbon était parfaite pour une fête de ce genre.  Et puis peu importe, ce n'était pas une fête officielle. Sur cette pensée,la jeune femme prit son petit sac à main et récupéra une veste dans l'armoire au cas où il ferait frais. Elle regarda l'heure et se hâta de sortir.
Trente minutes plus tard,elle garait son auto devant l'hôtel que Sadie avait réservé pour la soirée. Elle se regarda une dernière fois dans le miroir et sortit de l'auto. Elle appela Soraya pour avoir si elle avait récupéré les clés à la réception. Celle-ci décrocha avec un bruit de hip hop à l'appareil.
-Sadie?
-Oui Soraya,je me demandais si vous aviez déjà récupéré les clés de la chambre.
-Tutoie-moi et monte. C'est un ordre.
Ensuite la jeune femme raccrocha.
-Je vais prendre ça pour un oui,déclara Sadie à voix haute. Prenant l'ascenseur le plus proche,elle monta au cinquième étage et se dirigea vers la chambre 1300. Elle tourna la poignée de la porte et le bruit assourdissant de ma musique l'enveloppa. Vêtue d'une petite robe de poupée,les cheveux en bataille,Soraya vint à la rencontre de Sadie avec un verre de punch et lui sourit.
-C'est ma dernière soirée en tant que célibataire! s'exclama t-elle
Sadie éclata de rire.
-Je pense le savoir vu que c'est moi qui ai organisé cette soirée.
-Laisse-moi donc te dire que tu as fait un excellent travail! Merci!
- Ça m'a fait plaisir.
-Allez viens ,je vais te présenter aux filles.
Sadie en compta au moins 7. Toutes ayant à peu près l'âge de Soraya. Il y avait trois haïtiennes et 4 canadiennes. Sadie les salua toutes d'un sourire tandis que Soraya lui présentait ses amies:
-Sadie,je te présente Penny,Claudia, Jacinthe,Mirtha,Olivia, Christelle,et Sophonie.
-Salut Sadie! déclarèrent-elles en chœur
-Salut tout le monde!
-Allez mets-toi à l'aise! Encouragea Soraya
-Je le suis,affirma Sadie en souriant
-Hmmmm c'est ça. Alors les filles ,c'est quoi le prochain jeu?
-Le prochain? Vous en avez fait combien?
-Hmmmm disons 10,répondit une des haïtiennes
-10? Mais ça fait longtemps que vous êtes là?
-En fait depuis que So nous a appelées, répondit une des canadiennes
- C'est à dire depuis 4 heures de l'après midi.
Sadie ouvrit grand ses yeux puis éclata de rire.
-Et moi qui ne voulais pas être en retard,lança t-elle
Les jeunes femmes éclatèrent de rire. Sadie se mêla donc à eux,joua à toutes sortes de jeux, apprit plein de trucs sur  le maquillage car Penny était une maquilleuse professionnelle. L'ambiance était festive et c'était parti pour une belle soirée jusqu'à ce qu'on sonna à la Sadie voulait aller ouvrir mais Soraya la retint.
-Je vais y aller ,ça doit être la pizza, dit-elle en se levant
-Je n'en avais pas commandé pour la soirée, répliqua Sadie
-Moi,je l'ai fait. Alors laisse-moi aller la chercher.
Sadie sourit et la regarda aller vers la porte. Ensuite,elle se tourna vers les jeunes femmes qui demandèrent son assistance.

Soraya prit sur son chemin son portefeuille et se dirigea vers la porte avec son verre de punch dans une main. C'était une belle petite soirée et la pizza était la bienvenue parce qu'elle commençait à avoir faim en faisant qu'avaler punch après punch. Elle ouvrit la porte avec un sourire et s'arrêta dans son mouvement. Son verre de plastique glissa entre ses mains et attérit à ses pieds ,l'éclaboussant au passage. Ce n'était pas un livreur de pizza qui se tenait devant elle, c'était Stéphen. Son Stéphen. Elle cligna des yeux,certaine qu'elle devait rêver mais quand il parla,il ne laissa aucune place au doute.
-Bonsoir Soraya.
-Stephen..., réussit-elle à dire
Il lui sourit. Et la jeune femme sentit malgré elle son coeur s'emballer C'était un homme en chair et en os qui se tenait devant elle. L'adolescent gaucher qu'elle avait connu avait changé pour un homme grand,beau à tomber. Il portait avec élégance un chandail à col roulé bleu,ce qui faisait ressortir ses merveilleux yeux gris. Seigneur,combien de fois était-elle restée devant lui à se pâmer devant ses yeux? Soraya sentit un petit pincement au coeur. Elle devait se reprendre. Elle se mariait demain! Elle ne pouvait pas laisser un ancien amour l'empêcher de fêter sa dernière soirée en tant que célibataire. Elle passa une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille et regarda dans le couloir en disant :
-J'attendais une livraison de pizza.
-Hmmmm je n'en ai pas malheureusement avec moi. Mais est-ce qu'on peut se parler?
Elle leva son visage vers lui.
-Pour dire quoi? Me convaincre de ne pas me marier?
-Entre autres,avoua t-il
Soraya sentit son coeur sauter dans sa poitrine. Dans sa voix,il y avait une telle détermination. Elle ne connaissait pas cet homme-là.
-Sadie m'a raconté comment tu lui avais proposé de l'argent pour qu'elle laisse tomber l'organisation de mon mariage. Comment as-tu pu? Après toutes ces années ,c'est comme ça que tu as trouvé le moyen de revenir dans ma vie?
La jeune femme secoua la tête et leva une main en disant:
-Tu sais quoi? Ça n'a pas d'importance. Je vais me marier demain que tu le veuilles ou non. Alors excuse-moi mais j'ai une fête qui m'attend.
-Soraya,je t'en prie.
-Stephen,j'ai attendu longtemps, vraiment très longtemps pour que tu me fasses un signe. Tu ne l'as pas fait. Et là,je m'apprête à me marier et tu apparais! Non, c'est trop tard.
Elle prit la porte et tenta de la fermer mais Stéphen bloqua l'entrée.
-Je ne partirai pas. Si tu rentres et que tu fermes cette porte,je frapperai jusqu'à ce que tu l'ouvres ou que quelqu'un d'autre le fasse. C'est ce que tu veux? Gâcher ta fête?
-Qu'est-ce qui te dit que ce n'est pas déjà le cas?
Elle vit le visage du jeune homme s'assombrir. Il recula et laissa l'entrée libre. Alors Soraya jeta un regard en arrière et entendit le bruit de fond des filles qui jouaient. Elle ne voulait pas que Stéphen fasse une scène.  Elle allait entendre ce qu'il avait à dire et regagner la chambre le plus vite possible. Elle prit une grande respiration et sortit en fermant la porte derrière elle.
- Où veux-tu aller? demanda Stéphen
Marchant en avant de lui,Soraya répondit d'un ton froid:
- N'importe où.
Ils allèrent donc à l'extérieur, là se trouvait un parc à proximité éclairé par des lampadaires. Stéphen invita Soraya à s'asseoir sur un banc mais elle refusa.
-Je ne resterai pas longtemps,assura t-elle
-On verra ça,commenta Stéphen en s'asseyant
-Je ne sais pas par où commencer. J'ai rêvé à ce jour pendant des années et aujourd'hui que je suis là,avec toi,je ne sais pas par où commencer.
-Et si tu me disais comment tu as fait pour me trouver ce soir?
Il sourit et répondit :
- Ça,c'est facile. C'est mon hôtel. Quand je suis venu,il y a quelques minutes, j'ai voulu avoir la chambre 1300 et on m'a appris qu'elle était prise pour la soirée. J'ai demandé par qui.  Et la réservation était faite sur ton nom alors je suis monté et je suis allé frapper à ta chambre certain que le destin me jouait un tour. Mais c'était bien toi qui as ouvert la porte. Tu n'as pas changé,Soya.
-Ne m'appelle pas comme ça, grinça Soraya en s'asseyant le plus loin possible de lui.
-Tu aimais bien ce surnom avant.
Elle tourna vivement son regard vers lui.
-Avant, Stéphen. Entre nous,il n'y a que des avant aujourd'hui. À cause de toi,il n'y en a pas des après.
-Je sais que tu m'en veux,Soya...mais...
-Tu n'écoutes pas?! Ne m'appelle pas comme ça! cria t-elle
-Je suis désolé.
Honteuse,la jeune femme mit son visage entre ses mains.
-Pourquoi tu es là? Pourquoi?
-Il fallait que tu saches certaines choses avant...
-Avant que je me marie?
-Oui.
-Ah parce que tu penses que je vais laisser Mike après ce que tu as à me dire? répliqua Soraya en le regardant
- Ce sera ta décision.
-Tu es fou, murmura t-elle en secouant sa tête.
-Parfois, j'en ai l'impression. Mais ne parlons pas de ma folie. J'ai des années d'excuses à rattraper. Je sais que tu m'en veux et tu en as le droit mais Soy...Soraya,il faut que tu comprennes. Je ne t'ai pas abandonnée. En tout cas,pas intentionnellement.
-C'est l'impression que tu as laissé en partant comme tu l'as fait.
-Je sais mais je ne le voulais pas. Mon père était en danger à cause de son travail. Il était sénateur ,tu t'en rappelles?
Soraya fronca ses sourcils et réfléchit.
-Oui et?
- Ses collègues n'aimaient pas la façon dont il faisait les choses. Mon père voulait changer le pays mais on ne change pas un pays comme Haïti comme ça. Alors ils ont cherché à l'assassiner. Un ami à lui au bureau est venu le lui dire. Quand mon père l'a su,il nous a réservé le même jour un vol pour le Canada pour ma mère et moi. Et nous sommes partis. Je n'ai pas pu t'avertir,le temps nous manquait. Les secondes étaient précieuses. C'est ainsi que je suis venu ici. À mon arrivée,nous n'avions rien. Pas de téléphone,pas rien. Nous avions dû tout recommencer.
-Et moi qui pensais que tu étais parti sans me le dire parce que je tu l'avais décidé,dit doucement Soraya
-Je comprends mais c'était plus compliqué que ça. Quand je suis revenu quelques années plus tard après mes études,je suis allé chez toi,tes voisins m'ont appris que tu ne vivais plus ici depuis un bout parce que t'étais partie toi aussi. Où? Ils ne le savaient alors tu aurais pu être n'importe où. J'ai tellement souffert chaque fois que je pensais à ce que tu as dû endurer en sachant que je t'avais abandonné. Soraya,je m'excuse tellement. Je t'aimais, j'aurais voulu ne pas être celui qui allait te faire souffrir.
Les larmes coulèrent sur les joues de la jeune femme qui regardait en avant d'elle.
- Mais tu l'étais,dit-elle
-Oui malgré moi. Il fallait que tu le saches,même après ces années.
-Comment as-tu trouvé Sadie?
-Une de mes connaissances travaille dans le même milieu qu'elle et lors d'une rencontre,je l'ai entendue parler d'une certaine Mlle Marshalls qui s'occupait du mariage de Soraya Olivier. Je n'ai pas voulu le croire au début. Savoir que tu étais dans la même ville que moi depuis le début, à bien y penser,c'était pire que de la souffrance. J'ai donc pris son numéro. Je l'ai contactée et je lui ai donné un rendez-vous dans mon bureau. Je ne savais pas comment gérer cette situation alors je me suis servie de mon argent. Je lui ai proposé d'abandonner le projet en échange d'une grosse somme.
-Elle a refusé.
-Oui et j'ai cru à ce moment ne plus jamais pouvoir refaire surface dans ta vie jusqu'à ce soir.
Elle n'arrivait pas à s'arrêter. Toutes ces larmes qu'elle avait gardé au dedans d'elle pendant ces années ressortaient ce soir,asssise sur ce banc. Elle avait tellement prié pour qu'il revienne dans sa vie. Mais les années avaient passé et elle lui avait dit adieu,ensuite elle avait rencontré Mike. Mike qui avait pu lui faire voir la vie sous un nouveau jour. Mike qui lui avait appris à aimer de nouveau. Mike qu'elle allait épouser demain parce qu'elle l'aimait.
Soraya essuya ses yeux et renifla.
-C'est bon,je t'ai entendu et si c'est mon pardon que tu cherches,je te le donne. Mais il faut que tu saches que je compte quand même épouser Mike.
-Il n'est pas comme moi, c'est ça?
-Ce n'est pas ça. Quand j'ai enfin réussi à faire le deuil de notre relation, Mike a été le premier homme après toi. Il me comprend. Et je veux passer ma vie avec lui.
Elle croisa les doigts pour qu'il ne remarqua pas que sa voix avait faibli sur la dernière phrase. Elle évitait de le regarder. Elle connaissait le pouvoir des yeux de Stéphen. Elle sentit qu'il s'approchait et se raidit.
-Soraya?
Elle passa à nouveau ses mains à ses yeux en disant :
-Quoi?
-Je n'abandonnerai pas jusqu'à ce que tu sois mariée.
Elle tourna son visage défait vers elle ,les yeux ronds. Il souriait.
-Je t'aime. Je ne l'ai jamais cessé de l'être. Et je ne m'en cache pas. Alors s'il y a la moindre chance que tu n'épouses pas cet homme,je veux la saisir.
-Nous ne sommes plus des ados,Stéphen. Notre amour est du passé.
-Non pas pour moi. Je te l'ai jamais caché. Je voulais t'épouser,toi et aucune autre femme.
-Il faut que tu tournes la page. Tu ne m'as pas promis de mariage.
- À bien y réfléchir aujourd'hui, j'aurais , Soraya , ainsi,tu ne serais pas prête à épouser ce Mike!
Elle sursauta et se leva en passant ses mains sur ses bras.
-On a plus rien à se dire.
Il se leva à son tour et alla vers elle.
- Cet homme,sait-il comment te faire plaisir?
Soraya fronca ses sourcils.
-Mais de quoi tu parles?
-Tu le sais bien. Embrasse-t-il comme moi je t'embrassais?
-Je ne me pose pas ce genre de questions! C'est fini,j'en ai assez entendu!
Il s'avança à nouveau et se tint à quelques centimètres de la jeune femme.
-Tu es sûre?
-Stephen,c'est grossier de ta part. Je vais rentrer maintenant.
-Non,dit-il en lui attrapant le bras d'une main forte. Pas avant que je ne sois sûre de quelque chose.
-Mais lâche-moi!
Elle eut beau se débattre,il réussit tout de même à la prendre dans ses bras. Essoufflée,Soraya se retrouva encercler dans les bras du jeune homme. Son visage était grave. Elle avait tellement envie de le toucher,toucher le visage de cet homme qu'elle avait connu enfant,ado. Il avait été son premier amour. Soraya le regarda. Il disait l'aimer. Comment le croire? Comment?
-Je n'ai pas oublié,chuchota t-il,je n'ai pas pu. J'ai essayé pourtant.
- Stéphen...je suis fiancée à un autre,murmura t-elle d'une voix tremblante,ne sachant plus quoi dire.
Il rit.
-Si tu savais comme je m'en moque,dit-il
Il pencha sa tête vers elle et l'embrassa avant même qu'elle ne comprenne ce qui était entrain de lui arriver. Soraya ne s'attendait pas à ce qui s'ensuivit. Son cœur explosa de joie. Son corps était parcouru de frissons qui n'étaient pas dus à la fraîcheur de la nuit. Elle ne sentit plus le sol en dessous de ses pieds. Alors seulement elle se rappela. Elle se rappela comment les baisers de Stéphen avaient toujours eu le don de la faire chavirer. Comme si elle ne se contrôlait plus,elle passa ses bras autour de son cou musclé et se mit à l'embrasser en retour. Stéphen émit une plainte sourde contre ses lèvres. Il resserra sa main autour de la taille de la jeune femme. Il l'embrassait avec l'énergie du désespoir,ne lui laissant aucun répit. Il passa une main dans son dos et se mit à la caresser,le corps de la jeune frémit sous l'étoffe fine du tissu. Il recula avec elle jusqu'à ce qu'il atteigne le banc sur lequel ils étaient assis tantôt. La jeune femme se mit à lui caresser la nuque avec ses doigts fins. Stéphen sentit son désir se décupler. C'était certain qu'elle s'en rappelait. Il se laissa tomber sur le banc,et entraîna la jeune femme avec lui qui était positionnée en califourchon. Elle détacha ses lèvres des siennes et le souffle court,elle lui dit:
-Je...je n'arrive plus...à respirer.
Stéphen sourit ,fier de l'effet qu'il avait encore sur cette femme que son cœur avait toujours aimé,même après toutes ces années. Il continua à lui caresser le dos, descendit à ses hanches,elle se cambra et ferma les yeux tout en poussant un soupir. Il reprit alors ses lèvres offertes et lui donna un baiser plus doux que celui de tantôt. Ses mains se refermèrent sur son polo et elle répondit à son baiser. Soraya oublia sa fête,elle oublia l'endroit où elle se trouvait,elle oublia Mike. Tout ce dont elle avait conscience était la main de Stéphen dans son dos et ses lèvres sur les siennes. Et...cela lui suffisait amplement. Comme si elle avait trouvé sa place,ici sur ce banc, dans ce parc,dans les bras de cet homme. Il glissa son autre main entre eux et caressa le ventre plat de la jeune femme. Elle se cambra encore plus et quitta ses lèvres et se mit à déposer des baisers à la naissance de sa gorge.
Stéphen explorait cette peau si douce à l'aide de sa main. Il fit le contour de son ombillic avec un doigt tout en disant :
-J'ai toujours voulu un enfant de toi. J'y pensais même quand on était gamins. Une fille avec...
Mais Soraya ne l'entendait plus. Un enfant. L'enfant qu'elle avait tué. Leur enfant. Doucement,elle enleva la main du jeune homme sur son ventre. Celui-ci la regarda avec un regard coquin.
-Quoi? Tu n'aimes pas ce que je te fais? lança t-il
Mais elle était incapable de lui sourire ou même lui parler. Elle descendit de ses genoux et mit de l'ordre dans sa tenue tant bien que mal. Stéphen se redressa lui aussi et ajusta son polo.
-Tu ne peux pas te marier avec lui,Soraya,dit-il
Elle sourit en prenant son portefeuille qu'elle avait échappé.
-Pourquoi? Pourtant,c'est ce que je vais faire.
-Je viens de t'en donner la preuve!
-Je ne suis laissée aller et alors? C'est ça l'enterrement de vie de jeune fille,non?
Il se leva alors,la dominant de toute sa hauteur. Soraya eut peur soudain et recula sans cesser de le regarder.
-J'aurais pu te prendre là sur ce banc et tu aurais été consentente,déclara t-il
- Ça aurait été une terrible erreur.
-Pas pour moi. Et je serais allé me vanter auprès de ton petit copain pour faire annuler ce foutu mariage. Tu te rends pas compte? Ce n'est pas fini entre nous!
-Ne t'avise pas de parler à Mike! Et puis, des baisers échangés ne veulent pas dire qu'il y a forcément quelque chose entre nous!
-Et pourtant si!
Soraya passa une main lasse dans ses cheveux défaits.
- Écoute, Stéphen,nous deux,ce n'est pas possible. C'est trop tard. Trop de choses se sont passées.
-On peut recommencer.
-Non!
Elle secoua la tête en pleurant.
-On ne peut pas. Pas en sachant ça.
-Qu'est-ce que tu ne me dis pas, Soraya?
-Il vaut mieux que je parte.
Sur ce,elle courut presque pour s'éloigner de lui mais il la rattrapa. Il lui prit la main et la fit tourner vers lui. Son visage était triste et Soraya pleura de plus belle.
-Je sais que c'est difficile de passer un trait sur tout ce qui s'est passé, il y a plus de 10 ans mais Soraya,nous pouvons essayer de nous connaître à nouveau. Sauf si tu ne te maries pas.
Elle essuya ses yeux à l'aide de sa main libre.
- Tu ne sais pas ce que j'ai fait,dit-elle
- Et si tu me le disais?
-Tu vas me détester. Ce qui est peut-être une bonne chose ,comme ça,tu cesserais de vouloir gâcher mon mariage.
Il resserra sa main dans la sienne et se mit à lui essuyer les yeux avec tendresse.
-Soraya,je n'ai pas changé. Tu peux me parler. Je ne te détesterai pas.
- C'est ce que tu dis maintenant. Mais après...
Elle renifla et plongea son regard dans celui du jeune homme.
- Il y a 10 ans, toi et moi ,nous avons fait ce qui n'est pas permis aux gens de faire avant le mariage.
Elle vit le visage de Stéphen pâlir.
-Je t'ai blessé ce jour-là? questionna t-il avec inquiétude
-Pire,je suis tombée enceinte.
Sous le choc,il lui lâcha les mains et scruta le visage de la jeune femme.
-Ce n'est pas une blague. Quelques jours après ,j'ai su que je l'étais. Je suis allée te voir pour te le dire mais tu étais parti. Maintenant je sais que tu ne l'as pas voulu. Mais moi,je ne savais pas quoi faire. J'avais 15 ans. Tu n'étais pas là pour me soutenir,pour m'épauler....
-Soraya, qu'as-tu fait à cet enfant? demanda Stéphen d'une voix étrangement calme
-Je me suis faite avorter. Mes parents allaient me tuer s'ils l'avaient su. Et puis,tu n'étais pas là. À quoi bon?
Stéphen ne la regardait plus. Il tituba jusqu'au banc et s'y laissa tomber sans un mot. Soraya s'en voulut tellement de lui occasionner cette peine après toutes ces années mais elle n'alla pas le trouver.
-C'est la raison pour laquelle je t'ai dit qu'entre nous,ça ne peut pas fonctionner.
Elle n'était même pas sûre qu'il avait entendu. Elle jugea nécessaire de ne rien ajouter et prit seule la direction de l'hôtel,la mort dans l'âme.