Une robe blanche pour Sadie

Chapitre 15

-Bonjour Catherine! Est-ce qu'elle est là? demanda James en souriant à la jeune fille ,assise derrière son bureau.
Lui souriant en retour,Catherine acquiesça.
-Oui,mais je vous conseille de frapper quand même avant d'entrer. Elle s'est levée du mauvais pied,ce matin.
Lui faisant un clin d'œil, James lança:
-Merci pour le conseil.
Enlevant son manteau en cuir,le jeune homme se dirigea vers la porte fermée. Il ajusta sa chemise et cogna deux fois. Une voix lui demanda d'entrer et James ne se le fit pas dire deux fois. Il pénétra dans la pièce et trouva Sadie debout dos à lui,face à la fenêtre qui donnait dehors. Le soleil faisait briller sa peau et ses cheveux bouclés. Il aima aussitôt la robe en fleurs qu'elle avait sur le dos.
-Bonjour!lança t-il en avançant dans la pièce
Se tournant vers lui,elle répondit sans un sourire.
-Bonjour.
-Tu vas bien?questionna t-il en déposant son manteau sur le fauteuil en face de celui de la jeune femme.
-Oui et toi?
Cependant sa voix ne trahissait aucune émotion. En fait,elle avait l'air de ne pas y donner de l'importance. James essaya de ne pas le prendre mal.
- Ça va. Mais j'avoue que j'irais mieux si tu répondais ne serait-ce qu'une fois à mes appels.
La jeune femme soupira et alla vers son fauteuil.
- Je trouve que ce n'est pas nécessaire.
-De prendre de tes nouvelles?
-Oui,c'est ça. À quoi ça sert?
Qu'est-ce qui lui prenait? se demanda le jeune homme.
-Nous sommes fiancés,Sadie. Et nous nous sommes pas parlés depuis cette fois à l'hôtel.
-Oui parce que tout était dit ce jour-là,James. Pourquoi m'appeler trois fois par jour depuis bientôt une semaine? Si je ne t'ai pas répondu une fois, ça ne va pas changer les autres fois.
-Ok.
James dut faire un effort sur lui-même pour ne pas se laisser emporter par la jeune femme.
-Et je ne suis pas enceinte. C'est ce que tu voulais savoir?
-Non. Nous nous sommes fixés une date la dernière fois qu'on s'est vus.
Dans cette salle de malheur, pensa t-il au fond de lui.
-Je me rappelle et je compte bien être là demain.
-Mais ce n'était pas juste la date qui importait,Sadie. C'est important pour moi. Je veux bien faire les choses.
-Ah oui? Coupa t-elle froidement
Il soupira.
-Je ne sais pas combien de fois il va falloir que je m'excuse mais sache que je compte t'épouser quand même.
Elle hocha la tête en baissant ses yeux sur un cahier ouvert devant elle.
-Je sais bien même si la raison m'échappe encore. Comme tu le vois,je vais bien et je te dis de nouveau,je ne suis pas enceinte. Je ne sombre pas dans la dépression,tu peux demander à Catherine. J'arrive tous les matins à l'heure habituelle et tout va bien. Mise à part une chose.
Elle leva les yeux vers lui et regarda James.
-Toi,James. Toi. Toi qui n'arrêtes pas de vouloir bien faire les choses.
-Je te le dois,Sadie.
-Justement,non. Je t'ai dit que c'était correct. J'ai accepté de t'épouser. Je n'aurais pas dû?
-Non ce n'est pas ça.
Il soupira.
-Je m'excuse,j'y suis allé un peu trop fort avec les appels. Et si on parlait de demain?
-C'est mon travail d'organiser un mariage,tu as oublié?
-Non,pas du tout. As-tu invité des amis?
Elle leva ses sourcils et demanda :
-Pourquoi faire?
-C'est ton mariage tout de même.
-Un mariage qui ne compte pas. Il n'a même pas de fondement parce que je ne suis pas enceinte. Alors je ne vois pas pourquoi j'inviterai des gens pour venir assister à ça!
-Et la famille alors?
-Je n'en ai pas.
-Et ton père?
Son regard se durcit et elle répéta :
-Je n'en ai pas.
Il mit ses mains dans ses poches et regarda vers la fenêtre où la jeune femme regardait quelques minutes plus tôt.
-Je voudrais inviter Soraya et Stéphen.
-Mais ils ne sont pas en lune de miel?
-Je les ai appelés hier soir. Et ils ont décidé d'écourter leur séjour aux Bahamas. Ils partiront après notre mariage.
-C'est noté.
Il jeta un regard vers Sadie et la regarda écrire.
-J'ai des collègues de travail aussi de mon entreprise.
-Ils sont combien?
- À peu près une vingtaine.
Elle s'adossa plus confortablement dans son fauteuil pour le regarder.
- Ça te dérange? demanda James.
Elle secoua négativement la tête avant de se tourner vers son cahier et dire:
-Moi? Je m'en fous totalement.
James serra ses doigts, contrarié.
-Mets aussi le nom de mon cousin. Faut-il que je te le rappelle?
-Non,c'est correct. Est-ce que c'est tout? Je dois m'occuper d'avertir ce beau monde là ou...
-Je m'en occupe.
Il alla s'asseoir en face d'elle et la fixa.
- Où aura lieu la cérémonie?demanda t-il
-J'ai réservé une petite église.
James haussa ses sourcils.
-Une église?
- C'était le seul lieu qui nous acceptait étant donné que le mariage est demain.
-Je vois. Et est-ce qu'il sont religieux? Ont-ils posé des conditions?
-Est-ce que ça te dérange que la cérémonie ait lieu là-bas? voulut-elle savoir avec un brin de défi dans la voix.
-Non pas du tout. Est-ce que tu veux que je m'occupe de la lune de miel?
-J'en vois pas la nécessité.
- Si tu veux,tu peux t'en charger.
- Je voulais dire que j'en voyais pas la nécessité d'en avoir une.
James se demanda alors qu'est-ce qui l'avait poussé à faire cette demande en mariage. Il s'était mis dans une situation impossible avec une femme qu'il n'avait même pas appris à bien connaître et il ne s'en rendait compte que maintenant.
-Alors pas de lune de miel,dit-il en s'efforçant de ne pas paraître affecté par ce constat.
-Ce serait du gâchis pour rien.
-En effet, appuya t-il. Et la réception? Y en aura t-il une?
- Je me disais qu'après la cérémonie ,on pourrait aller manger quelque part toi et moi mais les invités pouvaient rentrer chez eux.
-Alors pas de réception non plus?
- À quoi bon? Un goûter pourrait être servi au pire des cas mais sinon,ce serait jouer de la comédie plus longtemps. Parce que c'est ce que va être notre mariage,James,une comédie!
James secoua sa tête tranquillement.
-Et si je n'étais pas venu aujourd'hui,quand avais-tu l'intention de m'en parler?
-Je ne savais pas si tu voulais être au courant de ces détails.
-Sadie,c'est aussi mon mariage,malgré tout.
-Alors on devrait y mettre fin maintenant avant qu'il débute si tu prends toutes ces choses à coeur,James.
-Je ne te ferai pas ce plaisir.
-Alors tu sais à quoi t'en tenir demain. Et je ne veux rien savoir de ce que tes collègues ou même ta sœur pensent. Tu n'auras qu'à leur expliquer que c'était ton idée.
-C'est clair.
-Tu te charges des alliances?
-Oui.
-Je pense qu'on a fait le tour,non?
Se levant,James répondit :
-Non.
Fermant son cahier,elle leva le regard vers lui.
-Qu'est-ce qui manque?
- L'endroit où nous allons habiter une fois qu'on sera mariés. Il est hors de question que tu restes dans ton appartement. Tu viendras habiter avec moi. Il est assez grand pour nous deux.
- Je n'aime pas la façon dont tu décides les choses. Je ne suis pas ta fille.
-Ah tu n'aimes pas? C'est exactement ce que t'as fait,toi pour notre mariage qui ne veut rien dire à tes yeux.
-Il ne signifie rien à mes yeux mais ce n'est pas le point.
- Nous devrions habiter ensemble,Sadie en tant que couple marié.
-Je vais y réfléchir.
-C'est tout réfléchi. Je passe récupérer tes affaires ce soir. Je m'étonne que tu n'aies pas pensé à ça. Ah non,je sais pourquoi. Tu réponds pas à mes appels!!!
Il la vit s'enfoncer dans son siège.
- On a toujours cet accord,tu ne me touches pas.
- À moins que tu le veuilles.
-Ce qui ne risque pas d'arriver.
-Tu ne peux pas en être si sûre.
Elle sourit.
- S'il y a une chose dont j'en suis sûre en ce moment,James,c'est bien de ça. Je voudrais que tu n'aies plus jamais à me toucher mais je n'ai pas grand espoir à propos de demain en ce qui concerne la cérémonie mais pour le reste,on s'entend qu'il ne se passera rien du tout,James. Rien!
James sentit son coeur se serrer. Mais il garda son sang froid.
-C'est d'accord,Sadie. On s'entend aussi que tu vas habiter chez moi à partir de demain.
-Je n'ai pas trop le choix.
-Non,en effet.
James prit son manteau.
- Je te laisse le soin d'annoncer la nouvelle à Catherine si ce n'est déjà fait. Sinon elle va trouver ça suspect que je vienne souvent ici.
Il plongea son regard dans le sien et redit:
-Parce que je compte bien venir voir ma femme de temps en temps.
-Tiens,voici l'adresse de l'église,dit-elle en lui tendant un morceau de papier.
Il le prit et sans un dernier mot,il quitta la pièce.