Promesse d'un Avenir (T3)

Changement

Point de vue d'Iliana

Je cours. Je cours sans savoir vers où. C'est un tunnel sombre, qui semble sans fond, et je n'ose me retourner, ayant trop peur de revenir sur mes pas sans le vouloir. Mais qui sait, ça serait peut-être une bonne chose : je ne sais pas ce qui m'attend au fin-fond de ces abysses. En fait, je ne sais même pas ce que je fais là tout court. Je m'arrête un instant et je place mes mains en porte-voix.

- Il y a quelqu'un ?

Je demande à tout hasard, mais le vent qui siffle dans cette sorte de grotte sombre me fait comprendre que je suis seule face à mon sort. Il y aurait une trace de vie en ces lieux, des pas résonneraient comme les miens et me briseraient les tympans. Or ce n'est pas le cas. Seul le rythme de ma marche et celui des gouttes d'eau venant s'exploser sur le sol font écho dans cette prison. L'air est glacial, le sol humide, et des ampoules me mortifient les pieds. Je n'ai sur moi qu'une fine chemise de nuit qui me couvre à peine et me donne plus l'effet d'être complètement nue. Mais pourtant, je ne panique pas. Je continue ma marche telle une âme perdue, forcée de déambuler dans ce couloir sans fin à la recherche d'un signe, d'un quelque chose qui lui prouverait qu'elle est encore vivante, mais la seule chose que je perçois devant moi, c'est le néant.

Mes yeux papillonnent et la cavité noire et glaciale vient à disparaître, remplacée par ma chambre bercée par les rayons du soleil matinal. Emmitouflée dans ma couette. Je devrais me sentir bien, pourtant, je suis tendue à l'extrême. Un poids pèse dans mon dos et je comprends bien vite qu'il s'agit d'un corps, un corps qui, collé contre moi, a abandonné un bras en travers de ma hanche. Une main vient reposer contre mon ventre découvert : mon tee-shirt s'est relevé et laisse percevoir le bas de ma poitrine.

« Merde, qu'est-ce que c'est que ce merdier ?! »

Je tente de me remémorer la veille, et dans toutes les images qui me reviennent, il n'a jamais été question de m'être endormie aux côtés de quelqu'un. Il y a bien eu Noël chez Theo, les fous rires, les cadeaux, la nourriture à foison, mais je ne me rappelle pas... En fait je ne me rappelle pas comment j'ai atterri dans ma chambre, et encore moins comment je me suis retrouvée en train de dormir avec...

Une odeur familière de sel et de soleil parvient à mes narines et comme pour m'assurer que je ne suis pas folle, je m'empare délicatement de la main qui jusqu'ici me dégoûtait pour l'observer plus précisément. Elle est plus grande que la mienne et les longs doigts qui la terminent sont élancés et un peu abîmés au bout, résultat des heures passées à gratter une guitare. Une petite cicatrice barre son index : il m'avait raconté qu'il s'était fait ça en jouant avec les tessons d'une bouteille de bière retrouvés dans le jardin derrière chez Anna.

- Jace ?

Le corps derrière le mien s'anime et resserre son étreinte pour me ramener auprès de lui. Un souffle chaud vient se perdre sur ma nuque et je reste ahurie.

- Hmmm...

« Ce son rauque... Si sexy... »

- Jace ?!

Je me redresse et me tourne vers le blond, l'arrachant à des rêves qui, selon son expression d'agacement, devaient être bien doux en comparaison de ce réveil brutal.

- Putain Ili, il est encore super tôt...

Mon corps se relâche et je lui saute dessus pour retrouver sa peau, son odeur, la caresse de ses cheveux d'ange.

- Jace ! Tu es là !

Les paupières encore closes, il soupire lourdement et recouvre son visage avec son oreiller.