Promesse d'un Avenir (T3)

Esclave de la vie

Point de vue d'Iliana

- Pile tu lui dis, face tu lui dis.

Adam fait rouler une pièce de un dollar entre ses doigts alors qu'il est affalé sur le siège à côté de moi. S'il croit pouvoir me convaincre avec cette absurdité, c'est vraiment qu'il me prend pour une cruche. Je suis peut-être à l'hôpital mais pas pour des raisons qui touchent à ma santé mentale.

- Pas encore, je répète en soupirant longuement.

Adam ravale son air assuré afin de passer un masque d'agacement. Pas étonnant, cela fait des jours et des jours qu'il me tanne à propos de Jace. Je commence même à croire qu'il regrette de ne plus le voir aussi souvent qu'avant.

- Laisse-moi te dire que tu es idiote, gronde-t-il tandis qu'il se redresse dans le siège.

- Et toi tu es un vrai chieur, je réplique d'une voix éreintée. Laisse-moi tranquille maintenant, j'ai sommeil.

J'essaie de me redresser pour réajuster correctement l'oreiller, mais mes muscles sont tellement engourdis que je n'y parviens pas.

- Attends.

Adam me cale contre lui et tapote l'oreiller à l'odeur d'iode avant de m'aider à m'installer sur le côté pour éviter d'être gênée par mes perfusions.

- Ça va comme ça ?

Les paupières closes, je hoche tout doucement la tête. Néanmoins, fermer les yeux ne m'empêche pas de sentir la tension émanant de mon cher frère.

- Tu te rends compte de ce que tu lui infliges au moins ? Tu serais à sa place tu pèterais les plombs.

Je garde paupières et lèvres closes pour lui signifier que la discussion s'arrête là. J'en ai assez qu'il me rabâche cent fois par jour la même chose. Il a le droit d'avoir ses opinions sur ma situation actuelle mais de là à m'imposer ses propres volontés, c'est trop. Je sais qu'il ne comprends pas mon attitude, mais s'il était à ma place, tout lui paraîtrait évident désormais.

- Nom de Dieu, Iliana !

Lorsque j'entends sa voix tonner, je tressaute et lui fais de nouveau face, le coeur battant à tout rompre.

- « J'ai sommeil » était un message subliminal pour te faire comprendre que tu dois t'en aller et me laisser tranquille, au cas où tu n'aurais pas compris, je m'explique avec un débit de paroles bien inférieur à la normale. Tu me casses les oreilles.

Je rabats la couette bleue effilochée qui recouvre le lit médicalisé jusqu'au sommet de ma tête. Le message passera peut-être plus facilement de cette manière ? Il faut croire que j'ai encore foi en l'impossible.

- Si tu ne te résous pas à l'appeler pour le prévenir alors c'est moi qui le ferai.

Je manque de faire une embolie. Ma gorge se serre sous l'étau de la rage et rapidement, mon souffle devient erratique. Je repousse la couette.

- Si tu fais ça Adam... C'est fini, je... je ne veux plus te voir... Je suis... je suis sérieuse.

Et pour le coup, je le suis sincèrement. Il veut mon bonheur, je n'en doute pas une seule seconde, mais peut-être qu'il se méprend sur ce qui pourrait me rendre heureuse aujourd'hui.

Les choses ont changé.

Les grands yeux d'Adam se rétrécissent à mesure qu'ils me toisent et j'accepte ce combat visuel, ne flanchant à aucune seconde sous l'adversité. Lorsque finalement c'est lui qui détourne le regard, je ne parviens même pas à savourer ma petite victoire. Je pose une main sur ma poitrine à vif. Manque de chance, je n'arrive pas à clouer le bec d'Adam qui reprend le dessus sur la situation en m'indiquant sur son téléphone le contact de Jace.