Menace

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Point de vue de Jace

Mon cœur menace de quitter ma poitrine. Ma gorge me brûle affreusement, mes chevilles sont endolories et ma sueur glisse contre l'arête de mon nez jusqu'à la base de mon menton : j'aime ça. Comme pour me faire souffrir un peu plus, j'accélère la cadence au moment où les escaliers qui mènent de la plage à la terrasse me sont en vues, pour sentir encore un peu le feu se propager dans chacune de mes artères. Lorsque j'atteins finalement la maison, je suis à bout de souffle. Je dois me pencher en avant pour recouvrir un temps soit peu ma respiration initiale puis je marche lentement en me concentrant sur les battements de mon cœur. Malgré tout, cet effort n'aura pas servit à grand chose hormis me réveiller : je me sens toujours aussi lourd, lourd de peine et de ressentiment.

Je pousse la baie vitrée pour retourner à l'intérieur, prenant soin de ne pas faire trop de bruit. Il est encore tôt et Iliana doit sûrement encore dormir. Après la journée éprouvante d'hier, rien de plus normal. Sa chimio ne s'est pas bien passée, du moins, c'était encore pire que d'habitude. Iliana était tellement faible qu'elle a manqué de tomber dans les pommes et alors que le docteur Benson souhaitait la garder à l'hôpital, elle a fait des pieds et des mains afin de revenir ici. Je n'étais pas d'accord avec ça mais comme nous ne nous parlons presque plus, j'avoue ne pas m'y être clairement opposé. Pourtant, alors qu'il n'est que 9h30, j'entends une conversation provenant de l'étage. Sans nul doute, Iliana est au téléphone, mais avec qui, telle est la question.

- Il y a quelqu'un ?

Des talons aiguilles claquent sur le carrelage et s'approchent de moi. Une combinaison noire, une veste blanche et une paire de Louboutins, ma chère mère est toujours tirée à quatre épingles. Lorsqu'elle m'aperçoit enfin, cette dernière ne tarde pas à ouvrir les bras pour me saluer puis, me voyant couvert de sueur, elle se contente de m'envoyer un baiser.

- Bonjour mon chéri, ta séance de sport s'est bien passée ?

- Ça va. Tu es rentrée comment ?

Je croyais pourtant avoir averti Stewart de ne laisser entrer personne... mais après mûre réflexion, je me dis qu'il s'agit de ma mère et que quand l'envie lui en prend, elle sait vraiment se montrer persuasive.

- Le charme mon cœur, le charme. Il n'y a que ça qui marche, ça et l'argent. Ton agent de sécurité n'a pas voulu des quelques billets que je lui ai tendu, par contre, un joli sourire de ma part et la porte s'est ouverte comme par magie.

Elle arbore un sourire satisfait.

- Heureuse de voir que je sais toujours m'y prendre pour mener les hommes à se plier à mes volontés.

- Étonnant venant de Stewart, il est pourtant professionnel d'habitude.

- Pas assez pour me passer entre les doigts, réplique-t-elle fièrement.

Je secoue la tête.

- Bref, hormis un prochain licenciement qui s'annonce, que me vaut l'honneur de ta visite ?

Elle me tape l'épaule en me grondant :

- Ne dis pas de bêtises. Mais si tu veux tout savoir, je suis l'heureuse acquéreuse des premiers foulards de la ligne Iliana Harrington. Dès que je les ai eu en main propre, j'ai volé jusqu'ici pour vous les montrer. Elle est levée ?

Promesse d'un Avenir (T3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant