Les corps et les coeurs

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Attention, ce chapitre contient des scènes explicites qui peuvent choquer les plus jeunes. A bon entendeur.

Point de vue d'Iliana

Déterminée. Je suis déterminée à ramener les choses à la normale, à sauver mon couple coûte que coûte.

Je me gare dans l'allée et je profite d'un court moment de répit pour réfléchir sérieusement aux paroles que je prononcerai lorsque je ferai face à Jace. Le trajet du lycée jusqu'ici n'a pas été suffisant : je sais que lorsque je me dresserai devant lui, je perdrai mes moyens et pourtant, je me dois de rester la plus persuasive possible.

- Putain mais t'étais où ?!

Jace arrive au pas de course, Maria sur les talons. Il ne me faut qu'un quart de seconde pour me rendre compte qu'il est profondément en rogne. Comment mettre les choses à plat dans ce genre de conditions ?

- Je suis allée me promener.

- Pendant plus de deux heures et sans ton téléphone ? Rugit-il, les joues rouges de colère.

Étrangement, je préférais presque l'époque où il ne m'adressait pas la parole. Maria m'adresse un regard compatissant. Jace lui, commence à faire les cent pas, les poings serrés, la mâchoire tressautante.

- Je suis là maintenant, calme-toi.

- Que je me calme ?! J'étais mort d'inquiétude ! Imagine que tu aies fait un malaise ! Que tu te sois sentie mal en conduisant et que tu aies eu un accident ! J'aurais pu te perdre ! J'aurais...

Il plonge ses doigts dans sa tignasse folle, s'immobilise enfin et commence à bafouiller. Je me sens automatiquement coupable.

- J'aurais pu te perdre.

Ses épaules s'abaissent, son dos se courbe et bientôt, je le vois lutter contre ses larmes. Ma gorge se serre à son tour. Je ne m'étais vraiment pas attendue à une réaction aussi explosive de la part de Jace. D'habitude, c'est moi qui tient le rôle de l'excessive de service, pas lui.

- Maria ?

Ma voix est étouffée.

- On pourrait être seuls s'il te plaît ?

- Bien sûr.

Elle tend les doigts vers son fils mais fini par se rétracter. De mes lèvres, je lui mime un « merci » silencieux et la vois s'éloigner vers sa voiture. Lorsque je repose mes yeux sur Jace, il n'a pas bougé d'un centimètre. Il reste plongé dans sa névrose, complètement désabusé. Je me demande ce qu'il peut bien sa passer dans son esprit à cet instant même. En tout cas, une chose est sûre : le sentir autant touché par ma « disparition » m'affecte aussi bien que cela me soulage.

« Il tient encore à moi. »

Tristement, je commençais sérieusement à en douter.

- L'air commence à se rafraîchir. Rentrons à l'intérieur, d'accord ?

Je presse son dos pour l'encourager à se mettre en marche puis finalement, je m'empare de son bras. Pouvoir enfin le toucher m'enlève un poids des épaules, et pourtant, je sais que la confrontation ne fait que commencer. Tranquillement, je le mène vers la maison, maintenant surplombée par un ciel épais et monocorde, sans nul doute comme l'est l'esprit de Jace à l'heure actuelle. Je n'ai pas envie de perdre plus de temps, alors quand nous sommes plantés au milieu de la pièce de vie, je l'apostrophe :

- Jace.

Ses paupières semblent peser une tonne. Il peine à m'examiner, comme s'il était plongé dans une forme d'inconscience, pas convaincu d'être dans la réalité. Je pose alors ma paume contre sa joue et viens peser contre lui. Sentir son corps ferme et sécurisant est revigorant et me redonne courage. A ce même contact, Jace sort de sa transe, les pupilles dilatées et fixées sur moi. Il me fait terriblement de la peine.

Promesse d'un Avenir (T3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant