Promesse d'un Avenir (T3)

Affaire à suivre

Point de vue d'Iliana

Je m'apprête à toquer à la porte du bureau lorsque j'aperçois ma mère,
installée sur son éternel siège en cuir, ses lunettes à la monture stricte sur le haut de son crâne. Elle ne cesse de fouiller dans ses papiers, prononcer à voix basse ce qui me semble être des injures envers ses crayons ou peut-être son bureau, puis elle stoppe toute activité pour se masser les tempes, en soufflant douloureusement. Je rebrousse alors chemin pour me rendre dans l'armoire à pharmacie et je farfouille entre les nombreuses boîtes de médicaments pour trouver quelque chose qui saurait faire disparaître son mal de tête. Avec deux pilules dans la main et un verre d'eau dans l'autre, je reviens dans le bureau recouvert de dossiers colorés, ne manquant pas de remarquer du coin de l'œil certains d'entre eux partis à la poubelle. Je ne fais pas de commentaires mais n'en pense pas moins : ça va vraiment très mal à la FME.

- Salut.

Ma maman lève les yeux vers moi et un sourire fatigué vient accompagner ses petits yeux rougis. Aurait-elle pleuré ou est-ce seulement la fatigue ? Si c'est la première option, je m'en retrouve bien étonnée : ça ne lui ressemble pas.

- Je pensais que ça aurait pu t'aider.

Je lui tends le contenu de mes mains et elle s'empresse de s'administrer le médicament. Lorsque le verre d'eau est vide, elle lâche un profond soupir qui me parvient comme une plainte douloureuse.

- Merci Iliana.

Je me rapproche d'elle et même si elle n'est pas très à l'aise avec les marques de tendresse, je lui donne une petite accolade pour terminer de mettre K.O sont mal de tête ou tout ce qui peut lui donner des ondes négatives. C'est souvent quand on se prend la tête sur un problème que l'on peine à en trouver la solution. Une pause s'impose donc !

- Ça te dit de cuisiner quelque chose ? Ça fait longtemps qu'on ne l'a pas fait toutes les deux.

Sa bouche se pince et elle semble offerte à un dilemme intérieur, fixant ses dossiers cartonnés comme s'ils pouvaient lui donner la réponse qu'elle cherche.

- J'aurai adoré ma puce, mais...

Voyant qu'un refus pointe le bout de son nez, je la coupe dans son élan et je sors les arguments que j'ai en réserve. J'hésite tout d'abord entre celui consistant à me faire plaisir, mais devant m'en servir avec parcimonie, je choisis plutôt une autre stratégie.

- Je sais que ça ne va pas fort maman, laisse-toi juste une ou deux heures pour faire une pause en compagnie de ta fille chérie !

Je lui souris de toutes mes dents et alors que je l'attaque de baisers, elle se lève avec une mine mi-dégoûtée mi-amusée. Ne pouvant nous résister une minute de plus à moi et mes bisous baveux, elle remet un peu d'ordre dans ses dossiers et passe son bras sur mes épaules avant de prendre le chemin de la cuisine.

- Quelle recette veux-tu faire ? Sucrée ? Salée ?

Ayant déjà pensé à cette activité au préalable, j'ai déjà ma petite idée sur le sujet. C'est alors un peu mélancoliquement que je réponds :

- Qu'est-ce que tu penses de faire des pancakes ?

Ses yeux brillent de malice - il semble que tout le monde soit au courant pour la passion de Jace pour ces crêpes - et son rire fait guise de réponse. Nous sortons alors tous les ingrédients et les ustensiles et - telle mère telle fille - ma maman branche son téléphone portable sur les enceintes et met en route un morceau qui ne m'est pas inconnu, tout simplement parce qu'il s'agit... de moi.

- Hors de question que je cuisine sur ça, je m'exclame, indignée.

Je déteste ma voix sur les enregistrements.