Chapitre 1: part 1

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Lukas: 11 janvier 2020

Il fallait continuer de vivre, se lever, étudier et devenir enfin quelqu'un. Nos actions impactaient nos vies pour toujours, mon expérience avec la mort avait laissé quelque chose moi. Je n'étais sur Terre que grâce à Roxane, je détestais lui devoir quelque chose. Je n'étais pas du genre à avoir des dettes envers les autres, cela ne m'intéressait pas. Il m'était difficile de penser au futur, j'étais un adulte, un père et pourtant, j'avais déjà fait tant de choses mals dans ma vie que j'avais peur de poursuivre dans cette voix.

Un peu avant le 11 je me sentis obligé de partir loin de l'Académie. Je ne voulais pas être là le jour de son anniversaire, j'avais besoin d'aller voir plus loin que tout ça. Je n'avais plus de famille, j'avais délibérément abandonné mon nom de famille, et mon ex-femme fréquentait de nouveau quelqu'un, un quelqu'un que mon fils considérait plus comme son père que moi.

Personne ne se souciait de moi, je n'avais plus rien, il me restait mes dons, des dons qui avaient handicapé ma sœur à vie. Bastien se forçait à trainer avec moi, on avait beau savoir tous les deux qu'il ne m'aimait pas plus que ça, il le faisait, comme par respect pour Roxane. Thibault, lui ne faisait pas semblant de m'aimer, j'appréciais presque sa compagnie depuis son accident. Il était le seul à ne pas me regarder comme une pauvre petite chose, il restait le même mec imbu de sa personne et avec une bouche bien trop souvent ouverte.

Je ne voulais de personne lors de ma petite retraire spirituelle, j'attrapais une moto et je disparaissais pour une durée indéterminée. Ma formation au sein de l'élite était assez étrange, je n'allais plus dans tous les cours, mais je passais les examens. Il ne me restait plus beaucoup de trimestres à effectuer avant de devenir un membre éminent d'une société en laquelle je ne croyais pas.

Je ne voulais pas penser à tout ça, mon cerveau était devenu insupportable, j'étais obligé de me bourrer la gueule pour ne plus réfléchir. J'étais devenu une épave, un tas d'ordures, j'enchainais les coups d'un soir mais elle ne quittait jamais mes pensées. J'étais prisonnier d'un souvenir, d'une odeur et d'un toucher, j'avais beau tout essayé, lorsqu'une femme se déshabillait devant moi, je ne voyais que le corps de Roxane.

Je n'avais en tête que l'image de la jeune fille qu'elle avait été, désormais, j'avais peur de ne plus la reconnaître. Durant ces deux dernières années, j'avais changé et j'étais angoissé à l'idée qu'elle aussi. Elle allait sur ses 19 ans, le temps passait trop vite, j'en avais le tournis, elle ne méritait pas toute mon attention et je le savais mais pourtant... Je passais la plupart de mon temps à penser à elle.

Je n'avais plus eu de contact avec ma famille depuis mon retour du royaume d'Asmodée, ils savaient que j'étais en vie mais j'avais refusé tout contact avec eux. Je ne pouvais tout bonnement pas tout oublier, je n'acceptais plus que quiconque me prenne pour un pigeon. Je voulais tourner la page d'une histoire que finalement, je ne pensais qu'entamer. Roxane m'avait fait sauter tout le développement pour arriver directement à la conclusion de l'idylle que nous avions vécue.

Je préférais me retrouver seul, le silence m'aidait à réfléchir, à méditer. Je ne supportais pas le vide qu'elle avait laissé, je voulais pouvoir lui parler, lui crier dessus, lui dire toutes les choses horribles que j'avais pensées d'elle ces deux dernières années, mais même ça ne m'était pas permis. Elle ne voulait plus de moi ? Soit, je ne pouvais tout bonnement pas la forcer à m'aimer, mais j'espérais au moins pouvoir lui dire droit dans les yeux tout le mal que je lui avais souhaité.

Je devais aller de l'avant, me remettre dans une relation sérieuse, quelque chose de concret et de réel. L'Angleterre m'offrait la possibilité de me sentir plus près de mes racines, j'évitais ma famille mais pas ma naissance. Aussi bizarre que cela soit, j'étais allé me recueillir devant ma tombe. J'avais beau savoir que sous la pierre il n'y avait rien, je me voyais me parler, un Lukas plus jeune et plus inexpérimenté. C'était une sensation étrange que de savoir ce que représentait ce lieu, si les choses s'étaient passées normalement, mon corps devrait reposer ici.

L'Académie 2: La Face CachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant