Chapitre 10: part 3

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Roxane:

Tout était tellement semblable à mes souvenirs, je pouvais presque m'apercevoir, là, au milieu du désert, complètement perdue. La dernière fois, j'avais suivi mon instinct, chose que j'avais appris à calmer, mes instincts n'étaient jamais les bienvenus. 

J'étais venue dans un but bien précis, celui de ramener Lukas et j'avais réussi, mais à un prix que je n'avais jamais imaginé. Il nous fallait des réponses, comprendre pourquoi toutes ces jeunes filles étaient tuées, pourquoi me ressemblaient-elles toutes. Nous devions le faire, les autres le faisaient parce que c'était moral, notre petit groupe comptait un roi et une Reine. Ils avaient juré fidélité à ce royaume, ils devaient le protéger. 

Mais moi, c'était différent, je n'avais juré fidélité à personne. Grâce à Kant, j'avais compris l'importance de nos intentions, pour faire une action morale, il fallait la faire parce qu'elle nous semblait naturelle et non dans le but d'être moral. C'était là, où moi, je me différenciais d'eux, en réalité, ce n'étais pas mon problème que des jeunes filles meurent.

 C'était horrible pour elles, mais je n'en étais responsable. Or, j'étais là, prête à sacrifier je ne sais quoi pour elles. Ils étaient clairs que j'essayais de me racheter, je voulais être vue comme quelqu'un de vertueux. Peut-être même pour cacher mon attirance envers ces contrées souterraines. 


- Roxane ? M'interpellait la voix de mon ami

Je contemplais ce royaume, ces terres arables, la désolation comme norme. Thibault était mal à l'aise, en même temps, comment ne pas l'être ? Il n'y avait rien de vivant, tout était mort, le sable rouge recouvrant chaque trace.

 Il était tellement facile de se laisser allez au néant ici, l'on devenait transparent dans ces étendues rouges qui s'étendaient à pertes de vue. Il nous suffisait de nous allonger sur le sable, il viendrait nous recouvrir avant que l'on puisse comprendre le poids de notre action. La mort sonnait ici comme une douce harmonie, elle me happait. 

Mon cœur était si vigoureux, il battait, il chantait. Plus je regardais ce paysage de désolation plus le sourire sur mes lèvres s'allongeait. Je voulais vomir et en même temps je ne désirais plus partir. J'avais tellement eu peur de ce moment, de ce contact entre moi et ces terres. Maintenant que la surface me paressait fade, je me sentais presque en sécurité en Enfer. 

J'avais angoissé à l'idée de comprendre certaines choses sur moi-même, mais, j'avais été si loin du compte. Mes pieds léchaient le sable chaud, la damnation des âmes, les cris de la mort. Tous ses sons qui me faisaient me sentir vivante. 

Ici, je me sentais tellement plus qu'un simple membre de l'élite. Je n'étais plus une jeune fille perturbée, un assassin, une menace, le silence pesant de la mort me permettait de prendre mon élan. La culpabilité, les remords, toutes mes souffrances étaient atténuées.

- Où peut-on le trouver ? Me demanda Thibault

Je sursautais, j'en avais presque oublié sa présence. Thibault devait forcément ressentir l'allègement de mon âme. Nous étions liés, on ressentait certaines choses, sans pour autant les comprendre.

- Suit moi... soufflais-je

Tout me paressait si clair, à travers le sable, je voyais tout, le chemin venait jusqu'à moi. C'était si délicieux, cette sensation de pouvoir, de supériorité. Comme si j'étais à l'apogée de tout, je pouvais toucher le ciel. Je retirais le pull qui couvrait mes épaules, il faisait si chaud en enfer.

L'Académie 2: La Face CachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant