Chapitre 9: part 1

742 70 12
                                    

Lukas:

Un mois, puis deux, trois et quatre. Le temps s'écoulait bien trop lentement sans action. Tout était calme à l'Académie, trop calme.

Les choses reprenaient leur cour, plus personne ne faisait attention à la présence de Roxane, il était redevenue normal de la croiser dans les couloirs. Les choses ne s'étaient pas améliorées entre nous, et en même temps, elles n'avaient pas empiré.

C'était déjà ça. Nous nous évitions le plus poliment possible, feintant chacun notre tour des occupations empêchant les réunions organisées par Bastien. On pouvait l'accuser de tous les maux, mais il avait la foi, une foi inéluctable entre nous tous.

Maëlys était fiancée, presque mariée et il ne perdait pas espoir, je ne savais pas si je devais lui tirer mon chapeau ou lui tirer une balle. Avais-je été aussi minable à attendre Roxane ?

Je repoussais cette idée dans un coin de ma tête, j'avais bien mieux à faire. Ma formation allait bientôt se finir, mon cursus était plutôt atypique. Après la résurrection, j'avais intégré l'élite, mais je n'avais pas laissé tomber les gardes du corps.

Chloé avait accepté mon départ suite à mon diplôme, Maëlys n'avait pas eu le droit de partir, mais moi, c'était comme si on m'encourageait. Et pour une fois, je n'avais pas envie d'emmerder la monarchie, j'étais content de partir, peut-être même trop. Je ne pourrais jamais m'éloigner totalement de ce lieu, mon fils y vivait, mais je n'aurai plus à franchir ces couloirs, ces jardins qui m'asphyxiaient à coup de souvenir.

J'avais le droit de partir, le droit d'oublier et de recommencer. Je ne pouvais rien changer aux circonstances de nos vies et j'avais bien laissé tomber l'idée de contrarier un Dieu. J'avais déjà perdu la vie, et l'amour, j'avais désormais trop peur de ce que je pourrais perdre. Je préférais me prélasser, attendre, baiser.

Une activité qui ma foi était encore plus satisfaisante maintenant que je n'attendais plus Roxane, je ne me sens aucunement coupable de quoi que ce soit. La drogue et l'alcool faisaient aussi partis de mon quotidien, mais je m'en sortais plutôt bien, enfin c'était ce que je croyais.


Le mariage de Maëlys était prévu pour dans deux mois, la jeune femme allait devenir une dame. Je passais mon temps à me moquer d'elle, le mariage n'était pas une bonne quand ce n'était pas avec la bonne personne. Mais mon amie n'avait pas le choix, elle était née avec un pubis et non un pénis.

Si je buvais assez, peut-être pourrais-je me tromper entre les organes génitaux, mais malheureusement ce n'était pas moi qui avais décrété qu'elle était une fille. Maëlys et Roxane s'étaient rapprochées, mais ce n'était pas totalement comme avant. On attendait tous le moment où Roxane exploserait, parce qu'elle allait le faire.

Elle était incapable de gérer toute cette pression toute seule, je ne lui parlais plus, mais j'étais tenue au courant. Si elle devait devenir une ennemie de la monarchie je devais me tenir prêt, tout le monde l'était d'ailleurs, même si personne ne voulait l'admettre. On était au courant de ses cauchemars, des visions envoyées par Asmodée.

Elle n'avait pas l'air différente d'un point de vue extérieur et c'était sûrement ça le plus rassurant.


Nous nous situions dans une mésentente cordiale, on avait effacé toute trace de nous et on s'en portait tous mieux. Durant le premier moi, mon cœur se serrait en passant près d'elle et puis petit à petit il se détendait.

Je fréquentais d'autres filles sans m'en cacher, au fond je n'avais que vingt ans, j'étais bel homme et des choses à offrir. Je ne savais pas si Roxane voyait quelqu'un, mais je savais que cela finirait par arriver. Je plaignais celui qui allait devoir supporter Roxane, elle était quand même une descendante d'un prince des Enfers.

L'Académie 2: La Face CachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant