Chapitre 1: part 2

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Les petites routes n'avaient plus de secret pour moi, je roulais aussi vite que mon cœur battait. Je n'avais pas de temps à perdre, l'air s'engouffrait dans mon cou et je resserrais l'étreinte autour de ma moto. Plus je me rapprochais de l'adresse, plus je me sentais mal. Je nourrissais un fantasme autour d'elle, quelque chose d'imaginaire, pour moi, ces deux dernières années n'avaient presque pas existé.

Plus je m'approchais de la fin de ce rêve, plus je devenais conscient de mon piteux état. Le couvent n'y ressemblait pas vraiment, c'était une demeure plutôt traditionnelle, une vieille maison visiblement réhabilitée dans un domaine plus spirituel.

Je n'avais jamais compris pourquoi elle était venue ici, elle était loin d'être une sainte ou une pieuse. Elle avait été possédée par un démon et elle était venue se réfugier dans la maison des bons Dieux, les anges. Je ne savais pas l'heure qu'il était mais la nuit était toujours reine alors j'en déduisis que j'étais allé assez vite.

Je posais la moto sur le côté et je m'avançais en catimini vers la grande porte. Qu'étais-je en train de faire ? J'allais m'introduire dans un couvent, en pleine nuit pour revoir un fantôme... Roxane n'en valait décidément pas la peine, mais j'étais bien trop con, comme si j'avais besoin de l'entendre me dénigrer.

Je voulais voir ses yeux me repousser, sentir son amertume m'accabler. Je n'avais jamais été le genre de personne à vouloir souffrir, je ne voyais pas l'intérêt d'avoir mal, mais maintenant, c'était presque comme une nécessité.

La porte devait faire au moins trois mètres, elle était en bois massif, la poignée devait être en fer et le bois avait gravé des roses. Je secouais vivement, j'étais assez présomptueux d'imaginer que mes pauvres bras pourraient venir à bout de l'épaisseur de bois. Je m'éloignais de quelques pas, pour vérifier s'il existait un autre moyen d'entrer. Je fis le tour de la bâtisse, un bien beau monument. Je pénétrais dans la cour privée en escaladant un mur de meulière, à cet instant, il ne me restait plus qu'à casser une fenêtre pour entrer.

Je n'avais jamais rien fait de ce genre, je n'aimais pas me salir les mains, j'étais un spectateur avisé d'habitude. Le bruit que j'avais fait par le passé n'avait semblé réveiller personne, je n'étais donc pas inquiet pour la fenêtre. Je touchais la fenêtre de la main et sentis mes oreilles se boucher. Les cris suppliants de ma sœur prirent le dessus sur les bruits de la nuit, je n'entendais plus que les hurlements déchirant, je sentais mon corps se raidir, il m'était impossible de rester de marbre.

Je sentis la chaleur de mon corps augmenté, il ne me fallut pas longtemps pour savoir que cette chaleur me parcourait direction la fenêtre. Le verre n'était au fond que du sable, il fallait une certaine chaleur certes, mais ce n'était pas bien compliqué à faire fondre. J'étais immunisé contre les brulures, c'était déjà ça. Heureusement que je n'étais pas du genre très épais, le trou dans le verre me permettait à peine de m'y glisser.

Je devais rester discret, je n'étais pas censé être ici, c'était presque excitant de me dire que je dérogeais aux règles, pour elle. Aussi étrange que cela puisse paraître, j'étais intimement convaincu que mon regain sentimental ne la toucherait pas, j'étais vu comme le bonhomme froid, mais Roxane, en un regard, elle pouvait faire débander n'importe qui. J'avançais dans les couloirs, avec un peu de chance j'arriverais à me perdre dans les détales de chemin.

Je n'avais pas d'indication sur son lieu de repos, elle partageait un appartement avec Clarissa, c'était la seule chose que Chloé avait jugé bon de me communiquer. Je tombais nez à nez avec un plan, les chambres étaient indiquées. J'imprimais donc le plan dans ma tête et repris ma quête, je montais des escaliers et m'approchais d'un couloir aux airs de dortoirs. C'était assez surprenant comment ce lieu ressemblait à une extension de l'Académie, comme une dépendance pour les cas les plus étranges.

L'Académie 2: La Face CachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant