Donner sa confiance, c'est trahir soi-même.
Salim Boudiaf- Enfilez votre veste, c'est un chemin parsemé de brise glacée, me demandait Morgan.
- Vous allez vraiment me montrer ces "faces cachées" ? demandais-je pleine d'espoir.
- Écoutez ma chère, commença-t-il en s'approchant de moi. Si j'accepte c'est pour une bonne raison ; mon monde est le vôtre, mon destin vous appartient, et vos décisions sont des clés. Je ne fais pas cela pour rien, pour une gamine qui veut des réponses à ses curiosités. Vous êtes bien plus que cela, même si vous ignorez pourquoi, et vous allez le découvrir. Mais j'ai d'abord à vous faire promettre.
- Dites-moi.
- Qu'importe les dilemmes, qu'importe les révélations qui vous seront faites, prenez bien le temps d'y réfléchir, et ne réagissez qu'après mûre réflexion. C'est du sérieux, j'ai besoin de votre parole.
- Je vous le promets.
- Dans ce cas, allons-y.
Morgan ouvrit la porte de sa maison, et tout de suite une forte brise m'embrassa. J'avançais tout de même hors du logis, et laissais Morgan passer devant, pour guider mon chemin à travers les arbres du bois. Dans les recoins sombres de la forêt, des yeux mystérieux semblaient nous observer, guetter notre vulnérabilité. La mienne je veux dire, c'est plus vrai. Les oiseaux chantaient à peine, leurs sifflements semblaient se taire alors que la forêt se densifiait.
- Tout va bien miss Elisa ? Je vous sens nerveuse, m'interpella Morgan, me sortant de ma torpeur.
- Tout va bien, c'est juste que l'on se sent observer dans cette forêt.
- Ne craignez rien, temps que je suis à vos côtés, il ne vous arrivera rien.
Le stress bien alimenté, je restais près de Morgan. Nous marchions à travers la futaie, avidement, commençant à traverser les fins chemins encadrés d'arbres qu'offraient possiblement la nature, et espérant que cela reste ainsi, sans que ça n'empire. La neige blanche piquait ma rétine, mais je préférais cela à la nuit sombre, pour le moment.
Je me posais des tas de questions : où allions-nous ? Qu'allais-je découvrir ?
Les bois se faisaient de plus en plus denses et sombres, cela commençait à m'inquiéter. Non pas que j'avais peur du noir, ce serait absurde de ma part, mais, la forêt n'est pas une ville où chaque chemin mène à un lieu. Morgan ne serait-il pas en train de me mener vers une mauvaise voie ? Peut-être s'était-il trompé de chemin ?
- Vous êtes sûr du chemin que vous prenez ?
- Miss Elisa, seriez-vous en train de douter de moi ? Je dois avouer que je me sens offensé, riait-il.
- Non Morgan, je ne doute pas de vous, juste que la forêt me semble toujours la même ici, alors comment pouvez-vous vous repérer ?
- C'est ainsi, qu'après avoir vu du sang voler, et échappé à la mort en toute discrétion que la jeune Elisa se pose une question ultime, a-t-il le sens de l'orientation ?
- Ne vous moquez pas de moi ! Vous devriez comprendre que je sois nerveuse.
- À vrai dire j'ai du mal.
- C'est pourtant simple, commençais-je à me calmer, me rendant bien compte que finalement il avait l'air de savoir où il allait. C'était rassurant, car je n'aurais pas mis ma main à couper que j'aurais su faire demi-tour. Je connaissais bien la forêt, mais sans aucun doute que Morgan la connaissait mieux que moi.
- Regardez miss, c'est ici, m'indiqua Morgan.
Le cœur battant je suivis son regard droit devant, et c'est avec surprise que je vis, un arbre mort. Un silence perturbant régnait à ce moment, nous étions postés devant un arbre, semblant mordu par l'hiver, je ne comprenais pas. Alors, il savait où allait, mais là où il allait, c'était un arbre ? Je suis bleue à quel point ?!
- Merci pour la blague Morgan, m'énervais-je.
- Miss Elisa, vous me l'aviez promis, soyez patiente, me rappela Morgan.
Tenant ma promesse, je restais alors plantée là, à regarder cet arbre, qui semblait me regarder lui aussi d'un mauvais œil. Ces branches étaient nues et son tronc était petit. Un trou peu profond se logeait au centre de son corps, et l'on pouvait voir les rides de son bois au fond. Je regardais Morgan du coin de l'œil qui semblait dans ses pensées, et même dans des souvenirs. Il regardait aussi l'arbre. Mais je pense qu'il avait rapidement senti mon regard sur lui, car il le posa sur moi.
- Suivez-moi miss Elisa, me demanda Morgan un fin sourire aux lèvres, d'une voix simple et monotone.
Il s'avança tout devant cet arbre, et tourna son visage vers moi quand il s'aperçut que je ne le suivais pas.
- Venez, insista-t-il.
Je commençais alors à m'avancer vers lui, pour finir à ses côtés, un peu embarrassée de ne pas comprendre la situation. Morgan vit rapidement ma gêne, et il se mit à rire, ne parvenant pas à se retenir.
- Seigneur. Elisa, vous êtes une jeune femme amusante.
Tout en calmant son rire, il posa une main sur l'écorce de l'arbre, qui gronda.
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Gardien de lune - Le disque d'or
ParanormalSi Elisa admire la Lune de nombreuses nuits, c'est uniquement pour se "perdre" loin dans ses pensées. C'est le pire des garde-mangers de l'ennui, dit-elle. Et elle rêve d'une vie moins difficile, plus libre. Un jour elle fera une erreur, une erreur...