On vit dans un drôle de monde dans lequel beaucoup préfèrent voir deux hommes se battre plutôt que de voir deux hommes qui s'embrassent.
FoozineUn silence de mort, moins bruyant que l'intérieur d'un cerceuil sous terre, voilà une particularité de l'atmosphère régnant dans le couloir, où la queue en direction de la salle amique attendait en se réduisant peu à peu. Mes mains étaient moites et ma gorge sèche. Jamais je n'avais connu un stress aussi grand et à la fois si peu justifié.
- Respire moins fort Elisa, tu vas faire de l'hyperventilation.
- Quoi je respire fort ? On m'a entendu...
- Mais non, j'te charie, c'est juste qu'on dirait que tu vas passer l'exam du siècle.
- C'est pas totalement faux je te ferais dire.
- Oui, mais bon, tu as déjà ton résultat donc c'est pas la peine de stresser, tentait de me rassurer Roni, qui se trouvait devant moi.
- Votre poignet, demandait le garde que j'observais de ma place.
Il scannait le poignet de toutes les personnes avant qu'elles ne rentrent.- Roni c'est quoi ?
- Oh merde, t'as pas de code toi.
- De code ?
- Uvair ! chuchotait Roni à ce dernier.
- Quoi, se retournait-il, le visage fermé.
- Elisa a pas de code, comment elle va rentrer ?
Uvair écarquilla les yeux, comme s'il venait de faire la connerie de l'année. Il mit une main sur sa bouche, et son regard se perdit dans le vide.
- Ils t'ont jamais mis de code ? me demandait-il soudain paniqué, tant qu'il me posait des questions inutiles.
- Bah non, pas à ce que je sache...
Mon cœur s'affolait dangereusement, plus la queue se réduisait.
- On peut pas juste leur expliquer ? proposais-je.
- Non ! Ça marche pas comme ça ! Ils sont très sévère sur ça. C'est interdit de tenter de se présenter à la salle amique sans code. C'est un crime de niveau deux.
- Votre poignet, demandait-il à Uvair.
Il se tournait face au garde, laissant un instant de silence, comme cherchant une idée de dernière seconde.
- Votre poignet, reprit le garde un ton au-dessus.
Il le tendit légèrement mais le garde lui attrapa, et lui scannait comme un produit de supermarché ; avant de le bousculer à l'intérieur de la salle, sans que celui-ci ne riposte.
- Votre poignet, demandait-il à Roni.
Celui-ci ne résista pas vraiment, et se résigna à détruire la seule barrière entre le garde et moi. Mon cœur loupa plusieurs battements, et je m'immobilisais, moi et toutes parcelles de mon corps, de la plus insignifiante partie, à la plus importante. Je vis chaque instant, où le dos de Roni se décala de ma vision.
Puis ce fut mon tour, et soudain mes jambes avaient décidé de se remettre à fonctionner. Durant une dizaine de secondes, mon regard restait bloqué sur le haut du corps du garde, détaillant son col mao blanc, où était cousu des formes arrondies en file doré. Puis mon regard finit par se poser sur son visage, blanc par la peinture. Je me raclais le fond de la gorge avec le peu de salive que je trouvais encore, et serraient mes poings, pour que mes mains cessent de trembler.
Son regard était froid comme un hiver à Qaqortoq, et je me demandais déjà pourquoi il ne m'avait toujours pas arraché mon poignet.
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Gardien de lune - Le disque d'or
ParanormalSi Elisa admire la Lune de nombreuses nuits, c'est uniquement pour se "perdre" loin dans ses pensées. C'est le pire des garde-mangers de l'ennui, dit-elle. Et elle rêve d'une vie moins difficile, plus libre. Un jour elle fera une erreur, une erreur...