La conviction est la conscience de l'esprit.
Chamfort- Ne vous attardez pas je vous prie, m'interpella soudain la voix du lapin robot à une dizaine de mètres de moi.
Je me tournais vers lui, voyant bien que je m'étais arrêtée un peu trop longuement sur la décoration féérique, et que je l'avais laissé avancer seul. N'empêche que l'endroit était époustouflant, les murs illuminaient de blanc, et les portes de ce couloir infini n'étaient que de fins contours noirs d'ombre. Je faisais terriblement tâche, et même le lapin n'était pas à la hauteur.
Nous ne continuâmes pas bien longtemps à marcher, car il s'arrêta à côté d'une porte, vers laquelle il se tourna, avant d'élever son court bras, pour toquer trois coups lents, et distinctes.
Je déviais le regard entre ces deux objets, attendant, et la porte s'ouvrit par la droite, faisant soudain monter en moi une large quantité de stress.
- Suivez-moi.
Il entra dans la salle, et j'hésitais un petit moment, avant de voir la tête du lapin ressortir en me regardant.
- Eh bien, venez ! insista-t-il.
Ne voulant pas être trop plaintive, j'entrais alors dans la pièce, longeant un mur sur ma droite, avant d'arriver réellement dans le lieu.
Le lapin était déjà entré, et à peine mes yeux se posèrent sur le reste de la pièce que je m'arrêtais et que je reculais d'un pas pour être cachée derrière le mur.
- Alors, pourquoi viens-tu nous déranger ? demanda une personne autour de la table au robot.
Je me sentis trop coupable de les faire attendre et de laisser ainsi le robot. Enfin, je pris mon courage à deux mains, et fis quelques pas dans la pièce, allant près du robot, gardant fixement les yeux sur le sol.
- C'est une Silenpantrique, leur informa le lapin.
Un des Inotés à la table se leva de son siège, dans sa tenue blonde et ambrée, et les autres me regardaient d'une manière plutôt fantomatique.
- Mais tiens donc, ricana l'une d'entre eux, celle qui était le plus loin de moi, de l'autre côté de la table.
- Je viens après un long voyage, j'ai besoin de votre aide...
- Faites-moi sortir ça.
Je vis soudain deux personnes très grandes, aux visages peints en blanc, qui s'approchèrent de moi, et qui m'attrapèrent chacun par un bras. Je regardais le conseil, sidérée.
- Attendez, ne faites pas ça je dis la vérité !
- Si vous étiez une Silenpantrique vous seriez déjà prisonnière dans les bras du Gardien, sortez là.
- J'AI LU LE MONDE DES NOIRCEURD, JE SAVAIS POUR CE DESTIN QUI M'ATTENDAIT, me débattais-je.
- Et comment auriez-vous pu le lire ?
- J'ai volé le Gardien, laissez-moi vous expliquer ! Je vous en prie !
La dame fit un signe de la tête aux gardes, et ils me lâchèrent un instant.
- Va y, je t'écoute, posa-t-elle son visage sur sa main, comme ennuyée.
Je m'offensais silencieusement, et regarda à tour de rôle les Inotés qui me lorgnaient de toutes parts.
- Je... J'ai rencontré le Gardien à Qaqortoq, nous sommes devenus des connaissances après qu'il m'ait sauvé la vie d'une hypothermie dans un lac.
Les Inotés se jetèrent soudain des regards sceptique et interpellant.
- Une sorte d'incohérence dans ce qu'il m'avait raconté durant mon mal m'avait mis la puce à l'oreille. Il m'a vite fait comprendre que je vivais dans un monde plein de secret, et il m'a emmené vers un conseil des noirceurs.
- Tu sais où sont les conseils ? plissa-t-elle les yeux.
- À peu près oui.
- Continue, le coupa un Inoté en la regardant de travers.
- Hum, quand il m'a appris qu'il y avait une énigme à résoudre, j'ai fini par accepter d'essayer.
- Accepter ? Qui t'a demandé de le faire ?
- Le Gardien.
- Je te demande pardon ?
- Il veut sortir des noirceurs, vous ne pouvez pas savoir à quel point ! Je lui ai dit que j'allais partir et lui ai demandé de ne pas me suivre. J'ai tenté de prendre contact avec le conseil de Sand Point, mais j'ai été enlevé par la résistance d'argent. Finalement ils se sont fait attaquer par des Bampi-les et je suis ici.
- Pourquoi es-tu là ?
- J'ai besoin de plus de connaissances pour résoudre l'énigme.
Cette dame avait pris son visage entre ses mains, soufflant avant de ricaner.
- Et comment tu aurais pu trouver les conseils des lumières dis-moi ? trouva-t-elle autre chose pour tenter de démentir mes propos.
- Le disque d'or est une carte qui se superpose parfaitement à celle du monde, il m'a suffi de les faire se croiser.
- Tu as réponse à tout toi hein ? Me souriait-elle en tournant à plusieurs reprises son visage de droite à gauche.
- C'est facile, quand on raconte simplement ce qu'on a vécu, lui souriais-je en retour.
- Bien, soufflait-elle exaspérée. Je pense que mise à part moi, tu as convaincu l'assemblée. Qu'as-tu appris de ton voyage ?
- J'ai lu une partie de L'équilibre et Le Monde Des Noirceurs.
- Rien qui soit écrit de la main des lumières ?
- Non, admis-je.
- Je vois, on va t'en fournir.
- Merci.
- Amenez-la à une chambre, s'adressa-t-elle aux gardes.
- Comment vous appelez-vous ? me demanda une Inoté à quelques places de ma bonne amie.
- Elisa Payn.
- Payn ? fronça les sourcils l'Inoté contre moi.
- Oui, pourquoi ?
- Elisabeth Jackarson, se présenta-t-elle.
- J'ai lu votre nom dans L'équilibre.
- Sûrement, dites-moi, seriez-vous de la lignée de Joseph Payn et de Louise Payn ?
- Ce sont mes parents, acquiesçais-je.
Une des Inotés mit son poing sur sa bouche, et la plupart s'étaient tournés vers Jackarson.
- Il y a un problème ? demandais-je interpelée.
- Tu as connu ton père ?
- Bien sûr, mais il est mort quand j'avais neuf ans à peu près.
Ils avaient tous l'air décontenancés, me regardant comme une fillette, j'avais l'air taraudée par d'autres esprits.
- Eh bien, Elisa, cela risque d'être autant une surprise pour toi que pour nous apparemment.
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Gardien de lune - Le disque d'or
ParanormalSi Elisa admire la Lune de nombreuses nuits, c'est uniquement pour se "perdre" loin dans ses pensées. C'est le pire des garde-mangers de l'ennui, dit-elle. Et elle rêve d'une vie moins difficile, plus libre. Un jour elle fera une erreur, une erreur...