Smart Game.

10. Jour 6 : Trahison

La porte qui renfermait mon coeur venait de voler en éclats de bois. Je fus prise d'une montée d'angoisse et tenter de me rattraper à la porte du casier, en vain ; mes jambes cédèrent et je m'écroulai sur les genoux, les larmes embrumant rapidement mon visage. Je n'arrivais pas à accepter la réalité qui s'offrait à moi tant elle me parraissait incensée : Thomas était mon ami, il avait toujours été là pour moi, depuis le début. Mais lorsque j'y réfléchissais plus longuement, il avait menti à beaucoup de gens sur sa vraie personnalité, et à moi en premier lieu. Il avait su jouer un double jeu, peut-être que le Thomas que je connaissais n'était un réalité qu'une facette parmi ses inombrables personnalités cachées...
Mais tout celà me paraissait plus ridicule encore.
J'en étais à présent certaine, toutes ces épreuves avaient pour but de nous briser psychologiquement. D'un coté, on nous donnait la possibilité de sortir, mais celle-ci était le prix d'une bataille rude, d'une lutte incessante contre la folie, de mensonges et de trahisons, où certains ne s'en sortiraient pas vivant.

Je rammenai fébrilement mes jambes contre mon torse et inspirai fortement, puis soufflai par la bouche.
Je recommançai ce mécanisme plusieurs fois, dans le mince espoir de réussir à me calmer.
Mon sweat me collait à la peau, un feu rugissait dans mon corps, brûlait mon estomac et remontait à ma gorge, que même mes larmes ne parvenaient pas à eteindre. Je me sentais si faible et vulnérable que je m'en trouvai presque honteuse.

On ne doit pas me trouver ici.

Une once de lucidité traversa mon esprit et je me relevai pour refermer silencieusement le casier. Je remettai le cadenas en place et m'appuyai encore un instant contre la paroi de métal, le temps de redevenir complètement stable. C'était déjà plus prudent si quelqu'un venait à arriver.
J'essuyai de mes deux mains mes joues humides et remettai de l'ordre dans mes cheveux.

Inspirer, expirer. Ça ne devrait pas être très compliqué.

Je ne pouvais pas retourner dans ma chambre; pas ce soir, pas maintenant. J'en étais de toute évidence incapable, psychologiquement et physiquement.
Mais une autre réalité non moins effrayante m'attendait au delà de ces murs, que je venais d'apprendre en fouillant dans les effets de Brenda. Ce que j'avais vu remettait en question toute ma vision des choses, et pire encore, ma propre vision de moi.

Je ne pouvais pas rester ici.

Je repris le chemin en direction des chambres, et non sûre de moi, m'arrêtai devant celle de Armin.
Sa respiration rauque me parvenait au delà de la cloison, j'hésitai encore une seconde puis toquai doucement.
Il ne me répondit pas, sûrement dormait-il. J'enclenchai la poignée et poussai doucement la porte. Un air chaud s'engouffra dans le couloir et l'odeur du shampoing donné à chacun d'entre nous emplit mes narines. La pièce était plongée dans le noir, excepté le halo de lumière provenant du couloir qui projetait désormais au sol un doux éclairage.

-Armin ? Chuchotai-je.
Je distinguai sa silouhette endormie dans le fond de la chambre. Il émit un grognement presque inaudible et se retourna sous ses draps.
Je fis un pas de plus vers la pénombre, m'assurant que Brenda n'était pas encore revenue dans sa chambre. Son lit ordonné et vide m'indiqua que non.

-Armin, répétai-je doucement. Désolé de venir maintenant.. je ne savais pas où aller...

Cette fois-ci, tout son corps trésaillit, et dans un sursaut et il se releva sur son lit, brandissant un objet métallique dans ma direction.
Bien que je fus assez loin de lui, surprise de sa réaction je reculai d'un pas, m'assurant de la main que la porte derrière moi était toujours ouverte.

-Armin c'est moi, bégayai-je.
Ses yeux bleus brillant dans la faible lumière s'écarquillèrent, il lâcha son arme qui produisit un vacarme monstre en s'écrasant sur le sol carrelé.