7. Jour 5 : Mystère

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Le bruit de l'alarme retentit.
Je m'étais endormie dans le couloir ? Je ne m'en rappellais pas.
J'étirais mes muscles engourdis par cette mauvaise nuit, lorsque l'image de Nolan gisant sur le sol s'imissa de nouveau dans mon esprit.
Je retins une larme menaçant de couler, en profitai pour réveiller Thomas qui s'était avachi sur le carrelage froid.
Machinalement j'oscultais son bras gauche : le chiffre 2.
Pas le 4.
Rien d'arnomal jusque là.
-Tu as enfin un chiffre, dis-je avec plus d'enthousiasme que je ne l'aurais voulu.
Il plissa ses yeux à demi ouvert, puis se frotta le front d'une main.
-Ouais, super, souffla t-il ironiquement.
Je le suivis lorsqu'il se leva rejoindre les autres.
De jours en jours, très rapidement, une fidèle organisation s'était installée au sein du groupe.
Une petite fourmilière humaine se déplaçaient, s'équipaient, découvraient du matin jusqu'au soir.
Des jeunes affluaient à la cuisine, au rangement, au nettoyage, comme si ces petits êtres étaient nés pour ce rôle, ils rentraient parfaitement dans leurs costumes.
Je ne pouvais cacher ce petit sentiment de honte qui grandissait en moi lorsque je comparais mon rôle aux leurs : j'avais beau avancer dans les recherches, je n'aidais en rien ceux qui nous rendaient la vie meilleure ici.
Thomas dû ressentir la même chose puisqu'il partit proposer son aide à une très jeune fille qui rangeait une pile de chaise.
-Excuse-moi, tu as besoin d'aide ? Proposai-je à un garçon aux cheveux bouclés qui se battait contre une saleté encrassant le sol.
-Non, c'est bon, rétorqua t-il sèchement.
L'impression que tous les regards étaient braqués sur moi me noua la gorge, les jugements s'abbattaient sur ma conscience comme des coups de poignards dans le coeur.
Mais c'était faux ; tous le monde vaquait à ses tâches, ne se souciant pas une seule seconde de ma précense.
Je les abandonne...

Non Malya, non

Je balayai d'un revers de la main les paroles de Nolan qui martelaient mon crâne, lorsque je la vis.
Non je ne rêvais pas.
Elle me regardait bien.
Dans l'ombre du groupe qui s'agitait, elle se tenait là, aussi droite qu'un pilier, aussi froide qu'une pierre.
Brenda
J'étais à plusieurs mètres d'elle mais son regard d'une noirceur évidente traversait infailliblement la distance.
Je vérifiais qu'il n'y est pas quelqu'un d'autre que moi qu'elle puisse observer mais je me rendis vite compte qu'il y aurait pu avoir une bombe, un tsunami ou un ouragan, elle aurait continuer de me tuer par son regard.
Je retins un frémissement et m'avançai prudement vers elle, tendant par avance une main devant moi.
-Brenda ? Chuchotai-je après une hésitation, lorsque ma main frolait presque la sienne. Ça va ?
Elle ravala sa salive, mais ne prononcant pas un mot.
-Écoutes, je sais ce que t'as provoqué la mort de Nolan, je... j'en suis réellement désolé. Je l'aimais beaucoup et...

Elle respira plus fortement et j'enchaînais directement sur une autre piste :
-C'est Armin ? Tu as.. tu as un autre chiffre ? C'est ça ?

Elle plissa ses yeux, réduisant le gouffre de ténébres qu'elle renvoyait puis elle me tourna sèchement les talons, et partie en faisant claquer ses tennis sur le sol.
Je passai une main dans mes cheveux.
Je ne l'avais jamais vu comme ça. Bon, je ne l'avais pas énormément vu, mais n'importe qui aurait tout de suite deviné que jamais elle n'avait déjà été dans cet état.

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-Donc tu n'en sais rien ?
La question que je répétais pour la troisième fois à Armin obtenait toujours la même réponse : Non, je n'en sais rien.
-Elle allait bien ce matin, ajouta t-il. Elle était toujours un peu sécouée c'est vrai, mais delà à la description que tu m'en as faite, non jamais.
Je soupirai, grattant du bout des doigts le mur d'un blanc clinical.
Après avoir trouvé Armin, on s'était rendu dans une pièce attenante à un long couloir, espérant que personne ne passerait par là pour le moment.
Armin fixa ses pieds, ne sachant quoi ajouter, puis leva les yeux vers moi, les lèvres plissées.
-Je ne la connais pas beaucoup tu sais, me dit-il finalement.
-Pourtant vous êtes dans la même chambre ? Vous n'avez pas discuté ?
-Elle est beaucoup plus rude que tu ne le penses, crois moi. C'est tout juste si on s'aide pour nos missions. Elle est prête à s'intégrer en groupe, mais seule c'est une autre histoire. Mais je la comprends, je n'avais moi même aucune envie de parler en arrivant ici, mais finalement c'est toujours pareil : certains réussissent à s'adapter et d'autres non.

Le discours philosophique d'Armin ne pouvait cependant venir à bout de la complexité du comportement de Brenda. Depuis la veille, il semblait qu'elle s'était changée en une autre personne, qu'elle avait fini par jeter le masque qui l'emprisonnait. Malgré les dires d'Armin, elle me parraissait très ouverte, quand elle avait découvert comment était réellement Thomas.
Comme si il avait lu dans ma dernière pensée, il se leva d'un geste maîtrisé et se tourna vers moi :
-Au fait, qu'est-ce qu'il fait Thomas ?
-Il aide au ménage je crois.
-Un boxer véloman et nettoyeur en chef, ça promet !
-Il t'as raconté ?
-On a parlé un peu, je pense que c'est surtout celui qui me ressemble le plus, on a même réussit à rire, fit-il avec un sourire sincère, cependant teinté d'amerturme.
-Ah ouais, je ne savais pas que les garçons se racontaient leurs petits secrets, fis-je dans un léger rire.
-Oh tu sais on a parlé que de sport, il a l'air d'avoir d'autres personnes pour ça, sous-entend t-il en ouvrant la porte.
Je lève les yeux au ciel même si il ne le remarqua pas.

Je retenais un nouveau baîllement, j'étais de plus en plus fatiguée, et je dormais de moins en moins.
Armin et Thomas avaient l'air plus éteind encore, de longues cernes traçaient leur chemin sous leurs yeux rougis, et leur irritabilité prenait parfois possession d'eux de façon inattendu, brusque et imprévisible.
Mais ils gardaient toujours le sourire, se battaient chaque seconde contre les démons qui les assaillaient, la peur qui les envahissaient.
Je ne me rendais pas compte que je marchais depuis maintenant plusieurs minutes, tant j'étais absorbée dans mes pensées.
Je cru entendre un bruit, je me retournai brusquement mais seul le néon grésillant son désespoir me fit face.
Incrédule, je continuais ma marche, prenant soin de faire moins de bruit pour entendre ce qui m'entourait.
Un nouveau son. Cette fois-ci je le reconnus, le claquement d'une chaussure sur le sol.
Mais avant d'avoir pu m'y préparer, je fus violement plaquer contre le mur, ses émetteurs criant de douleur sous ma peau.
Mon aggresseur me retourna pour que je puisse découvrir le visage de Brenda, rouge écarlate, qui ruminait à plein nez. Je la repoussai malgré la douleur longeant ma colonne vertébrale :
-Qu'est-ce qui te prend ! Rétorquai-je sèchement. Enfin, Brenda...
Mais ce geste et ces paroles ne parurent pas la décourager. Elle s'avança vers moi dangereusement.

Proche, trop proche.

Et son visage m'assurait qu'elle ne plaisantait pas.
Je reculai d'un pas, et adoucis ma voix dans l'espoir de la calmer.
-Brenda...
-C'est ta faute. Sa voix d'habitude angéline s'était totalement endurcie, on aurait pu presque croire que ce n'était pas elle qui avait prononcé ses mots.
Elle haussa le ton, me clouant sur place.
-C'est de ta faute ! T'es vraiment une.. tu le savais !
Elle se jetta sur moi dans un grognement. On bascula sur le sol, Brenda en position de force, à califourchon sur moi.
Ses mains emprisonnèrent mon cou. Je retins un cri de douleur lorsqu'elle ressera son étreinte.
-Brenda ! Arrête ! Hurlais-je, mes mains griffant les siennes à la manière d'un animal. Ses longs cheveux bruns embrumèrent mon visage et m'étouffèrent d'avantage, trouvant une nouvelle façon de me couper la respiration.
-C'est de ta faute ! Répétait-elle sans cesse. Tu nous as trahis !
Les ongles de brenda s'enfonçaient dans ma chair souple, je tentais une nouvelle fois de la raisonner :
-Brenda ! NON ! suffoquais-je.
À bout de force, je lachai l'emprise que j'avais sur elle.
Une brume épaisse envahit progressivement mon champ de vision, mes muscles se détendirent sous son poids, mon esprit s'éléva, tentant de déchirer la barrière de mon corps.
Je ne compris pas ce qu'il se déroula ensuite, mais Brenda n'était plus sur moi, la douleur s'estompa instantanément, me laissant échapper un cri étranglé de soulagement. Je voulus lever la tête vers la personne qui m'avait sauvé, mais avant d'avoir pu ouvrir les yeux je sombrai dans le noir.

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