Smart Game.

1. Beginning : les règles

Il y a longtemps que je n'ai pas eu un mal de tête aussi intense, et me masser sans cesse les tempes ni change rien.
Je pose une nouvelle fois mon regard sur l'eau de pluie qui ruisselant sur les vitres sales, écoutant le bruit sourd que certaines d'entre elles font en se cognant plus violemment contre la paroi.
Le siège n'est pas du tout confortable, mais au moins je suis pas ligoté.

Fouillant au plus profond de ma mémoire, je tentais de me remémorer les événements de la veille, mais rien ni faisait : c'était le noir total, aucun souvenirs, rien.
Je pouvais facilement me rappeler du visage de mes parents, du lycée dans lequel j'étudie, de mon carnet d'écriture posé sur le bureau de ma chambre, mais pourtant, je ne pouvais pas citer une seule action que j'aurais faite la veille. Tout s'arrête à une date floue, un vendredi je crois, mais rien de plus.
Le silence qui régnait était pesant, la seule chose qui le trahissait, la mauvaise suspension du car qui nous secouait à chaque discontinuité du goudron.
Le paysage qui défilait était enrobé par la brume épaisse de ce qu'il me semblait être un début de matinée, mais je distinguais tout de même le feuillage épais des arbres et les branches qui luttaient contre le vent.

On ne pouvait apercevoir aucune boutique, aucune maison, aucun champ. Le seul signe de civilisation humaine était cette route sinueuse et interminable qui se semblait mener nulle part si ce n'est à l'enfer. De toute évidence personne ne nous retrouverait ici.
Reste calme, ça ne ferait qu'empirer la situation.
Mais ça m'était impossible, je frappais des pieds la moquette abîmée, priant pour que quelqu'un m'explique enfin pourquoi j'étais ici.

"-Je m'appelle Thomas, et toi ?

Je me retourne alors vers l'adolescent assis à mes côtés. Châtain aux yeux noisettes, les cheveux en bataille, il n'émet aucune expression du visage en prononçant ces mots.

-Malya.
-C'est jolie Malya. Il ne fait pas très beau aujourd'hui hein ?
-Dis moi ce qu'on fait là ?
-Sûrement un voyage ! Il frappa dans ses mains d'un air émoustillé.
-Avec des gardes armés ?
-Ils nous protègent voyons ! On doit sûrement être très importants !
-Est-ce que tu sais au moins comment tu es arrivé ici ?

Il sembla réfléchir, comme lorsqu'on demande à un enfant ce qu'il a fait lors de sa journée d'école.

-J'avoue que non, mais je m'étais endormi pendant le début du trajet donc j'ai dû oublié.

Il devait avoir mon âge, peut-être un peu plus, et sa carrure un peu développé détonnait complètement avec son caractère naïf.
Il me sourit une nouvelle fois, comme pour me rassurer.
Il se teint d'une main à la prise du siège devant lui et les veines de son bras furent soudain plus apparentes. Il arrêta de parler, se contentant de regarder l'avant du car à travers le couloir déversant les sièges.

Je me frottais les yeux, étais-je là seule à remarquer que quelque chose clochait ?
Je me retournai et regardai à l'arrière du car ; chaque enfant, ou plutôt adolescent d'environ 12 à 18 ans se réveillaient à tour de rôle. D'autres parlaient déjà à voix basses en guettant les allers et venues des gardes.
Je me penchai vers ceux qui étaient en conversation, passant sur Thomas puisque j'étais du côté fenêtre.
Celui-ci grogna en poussant mes cheveux qui étouffaient son visage, j'accentuais mon poids sur mes pieds pour ne pas l'écraser.

-Vous vous êtes tous réveillés sans savoir comment vous étiez arrivés ici ? Demanda un garçon blond un peu plus vieux que moi. Ses yeux bleus parcourent l'ensemble des jeunes qui l'écoutaient, et il se pinça l'intérieur des joues.

On hochait tous la tête positivement, mais je remarquai qu'une jeune fille aux cheveux longs fuyait mon regard.
Elle ne semblait pas terrorisée mais plutôt anxieuse, comme si elle peur qu'on ne découvre quelque chose à son sujet... Je tentais une dernière fois de capter son regard, mais elle détourna une nouvelle fois rapidement la tête vers la fenêtre.