Smart Game.

6. Jour 4 : C'est fini...

J'eus le temps de distinguer Armin s'emparer du papier que j'avais laché, et Thomas se précipiter vers la porte.
Le visage d'Armin blêmit, il nous rejoingnit en courant.
On s'engouffrait tous dans le couloir, Emma et Brenda en fin de file.
-Nolan !
On poussait les autres jeunes sur notre passage et on atterrisait dans la salle commune.
Mon sang ne fit qu'un tour lorsque je vis l'agitation qui se tenait dans la pièce. Certains criaient, d'autres portaient leurs mains à leurs bouches.
Tous formaient un cercle aurtour de...  autour de quoi ? Ou plutôt de qui ?
-Laissez passez ! Poussez vous ! Hurla Armin, tentant de se frayer un passage à travers la foule de la quarantaine de jeunes qui s'était regroupés.
Je compris avant de l'avoir vu : Armin poussa un cri étranglé et Emma se précipita vers lui.
Nolan gisait au sol, il était pâle et avait du mal à respirer, mais il n'avait aucune blessure.
-Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Souffla Emma en larmes.
Ils n'avaient pas le droit de l'emporter à lui. Pas lui, il était trop gentil.
Il avait encore trop de choses à vivre.
ON avait trop de choses à vivre.
C'était trop.
-Nolan.. chuchotais-je en effleurant son visage de mes mains, dis nous ce qu'il s'est passé..
-Je n'en sais rien, j'ai ressentis une pointe au coeur, puis un liquide froid dans mon bras.
Je ne pouvais pas le laisser mourir sans lui expliquer, parce que c'était évident : il allait mourir. Tout était là, on nous avait prévenu, on l'avait prévenu, mais on ne pouvait rien faire.
-On a compris le sens des chiffres Nolan, et tu sais ce que c'est le 1 ? Le courage. Et tu l'as.
Il ria, mais s'etouffa par la suite.
-C'est gentil de me dire que je suis courageux,mais je le savais déjà.
Je ne réussis pas à rire.
-Et le 4 ? Demanda t-il.
-Il... heu...
-Ne me dis rien, je crois que j'ai compris, ne me dis rien. Dis moi, personne d'autre ne l'a ? Dis moi que personne d'autre n'a ce chiffre.
-Je ne sais pas, on a pas pu voir tout le monde. Mais Brenda ne l'a pas, Emma ne l'a pas, je ne l'ai pas, Armin et Thomas non plus.
-Super, super..
Il ferma les yeux pendant un temps qui me parut trop long, je crus que c'était fini.
Mais il les re-ouvrit difficilement, regardant Emma :
-Je... je suis content, il toussa une nouvelle fois. Je suis content de vous avoir connu, tous, même si ça devait être dans ses conditions, au moins je vous aurait connu.
Je ne pus retenir les larmes qui menaçaient de couler, je n'avais jamais vu quelqu'un mourir devant moi, jamais comme ça, jamais de mes propres yeux. Et jamais quelqu'un que j'appréciais.
Il ferma les yeux en soufflant une dernière fois et ce fut comme si il venait de s'endormir. Mais il ne respirait plus.
Emma posa son front sur son torse, la main de Armin posé sur son épaule.
Je m'effondrai par terre, Thomas tournait sur lui même, les mains sur la tête.
Je me levais difficilement vers Emma, la prenant dans mes bras :
-Je suis désolée..
Je la sentis sangloter doucement, ses larmes mouillant mon tee-shirt.
15 minutes plus tard, on était toujours là, autour du corps de Nolan. Il ne restait plus que nous, les autres jeunes avaient préféré ne pas assister à ça.
-On.. on l'emmène dans une des pièces vides ? Demanda Thomas qui s'était assis contre en mur.
-Oui, je pense, répondit Armin.
Les deux portèrent le corps de Nolan à travers les couloirs, et on choisissait une pièce donnant sur un cul de sac pour que personne ne passe par ici.
J'avais pris un cookie avant de partir; je ne savais pas réellement de quelle façon lui rendre hommage, mais je voulais laisser un souvenir de sa personnalité, de sa gaité et non de la mort.
Alors je le posai à côté de lui, mais je ne pus le regarder. Je mis mes mains dans mes poches pour les faire arrêter de trembler, en vain.
-Je ne connaissais même pas son âge, avouais-je, honteuse.
-Il venait d'avoir 16 ans, souffla Emma.
-Enfin, je ne sais même pas VOS âges. Je ne connais rien de vous, alors qu'on est tous ensemble. J'aurais aimé apprendre à le connaître..
Armin posa une main sur mon épaule :
-Ce n'est pas de ta faute si il est mort, quoique tu en penses, tu n'y pouvais rien, vraiment rien.
-Je ne sais pas..
-Et moi si, alors s'il te plaît ne dit rien.
Seul le silence fit honneur à Nolan pour les minutes qui suivirent.
Puis on sortit tous à tour de rôle de la pièce, Emma se retournant une dernière fois vers lui.
Brenda n'avait pas prononcé un mot depuis le début, mais Armin la prit appart et ils marchèrent devant nous le temps du retour.
Emma souhaitait rester seule un moment, elle partit dans une direction opposée à la nôtre.
Il ne restait plus que Thomas et moi qui marchions en silence dans le couloir.
Je faisais glisser ma main le long du mur, me souvenant soudain qu'ils filmaient nos moindres gestes. Les monstres qui nous avaient jetés dans cet endroit avaient donc vu mourir Nolan, pire, ils l'avaient eux-même tué, et ils avaient regardé ça.
Je sentis que j'allais vomir, je m'accroupissais, une main toujours sur le mur, mes cheveux se collant à lui.
-Ça va ? Tu veux qu'on reste un peu ici ? Me demanda Thomas.
-Juste le temps que je reprenne mon souffle.
Il s'assis en tailleur en face de moi et je finissais par faire de même, mes jambes ne pouvant plus supporter mon poids.
-Tu veux en parler ? Dit-il ses yeux marrons rivés sur moi.
-Quand j'ai trouvé le mot, je ne pensais pas que celà puisse être aussi terrible, je crois que je n'avais jamais pris réellement conscience de la réalité. Mais quelqu'un est mort aujourd'hui, et je ne pense pas que ce sera le seul..
-Ecoutes moi, on va sortir d'ici, d'accord ? Et en vie, j'en suis sûr.
-On ne s'est jamais parlé normalement. Notre vie a basculé du jour au lendemain au beau milieu d'un cauchemard, et on est là à se soutenir sans rien savoir de l'autre. Nolan est mort, et je ne l'ai même pas connu, je pensais tout simplement avoir le temps.
Je ne veux pas faire la même erreur avec vous tous, je ne veux pas faire la même erreur avec toi.
Il resta un moment sans parler, puis posa ses mains sur mes chaussures, jouant du bout des doigts avec mes lacets. Il finit par lever la tête vers moi, gardant ses mains posées sur la peau de mes chevilles.
-Je m'appelle Thomas, j'ai 18 ans, les cours n'étaient pas un plaisir pour moi mais j'ai toujours était passioné par le fait de ne pas rater ma vie, donc je m'en suis contenté. Je suis passioné d'histoire et d'informatique, même si ce sont deux mondes bien différents. Je faisais du vélo, le dimanche chez moi, et parfois de la nanation. Mais ce qui me passionais par dessus tout, c'était la boxe.
J'ai un grand frère, et comme tous les frères on se détestait et on s'aimer à folie.
Je pouvais facilement me faire des amis, mais je n'ai jamais trouvé quelqu'un qui me correspondait réellement.
Et si on m'avait un jour demandé ce que j'aurais fais dans une telle situation, je te répondrais que je n'en sais rien, que rien n'arrive au hasard, mais que pourtant je ne pense pas mérité ça. Je pense simplement que personne ne mérite ça, et encore moins Nolan.
Son regard croisa le mien, je me perdis dans la profondeur de ses yeux qui semblaient vouloir exprimer les 1000 et une chose de la vie, et je restais ainsi, à me perdre dans ses yeux, comme si c'était le meilleur endroit pour être en sécurité. Je l'étais, avec lui.
-Je viens d'avoir 17 ans aujourd'hui, mais je crois que le feu de mes bougies s'est propagé pour créer l'enfer.
Je suis passionée d'histoire aussi, du moins l'histoire récente, mais ce qui me plaît le plus, c'ést d'écrire. Dès que je le pouvais, je restais des heures seule à me consacrer à cette unique activité, quitte à perdre du temps avec ma famille. J'ai toujours eu des amis, même si je suis quelqu'un de naturellement timide.
Et j'adore la couleur jaune.
Il ria à ma dernière remarque, même si il n'aurait pas voulu.
-Le jaune ?
-Oui, le jaune. Le jaune vif, la couleur que l'on imaginait s'accorder au soleil lorsqu'on était petit. La couleur de la joie, des rires et du bonheur.
Son visage s'éclaira, il esquissa un léger sourire.
-Cette couleur me plaît, dit-il finalement.
Puis plus aucun de nous deux ne parla. Le simple fait d'être avec lui m'apaisait. Le simple fait d'être aussu proche de lui...
Je regardais à ma droite, observant l'immense couloir qui s'étendait, et une chose me traversa l'esprit, une chose dont j'étais maintenant sûre et certaine :
On allait tous sortir d'ici, quelqu'en soit le prix à payer. Parce que j'allais me battre pour ça. Je ferais tout pour nous voir tous sortir d'ici ensemble.
Je vais me battre.
Il me semblait encore entendre les paroles rassurantes de Nolan dans un coin de ma tête : tout va bien se passer Malya.
Je l'espère, je l'espère...