Scarlet Princess Tome 2: Ténèbres

Chapitre II: L'univers de la Magie

-Il ne reste plus qu'une heure, déclara Fennir, les mains croisées dans le dos.

Krusla serra les dents. Il se tenait sur une jambe fléchie, au milieu d'une « petite » cascade.

-Encore une heure ! s'exclama-t-il, complètement découragé.

-Tu peux abandonner si tu veux.

-Pas question ! protesta le garçon.

Soudain, il sentit sa jambe se plier, et il glissa dans l'eau tout entier, provoquant une éclaboussure de deux mètres. Son compagnon, Onyx, se percha sur un arbre en le dévisageant de son regard accusateur.

-Bien, tu feras le double demain ; la voix légère de son oncle retentit. Et maintenant...

-Je peux continuer ! dit Krusla en refaisant surface.

Il le regarda d'un air surprit.

-Mais avant... ajouta son élève, est-ce que je pourrais prendre un bain bien chaud ?

Il ne sut alors s'il faillait rire ou pleurer...

-Hors de question. Puisque tu es tombé dans le lac, tu vas en profiter pour faire cinq tours en nage.

-Je suis à bout ! Je vais mourir ! se plaignit le garçon.

Ignorant ses protestations, Fennir s'assit alors tranquillement sur un rocher et se mit à tailler une statuette en pierre avec un poignard... un simple poignard ! Chacun de ses mouvements trahissaient sa force et sa puissance.

<<Encore un peu !>>, soupira alors le garçon.

S'il voulait devenir comme son maître, il faillait endurer des souffrances. Bien résolu, Krusla se mit à nager...

Son maître esquissa un sourire. Comme s'il ne connaissait pas le physique du garçon ! Il avait surtout utilisé les forces de ses jambes, tout à l'heure. Il lui en restera suffisamment pour faire quelques tours de nage !

*

-Tu dois accorder plus d'importance à l'agilité qu'à la force brute. Se muscler, faire durcir la paume de ses mains afin de pouvoir briser les pierres, c'est bien beau, mais tu ne pourras plus manier d'armes.

-Mais si mon corps est dur, on ne pourra plus me blesser ! remarqua Krusla, pensif.

Fennir sourit, non seulement pas du tout vexé, mais plutôt content de cette remarque.

-Et les armes, à quoi servent-elles ? demanda-t-il.

-Donc, il vaut mieux conserver l'agilité et me protéger avec des équipements ! conclut le garçon.

-Exact. Pour transpercer les armures, il faut une arme, et savoir la manier. Je pense qu'il est temps pour toi de trouver celle qu'il te faut, déclara-t-il.

-Je prendrais la même que vous ! Vous pouvez m'apprendre ! s'écria Krusla.

Mais Fennir secoua la tête.

-La façon de combattre est différente pour tous. Il te faut trouver la tienne, Krusla, lui dit-il. Et je ne peux pas rester éternellement ton maître, j'ai mes occupations, après tout ! Je t'ai appris tout ce que j'ai à t'apprendre, mon garçon. Tu as douze ans, tu dois frayer ton chemin par toi-même.

Krusla hocha la tête.

-Merci, maître... mon oncle.

Et celui-ci tapota l'épaule de son neveu.

-Comment avance l'entrainement de Krusla ? s'enquit le roi.

Fennir soupira :

-Il pourra se défendre dans une trentaine d'années... encore faut-il qu'il continue de persévérer.

-Ah... Il n'est pas fait pour le règne... je n'aurais pas dû y mettre de faux espoirs. Merci, mon frère, de bien avoir voulu aider Krusla.

*

-Tu es vraiment un aigle, toi ?

Onyx, qui lui arrivait aux genoux lorsque le garçon l'avait recueillit, lui arrivait à sa taille.

Krusla, chevauchant son étalon ombrageux, traversa les villages qui le séparaient de Roënster, la capitale des Flammes. Onyx planait autour de lui en le taquinant parfois de ses ailes. La foule était réunie sur la place, devant le palais car c'était le jour du marché.

-Salut Krus ! lança une fillette de six ans.

-Bonjour Seïla ! la salua le garçon. Où est ta maman ?

-Elle s'est trouvé un travail en temps que servante dans le palais ! hurla-t-elle de joie. C'est super ! C'est incroyable.

Krusla sourit, amusé. Que dira la fillette si elle savait qu'il était le deuxième fils du roi ? Mais le deuxième fils était le moins connu par le peuple. La plupart des gens ignoraient même son existence. Son grand frère était un combattant doué, un prodige, et son petit frère, Reyan... n'en parlons pas.

-Halte ! crièrent en chœur les deux gardes postés à l'entrée.

En reconnaissant le prince, ils abaissèrent leurs lances.

-Votre altesse.

-Bonjour ! Père est-il dans son bureau ? demanda celui-ci.

-Oui, répondit le garde. Sa Majesté a une journée de libr...

Il se tut en sentant un coup de coude de la part de son confrère.

-Veuillez patienter ici, rectifia l'autre, en s'enfonça dans le palais.

Il revint quelques instants, et dit :

-Sa Majesté est occupé, votre Altesse.

-Je ne suis pas venu pour cela, déclara Krusla, en comprenant que son père ne voulait pas le recevoir.

Il prit un petit sentier et entra dans la salle du trésor. En tant que fils du roi, il avait le pouvoir d'y accéder librement. Les épées, les lances, les objets ensorcelés ne l'intéressèrent pas.

Après avoir longuement cherché, il se dirigea vers un livre très fin. Il ne contenait que trois pages. Krusla se décida à l'étudier.

<<Oh la la ! s'écria-t-il en lisant le premier paragraphe. Il faut apprendre beaucoup de chose avant d'étudier ce carnet !>>

Sur la page jaunit était écrit qu'il fallait apprendre à faire aspirer l'énergie de la nature afin de la transformer en énergie vitale...

La plupart des livres parlaient de la stocker dans un endroit de son corps, afin de le renforcer, puis de distribuer l'énergie dans d'autres lieux du corps lorsque c'était nécessaire. Mais Krusla avait une idée différente : former un circuit de cette énergie dans son corps, afin d'obtenir une protection harminieuse.

Krusla s'assit en tailleur, et se concentra sur sa respiration. Quelques heures après, il commença à sentir de l'énergie s'infiltrer dans son corps. Mais à peine était-t-elle entrée qu'elle ressortit, et le garçon fut prit d'une quinte de toux.

Il comprit alors ce qui clochait chez lui. Pourquoi son père n'avait pas besoin de lui. S'il ne pouvait pas aspirer l'énergie naturelle, comment pouvait-il utiliser le feu, renforcer son corps... devenir un combattant puissant ?

Son corps ressemblait à une toile trouée, et toute l'énergie se perdait à chaque fois qu'il l'aspirait.

<<Tant pis, songea-t-il. Mais autant faire les choses jusqu'au bout. Je dois apprendre à utiliser une arme, même si je ne pourrais jamais devenir fort. >>

Le garçon avait choisit un livre perdu depuis longtemps. L'unique exemplaire devait être ici, dans la réserve secrète ! Il contenait cent pages. Quatre-vingt-dix-neuf expliquait l'invention de cette méthode, et une seule parlait des techniques utilisées. Sur la page, il n'y était écrit que trois mots :

« Dégainer, attaquer, tuer. »