Chapitre 46

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L'affrontement était vif. Dehors, les deux armées correspondant à deux blocs noirs rectangulaires se mêlèrent, entraînant des milliers d'Estres dans le spectacle le plus resplendissant et sanguinaire du siècle. Une trace de rouge dans l'Histoire. La tension parcourait les échines des combattants car ils savaient très bien qu'un seul faux pas, et leur vie était mise en jeu. Pourtant, ils n'avaient pas le droit d'y penser, pas le droit d'échouer.

Wensraël para un coup avec ses deux bras, gagnant une seconde pour permettre à Krusla de se faufiler derrière. Il murmura une formule, et la lumière envahit son épée, qui commença à supporter l'attaque de Weskovin. Ce dernier ne changea pas d'expression, d'un air aussi calme qu'au début. Mais ses doigts se crispèrent sur son arme et il lança un regard vers les portes secrètes du coin de l'œil. Ses gardes ne venaient pas. Ses yeux notèrent l'expression ferme de Krusla, et comprit que l'extérieur du palais n'était pas aussi paisible qu'il laissait paraitre. Il lui fallait vite en finir... avant que Floralyn ne termine son sort. Il jeta encore une arme de l'ombre furtive en sa direction, parée avec exactitude par Zellan.

« Si je savais... je l'aurai éliminé sans vouloir obtenir son pauvre débris de pouvoir. »

-Bien tenté. Si tu ne détenais pas le cœur de Florys, sans doute t'aurais-je épargné la vie...

-Pff...cracha ce ledit Krusla, ne penses pas que nous ne savons pas ton véritable but : réunir l'Écarlate !

La veille, ils avaient analysé. La personne la plus probable en laquelle Weskovin veut réunir l'Écarlate, devant partager le sang de Melwis et de Zellan et qui était à ses ordres n'était autre qu'Andrew...le demi-frère de Floralyn, qui s'était échappé de Vickeliya.

-Certes, admit le roi de Liore. Mais je n'ai pas besoin de te prendre la vie... Penses-tu vraiment pouvoir gagner ? Tu n'es pas une personne naïve, mon petit Krusla...

Le rouquin se retint de répliquer, et comprit qu'il voulait les déconcentrer. Il jeta un regard vers Floralyn, et vit sa main immanquable trembler. Il voulut lui crier d'arrêter, par l'espoir de la convaincre, mais une autre voix s'en chargea trahissant autant de panique que lui.

- Arrêtes ! Hurla une voix familière, qui en un éclair, apparut dans la chambre transformée en décombres.

« Hélan... », songea Floralyn en revoyant son demi-frère, le petit frère d'Andrew.

Celui qu'elle voulait tant éloigner.

-Je sais pour mon frère, Flo ! Fais ce qu'il faudra... mais arrêtes de...

Il se tut en voyant son sourire interrogateur. Il hésita, et dévia son regard :

-Je ne pourrai jamais rien refuser...

-Hélan ! Hurla Krusla. Tu ne vas pas manquer à ta promesse une seconde fois ! Tu l'aimes ou non ?!

Hélan ne répondit pas, mais se contenta d'esquisser un sourire signifiant qu'ils avaient une différente manière d'aimer.

« Zellan, trouves Melwis. »

« Je veux te revoir vivante à mon retour, Floralyn. », transmit Zellan en filant hors de la salle.

Weskovin fit une feinte, qui lui permit d'éviter à la fois les dards d'Hélan et les attaques de plus en plus rudes des deux autres. Il sourit, car ils savaient qu'il ne leur restait plus beaucoup d'eisthones. Les symboles dorés de Zelriasfer semblaient de plus en plus ternes, et il n'aperçut pas l'épée de Weskovin qui arrivait sur lui à toute vitesse : ce dernier ne l'avait pas visé une seule fois durant l'affrontement, il ne l'avait même pas gratifié d'un regard. Mais un arc de lumière écarlate para ce coup avec force, se propageant dans toute la salle en tranchant les murs tels de la mousse. Les bâtiments s'effondrèrent, mais une cloche de protection du palais leur épargna les débris. Le ciel était à présent visible, toujours aussi bleu, comme s'il était insensible à toutes choses humaines. Le vent se transforma en ne sensation de froideur pour les combattants trempés par la sueur, leur apportant les cris et les fracas argentins des armes : le parfum du sang, de la guerre.

Floralyn se leva du cercle. Ses yeux fermés laissèrent couler des larmes de sang qui fleurirent sur sa robe telles une pluie de fleurs de prunier rouges d'un janvier enneigé volant au vent. Ses mains fines se détachèrent de son visage bien proportionné et rayonnant, puis ensorcelant. De tout son être se dégagea une aura inatteignable. Elle ouvrit les yeux. Les deux yeux. D'un bleu angélique. Tellement pures qu'ils semblaient étranges.

A ce moment là, un hurlement retentit. L'arc de lumière avait trouvé leur cible, et telle une tornade, avait entouré Krusla, qui se tordit de douleur.

Wensraël et Hélan furent propulsés et fracassés contre quelques morceaux de mur aux tapisseries en lambeaux, tandis que Weskovin planta son épée dans le sol pour ralentir sa chute. Mais à observer son essoufflement qu'il ne pouvait plus dissimuler, il n'était pas si difficile de croire que l'Écarlate lui avait causé des dégâts considérables.

-Quel pouvoir...ne put-il s'empêcher d'admirer en humectant ses lèvres légèrement courbées vers le haut.

Mais il n'était pas inquiet, car... le corps de Krusla ne pourra jamais contenir tout ce pouvoir qu'il repousse naturellement, ne voulant pas, dans l'inconscient, perdre Floralyn. Il se tira de sa réflexion en voyant arriver deux petits points, qui s'agrandirent à toute vitesse.

-Melwis... te voilà arriver à l'improviste...

Sachant que toute attaque matérielle était inefficace, il prononça un sort en sortant la couronne de Liore qu'il ne portait pas de l'intérieur de sa veste. Cette-ci se métamorphosa en un filet mordoré qui couvrit les deux esprits. Mais deux personnes parèrent à leur place : Wensraël et Melwis. Ces derniers ne se précipitèrent pas vers Krusla, mais vers Floralyn.

« Ma petite Floralyn... souffla Melwis en posant sa main sur la tête d'une jeune fille qui avait perdu sa puérilité. Tu ne te retiendras pas de pleurer, d'accord ? »

Scarlet Princess Tome 2: TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant