Chapitre XXVIII: Des pas dans les couloirs

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Alexia enroula l'une de ses mèches rousses qu'elle avait laissées pousser et qui frôlaient désormais les épaules.

-J'ai tout entendu, ce n'est pas la peine de m'expliquer, l'avait-elle coupé, alors que Krusla avait voulu parler.

Elle lui prit les mains, et sourit :

-Je vais répondre à la question que tu n'ose pas poser depuis tout à l'heure : je n'en pense rien ! L'attitude de Florys est étrange... mais c'est normal. Ce n'est pas à moi d'en expliquer la cause. Tout ce que je peux faire, c'est te remercier de m'avoir défendue. Tu connais mes sentiments pour toi.

Il hocha la tête, et évita d'aborder ce sujet sensible. Il devinait bien que malgré l'indifférence de la jeune fille, elle devait y accorder de l'importance.

« Tu ne sais pas mentir, Alexia...», Pensa-t-il.

-C'est l'heure. Tu nous attends dans les bois. Si nous n'arrivons pas avant minuit, alors pars. Pars, et rejoins ton père. Nous irons te retrouver, promis ?

-Je... je n'aime pas les promesses... car elles se brisent.

Le garçon la serra dans ses bras.
-Ne pleure pas, ce n'est rien... Promets-moi de ne pas venir nous chercher.

-Krus... fais attention à toi.

Il répondit par un sourire, mit son foulard noir usé et enroula une bande de tissu noir sur les semelles de ses bottes.

-Bien, à tout' !

Alexia le regarda s'éloigner et sourit. Mais quand elle le vit disparaître derrière la porte, un frisson parcourut son corps. Un frisson...

De terreur.

...

Deux silhouettes noires traversèrent le couloir en un éclair. Leurs pas si légers furent parfaitement étouffés par le tapis de velours neuf pour l'occasion de la fête. Elles se séparèrent dans un croisement, et l'une d'entre elles se colla au plafond afin de se dissimuler d'une gouvernante.

Cette dernière tenait un plateau d'argent qu'elle transporta devant les appartements de Floralyn. Sa main trembla, avant de frapper trois coups, puis trois encore, n'entendant aucune réponse.

-Merzya ? Appela la princesse en se couvrant de son tapis de fourrures.

-Votre Altesse.

La servante s'inclina légèrement, tête baissée.

-Je me demande qui ose venir frapper à ma porte, sachant que tous les gardes ont mystérieusement disparus quand mon cher fiancé Weskovin les a postés devant ma porte... Qu'en penses-tu ?

Son interlocutrice esquissa un sourire furtif. Elle connaissait bien les petites manies de la jeune fille depuis tout ce temps.

-Si je puis me permettre, c'est la gouvernante des Grandes Salles.

-Oh, vite ! Ouvre donc à cette honorable dame ! S'écria-t-elle en haussant d'un ton de peur de ne pas être entendue de tous.

La porte s'ouvrit et la gouvernante coiffée d'un chignon aussi maigre que haut entra. Elle tenait de ses deux mains en plateau portant une lettre à feuilles dorées et une robe à brocarts d'argent..

-Votre Altesse, Sa Majesté vous demande à la fête de ce soir. Voici la lettre qu'il vous destine.

-Je n'ai guère envie de lire, ce soir... Pose-la sur la table, et sors.

Scarlet Princess Tome 2: TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant