Scarlet Princess Tome 2: Ténèbres

Chapitre 37: Le compagnon oublié

-As-tu des remords ? Demanda l'homme.

Krusla ferma les yeux.

-Non.

-Ils voulaient seulement se nourrir, et tu les as tués...

-Ils ont volé mon pain. La nourriture est vitale. Voler mon pain est comme voler ma vie. Pour vivre, j'ai aiguisé mon glaive avec. Je n'ai pas de regrets.

L'homme baissa les épaules, découragé :

-Tu es coriace, toi... je vais devoir redoubler de difficulté...

...

Une nuit étoilée. La toison argentée scintillait doucement, et, un garçon et un aigle, assis près de la falaise la contemplaient, rêveurs.

-Cela fait un an, Onyx. Un an que je n'ai pas revu papa. Est-ce que c'est parce qu'il ne m'aime plus ? Je n'ai pas été assez sage ? Marmonnait l'enfant, les prunelles scintillantes tournées vers les astres.

Douloureusement, le rouquin ferma les yeux. Est-ce encore une épreuve sur la tendresse de son père ?

Mais il comprit soudain que ce n'était pas cela. Un vide inquiétant noua alors son ventre. Soudain, il sut pourquoi il ressentait cette sensation affolante. Il... il l'avait oublié !

Depuis quand, déjà... ? De quand datait la dernière fois ?

-Tu as oublié ton ami, Krusla. Le seul qui restait toujours avait toi dans les moments où tu te sentais seul. Te sens-tu coupable ?

Cette fois, la flamme brillante de ses prunelles d'or s'éteignirent. Il baissa la tête et acquiesça doucement.

Ses ténèbres entourèrent doucement son corps, comme pour le protéger de cette peur déroutante. A cet instant, il semblait avoir perdu sa consistance. Il ressemblait à une ombre ; l'ombre de lui-même.

Alors, il hésita.

« Mais pourquoi ai-je peur ? »

Il ne le savait pas.

Son ignorance l'affolait.

...

Dehors.

Zelriasfer se tourna vers la marche où si situait Krusla, inquiet.

« Cette fois, c'est de ma faute. J'avais oublié que les Hommes avaient un cœur... Je crains qu'il n'y ait qu'une personne qui puisse le délivrer à présent... enfin, un aigle... mais le fera-t-il ? »

...

Entouré par des cascades venant de toutes parts, perché sur une des douze pierres aux reflets argentés, une silhouette animale fixait les pierres, robuste, mais donnant l'impression d'avoir traversé années et année.

Soudain, une lumière dorée l'enveloppa. Le majestueux animal mua en un homme aux traits parfaitement tailles.

Si Krusla était là, il aurait reconnu avec stupeur l'Homme qui le questionnait tout à l'heure.

Sur son bras était accroché un aigle plus noir que la nuit, dont les reflets de ses plumes d'acier paraissaient bleutés.

L'Homme ouvrit la bouche, et demanda :

-Es-tu sûr de ton choix, Onyx ? Les hommes sont ingrats par nature. Je ne veux pas que tu souffres de son abandon une seconde fois.

Le rapace de jais sembla secouer la tête, et de son bec sortit des mots humains :